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Bon ou mauvais? Notre bilan du 35e Festival Juste pour rire

Que devons-nous retenir et oublier de cette édition-anniversaire?
Courtoisie Juste pour rire

Maman, c'est (déjà!) fini! Le 35 Festival Juste pour rire a tiré sa révérence dimanche soir après deux semaines d'humour en continu, de rassemblements pour toute la famille, de divertissements éparpillés un peu partout, de plaisirs gastronomiques, de musique enjouée et autres élans créatifs, à l'intérieur comme à l'extérieur. Il y avait souvent foule au Quartier des spectacles entre le 15 et le 30 juillet et, comble du bonheur, le soleil a régulièrement été de la partie.

Que devons-nous retenir et oublier de cette édition-anniversaire? Voici notre bilan de l'événement, en cinq aspects distincts, en plus de quelques données fournies par Juste pour rire. Les plus fidèles et impatients peuvent déjà noter qu'en 2018, le 36 Festival Juste pour rire sera l'hôte de la première du nouveau one man show de Jean-Marc Parent, Utopie, et que deux comédies musicales, Fame et Once, ont déjà été annoncées. Si vous ne connaissez pas l'adresse par cœur pour vous informer, c'est le www.hahaha.com.

Des Galas à repenser

Merci Dieu — ou merci Gilbert Rozon —, nos prières ont été entendues avant même qu'on ait besoin de les écrire. Comme on vous l'annonçait plus tôt aujourd'hui, les Galas Juste pour rire seront repensés d'ici l'été 2018. Des changements seront notamment apportés à la direction artistique et peut-être au format même de ces spectacles aux multiples têtes d'affiche.

On ne peut que s'en réjouir. Car, à la lumière de ce qu'on a vu et entendu à la Salle Wilfrid-Pelletier dans la première semaine du Festival, l'heure était grave pour les Galas Juste pour rire, qui font partie de notre paysage humoristique depuis trop longtemps maintenant pour qu'on accepte de les regarder décliner sans protester.

Des thèmes imposés que les humoristes avaient un mal fou à respecter, des textes souvent faibles, du contenu recyclé d'ailleurs ou de précédents spectacles, peu de numéros se démarquant réellement du lot, pas vraiment de surprises : disons simplement, humblement, que la qualité n'était pas toujours à son maximum, cette année.

La compétition qui arrive désormais de partout – web, festivals à la Zoofest ou Mobilo Aquafest, soirées d'humour diverses, etc. – a fait pâlir l'étoile des Galas Juste pour rire avec le temps, qui ne génèrent plus le même engouement à la télévision non plus. Une évolution tout à fait naturelle, contre laquelle Rozon et ses troupes devront toutefois se battre s'ils souhaitent que leurs rendez-vous annuels demeurent incontournables pour les artistes et le public. Quelques-uns des noms comiques les plus célèbres les désertent déjà – Louis-José Houde, Martin Matte, Lise Dion et même François Bellefeuille cette année, entre autres —, mais il y a encore possibilité, avec une relève talentueuse de la trempe des Korine Côté, Virginie Fortin, Simon Gouache, Gabriel D'Almeida-Freitas et tant d'autres, de donner un nouveau souffle à toute l'affaire.

On n'a qu'à remonter à 2013 pour se souvenir d'un Michel Louvain se trémoussant au son de Gangnam Style ; auparavant, il n'y avait que dans les Galas Juste pour rire qu'on assistait à de tels morceaux d'anthologie et à des apparitions aussi inattendues. Pourquoi a-t-on délaissé ce type d'épices, qui rehaussaient tellement le goût du plat principal? Manque de budget, de ressources, d'idées? Quelques efforts supplémentaires, et on sera heureux d'écrire, l'an prochain, que les Galas Juste pour rire ont su se renouveler. Sinon, à quoi bon?

La grandeur d'André Sauvé et l'OSM

Prenez l'humour intelligent d'André Sauvé et le doigté musical de l'Orchestre symphonique de Montréal, et mélangez avec un public réceptif, hilare et attendri aux bons moments, et vous obtenez cette réunion magique qu'a été André Sauvé avec l'OSM.

Un petit bijou de mariage temporaire qui a bien démontré que l'humour peut voler haut, très haut, et que la musique classique peut s'amalgamer avec bonheur à l'art populaire. Évidemment, la fusion n'aurait pas été possible avec un Jean-François Mercier ou un Peter MacLeod, mais la finesse d'un André Sauvé, dans pareil contexte, était succulente. Notre coup de cœur absolu du Festival Juste pour rire 2017 et un concept qui, on l'espère, fera des petits.

Gens de la Vieille Capitale, soyez aux aguets, André Sauvé remettra ça chez vous avec l'Orchestre symphonique de Québec, à la Salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre, le 24 mars 2018, pour deux représentations, à 14 h 30 et 20 h. Un magnifique cadeau à s'offrir.

