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Catherine Ethier, la chroniqueuse que tous les médias s’arrachent

«C'est ma responsabilité de déranger un peu, de mettre du vinaigre dans les plaies ouvertes.»
Marie-Ève Lévesque

Ses chroniques d'humeur à Gravel le matin ont peut-être contribué à l'annulation d'un événement de Jean Airoldi et au retrait d'un t-shirt vendu à L'Aubainerie. Aucune étude sérieuse n'a – encore – établi l'influence de Catherine Ethier. Mais une chose est sûre, avec ses chroniques dans le Métro, ses vidéos sur le site du Châtelaine, ses interventions à Code F et la popularité de ses humeurs radiophoniques, souvent rattrapées par des centaines de milliers d'internautes, la chroniqueuse fait réagir.

Comment choisissais-tu les sujets de tes chroniques d'humeur à Gravel durant la dernière année?

J'aime aborder des sujets qui me mettent en beau calvaire. Je me lance souvent dans des textes plus funny, mais c'est aussi ma responsabilité de déranger un peu, de mettre du vinaigre dans les plaies ouvertes. Il faut que ça brûle, des fois. C'est comme ça que ça guérit. De façon générale, on me demande d'aborder essentiellement l'actualité. Certaines semaines, il y a 14 sujets qui enflamment les manchettes, mais qui ne me disent rien, qui ne me font pas rire ou qui ne me permettent pas d'imaginer le faciès d'Alain Gravel s'illuminer!

Tu penses spécialement à lui quand tu prépares tes textes?

En fait, quand j'écris, je ne pense pas vraiment aux auditeurs à qui je m'adresse, mais aux gens qui seront dans le studio avec moi. Si eux ne réagissent pas, c'est la catastrophe! J'ai peut-être l'air de la fille qui a démesurément envie de plaire, mais j'adore aller chercher mon interlocuteur. Au fond, Alain et moi, on a bâti une relation sans en avoir une. On n'a jamais eu de discussion chummy-chummy. J'arrive en studio, je m'assois, on est content de se voir, mais c'est tout. Peut-être que dans le fond, on s'haïrait.

As-tu trouvé ton style rapidement ou ce fut un work in progress?

J'ai pas mal toujours eu ce ton-là. On me demande parfois d'où vient mon personnage ou ma façon de parler, mais je ne me suis jamais assise pour étudier la question. Je n'ai pas fait de focus group là-dessus. Ça sort comme ça sort et j'ai beaucoup de plaisir à écrire ainsi. Heureusement, ça rejoint les gens.

Que réponds-tu à ceux que ça chicote d'entendre des chroniques lues à la radio?

Ça me fait rire, quand je lis ça. C'est comme si les gens pensaient que j'avais pogné le TV Hebdo une seconde avant d'entrer en ondes et que je le lisais. À la limite, ce que je fais est 1000 fois plus travaillé qu'une chronique qu'on «improvise» avec une ligne directrice. Quand je dois faire ça, j'ai souvent l'impression que je ne fais pas le tour de ce que je veux dire. Je sais que certaines personnes voient les chroniques lues comme une grande paresse, mais c'est seulement une façon différente d'exprimer la chose. J'ajoute une voix à mon texte.

Sais-tu quelles chroniques ont généré les réactions les plus fortes?

J'ai tendance à ne pas suivre ça, parce que ça m'angoisse beaucoup trop quand les choses fonctionnent ou non. Mais je pense que les chroniques sur le t-shirt de L'Aubainerie et le congrès de Jean Airoldi ont fait réagir. Et celle où je traite de la prétendue mode voulant que les femmes s'insèrent de la poudre de nid de guêpes dans le vagin. Je ne voulais pas avoir l'air de cette personne qui croit s'émanciper en disant le mot vagin. Je trouvais juste que ça n'avait pas de bon sens.

Cet été, à Gravel le matin, tu soulignes les événements et les gens oubliés. Explique-moi ton angle.

J'ai choisi ce sujet, parce que ça me faisait rire de célébrer autre chose que la damnée ville de Montréal. Je voulais fêter les choses un peu insignifiantes ou les gens qu'on ne remarque pas, mais qui méritent une tribune.

Dans Code F, changes -tu ta façon d'aborder les sujets puisque l'émission est diffusée à VRAK?

Non, je garde exactement le même ton qu'ailleurs. Je sais que plusieurs jeunes regardent l'émission avec leurs parents. Et comme je suis la plus vieille des panellistes de l'émission, j'ai l'impression que je parle davantage aux adultes. Mais de toute façon, la pire façon de s'adresser au public d'adolescents, c'est d'essayer de s'adresser à des adolescents. Si tu es authentique, ils vont t'haïr ou t'aimer, mais ils vont te respecter. C'est un public qui fait souvent peur, mais je les trouve bien ouverts. C'est mon public préféré.

L'émission revient-elle l'an prochain?

Oui, on va tourner une quatrième saison, cet automne. Mais on en a déjà vraiment fait beaucoup. Certaines saisons avaient 50 épisodes, alors on a déjà abordé certains sujets de toutes les façons possibles. Et il y a Code G qui est arrivé. Les garçons aussi ont eu besoin de leur petit jouet. Évidemment, c'est beaucoup moins bon. On sent le désir d'imitation.

En plus de Gravel le matin et de Code F, tu chroniques à CIBL, tu écris pour le journal Métro et tu crées des vidéos pour Châtelaine.com. Comment choisis-tu les thématiques pour chaque tribune?

Ma sélection relève souvent du domaine du désespoir. Il y a des semaines où j'ai énormément de choses à produire, mais bien peu à dire. Parfois, la même semaine, je dois produire une chronique pour CIBL, une pour Gravel et un article pour le Métro. Ça fait beaucoup. Ce n'est pas normal d'avoir 40 opinions par semaine. Mais j'essaie d'éplucher les nouvelles. Et je tente de me visualiser en train d'aborder tel sujet à tel endroit. Je fonctionne par instinct.

Tu as été mise au monde médiatiquement grâce à tes chroniques dans Urbania, dès 2013. D'où arrivais-tu?

J'ai étudié en biochimie, car je voulais devenir médecin. Mais mon meilleur ami m'a tirée de là après deux ans. Ce n'était pas pour moi du tout! Ensuite, j'ai étudié en publicité et travaillé dans le domaine comme conceptrice-rédactrice. De fil en aiguille, je faisais de plus en plus de contrats pour le web et la télé. J'ai fini par animer l'émission web jeunesse KWAD9, sur sympatico.ca, entre 2008 et 2012. C'était de si belles années! Puis, j'ai été prise pour être scripteure à l'émission Brassard en direct d'aujourd'hui, mais j'étais la fille qu'on ne rappelait pas pendant six mois. À un moment donné, j'ai eu besoin d'une petite victoire et j'ai proposé à Urbania d'écrire pour eux.

Tu rêves à quoi pour ton futur?

Je suis un peu coucou. J'y vais quasiment une année à la fois. J'adorerais poursuivre mes chroniques à la radio pendant très longtemps. J'aimerais aussi écrire du théâtre et de la fiction à la télé. Cet été, je participe à quelques spectacles au ZooFest (Les Brutes, Social Justice Warrior Show). Je découvre la scène timidement et je voudrais en faire plus. Et il y a quelques années, j'ai signé avec la maison d'édition Stanké pour publier un roman. Tout le monde a un roman en cours, bien moi j'ai un contrat! Mais l'histoire n'est pas tout à fait sortie de mon crâne encore.

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