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Un message haineux livré à la mosquée de Québec

Un colis anonyme contenait un coran détérioré et un message haineux.

La police de Québec enquête sur un colis anonyme, contenant un coran détérioré et un message haineux, qui est parvenu à la grande mosquée de Québec vendredi, soit deux jours avant la tenue du référendum sur l'établissement d'un cimetière musulman à Saint-Apollinaire, non loin de là, sur la rive sud du fleuve.

Le Centre culturel islamique de Québec n'a révélé que mardi soir ce nouveau chapitre des tensions entourant l'établissement d'un cimetière musulman dans la région.

On a gardé le silence pour ne pas nuire au processus référendaire de Saint-Apollinaire.Mohamed Labidi, président du Centre culturel islamique de Québec

Livré vendredi par Postes Canada, le colis contenait un coran, dont le nom d'Allah en arabe avait été rayé d'un « X » sur la couverture. Le livre était accompagné d'une note insultante pour la communauté musulmane en faisant référence à des porcs et d'une photo en couleur d'une porcherie. On y voit des porcs patauger dans la boue.

Une photo d'une ferme de cochons a été envoyée dans le colis haineux. Photo : Centre culturel islamique de Québec

« À la réception du colis, on a alerté le service de police, a raconté M. Labidi. Une unité des crimes graves s'est déplacée à la mosquée pour récolter le colis et faire le constat d'infraction. Il y a un processus qui est en cours avec les policiers. »

Il a indiqué que les membres de la mosquée avaient été informés de l'affaire mardi soir, à l'occasion d'une réunion communautaire. « Les gens étaient très inquiets à la réception de cette nouvelle », a-t-il ajouté.

Les enquêteurs des crimes majeurs ont confirmé avoir ouvert une enquête, mais ils n'ont pas commenté publiquement l'affaire vendredi, estimant que le message était destiné à faire réagir à outrance les membres de la communauté musulmane pour influer sur le résultat du référendum.

M. Labidi refuse cependant de croire que la haine exprimée dans cet envoi est répandue dans la population.

On continue à penser que c'est une poignée de personnes qui causent tous ces troubles. Et on a confiance dans le système de justice et dans le gouvernement pour qu'ils prennent les mesures nécessaires pour éradiquer ce fléau.Mohamed Labidi

La cible de menaces

Ce n'est pas la première fois que cette mosquée fait l'objet de menaces. Une tête de porc avait été déposée devant la mosquée de Québec en 2016.

C'est aussi là que, le 29 janvier dernier, Alexandre Bissonnette a fait irruption et ouvert le feu sur des fidèles, faisant six morts et huit blessés.

L'imam québécois bien connu Hassan Guillet juge que le message expédié à la mosquée vendredi est d'autant plus « méprisable » qu'il a été envoyé à une mosquée devenue un symbole depuis la fusillade.

« Ça nous prouve encore une fois que la campagne du non au référendum [de Saint-Apolinaire] c'était une campagne xénophobe, islamophobe, une campagne de peur et de haine », a déploré l'imam Guillet, qui croit néanmoins lui aussi que seule une minorité en a contre les musulmans.

« Il est temps que la majorité silencieuse arrête d'être silencieuse et commence à être de plus en plus articulée », a-t-il ajouté.

Cette mosquée pour nous a une valeur très, très émotionnelle. C'est un symbole. Donc, on vient s'attaquer encore une fois à notre symbole, à notre dignité et à notre droit de vivre en paix. C'est aberrant. Ça prend beaucoup de bassesse.Hassan Guillet, imam de Saint-Rémi, en Montérégie

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