Une rue qui grouillait de vie

On se pilait sur les pieds dans l'allée des jeux (boulevard De Maisonneuve), la Place de la Famille était souvent remplie de bouts de choux trépignant et ne voulant rater aucun manège ou activité, on avait peine à trouver des tables vacantes au village Bouffons MTL (où l'abondance de mets proposés donnait presque le tournis), les attractions ambulantes (comme l'homme-canon, le défilé des «grosses têtes d'humoristes», les amuseurs de toutes sortes, etc) ont retenu l'attention, le défilé des jumeaux a attiré à nouveau une meute de participants et de curieux, pour une 20 année d'affilée, l'OSM est sortie prendre l'air pour accompagner les chansons comiques, la nostalgie a opéré grâce à Village People et Kool & the Gang, le volet arts visuels s'est éclaté plus qu'à l'habitude... Que dire de plus, sinon que la rue est drôlement en santé, au Festival Juste pour rire? Couleur, originalité, diversité, abondance : le festivalier qui voulait profiter de la fête sans débourser un sou en avait beaucoup à se mettre sous la dent. On ne peut qu'en réclamer encore et, pourquoi pas, toujours plus!

Footloose n'est pas Mary Poppins

On savait que le lendemain de veille serait ardu, après un triomphe total à la Mary Poppins. On prévoyait même peut-être une puissante gueule de bois. Finalement, les suites de Footloose n'ont pas trop déchanté. Les critiques de la nouvelle comédie musicale de Juste pour rire, encore mise en scène par Serge Postigo, ont été généralement bonnes sans être transcendantes, même si cette histoire de jeunes qui se battent pour gagner le droit de danser (?!) n'a absolument pas le pétillant de celle de la nounou volante.

Par contre, certains tableaux vitaminés de Footloose sont d'un enthousiasme contagieux, même si l'ensemble recèle quelques longueurs. Et rien à dire sur le jeu naturel des interprètes, Éléonore Lagacé et Philippe Touzel en tête. Il faut faire vite si on espère profiter de l'œuvre ; celle-ci tient encore la vedette au Théâtre St-Denis jusqu'au 5 août seulement et ne bénéficiera pas des mêmes innombrables supplémentaires dont a joui Mary Poppins (qui sera d'ailleurs de retour à Montréal du 9 au 30 décembre!)

Dans les prochaines années, Juste pour rire compte mettre toute la gomme rayon comédies musicales. Qui ne risque rien n'a rien, dit-on? On jouera donc le tout pour le tout en présentant non pas une, mais deux pièces du genre par été. En 2018, on s'immergera dans Fame et Once ; en 2019, on applaudira Mamma Mia! et Kinky Boots et, en 2020, on se laissera happer par le charme de La Belle et la Bête (futur succès à la Mary Poppins à anticiper?) et Chorus Line. Les détails relatifs à chacune des productions (lieux, distributions, etc) seront communiqués éventuellement.

Le spectacle à oublier

On ne tient pas à tout prix à en remettre. Mais, de passage à Juste pour rire en direct, le vendredi 21 juillet dernier, JiCi Lauzon a crâné que les trois journalistes qui ont unanimement pourfendu son nouveau one man show, Drôld'r, (dont nous) n'avaient pas compris sa démarche et connaissent plus ou moins l'humour. Soyons bons joueurs et souhaitons-lui bonne chance pour le reste de sa tournée. Ceci dit, on demeure convaincus que Drôld'r reste à oublier et que Juste pour rire a gravement erré en programmant JiCi Lauzon à son offre 2017.

Quelques faits et chiffres de la mouture 2017, selon Juste pour rire

  • Trois millions de visiteurs pour Juste pour rire, Just For Laughs, Zoofest, le Mondial des jeux, OhMyFest! et Bouffons Montréal ;
  • 46 spectacles et Galas ont été tournés pendant le Festival, qui déboucheront sur 150 épisodes pour la télévision, le web ou la baladodiffusion (dont les Galas qui seront présentés à TVA, et 23 épisodes de Juste pour rire en direct, de même que plusieurs rendez-vous anglophones pour Netflix, Comedy Network, CBC, CW, Network Ten, M6, C8, etc);
  • Juste pour rire a récemment signé une entente avec Strut & Fret Production House, une boîte australienne, visant la création d'un circuit international de festivals, et avec l'association Juste pour Agadir, qui permettra une percée au Maroc ;
  • Just For Laughs s'implantera l'an prochain en Afrique du Sud et la deuxième édition du Festival Juste pour rire en Tunisie aura lieu à la fin août ;
  • Juste pour rire ouvrira prochainement, en partenariat avec le Cirque Éloize, le Théâtre le 13 Art, à Paris, à la Place d'Italie. La salle d'un millier de places accueillera entre autres les spectacles Cirkopolis, d'Éloize, Badouri rechargé, de Rachid Badouri, et Magicien pour adultes, de Vincent C.
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