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«J'ai besoin du théâtre, je le dis à chaque entrevue.»
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André Robitaille fait du théâtre d'été depuis 1984. Cette année-là, dans le Bas-du-Fleuve, il créait des personnages qui allaient le suivre jusque dans l'émission jeunesse Vazimolo.

Depuis, presque chaque année, il se commet sur les planches pendant la belle saison. Que ce soit comme acteur, metteur en scène, auteur ou producteur. Et le théâtre d'été lui a apporté de précieux complices devenus fidèles avec le temps, comme Normand Chouinard et Marcel Leboeuf.

«Je n'ai jamais arrêté. Je touche du bois, j'ai toujours été engagé. Les étés où je n'ai pas joué, c'était mon choix. J'ai besoin du théâtre, je le dis à chaque entrevue.»

Il y a cinq ans, Robitaille élevait sa passion un échelon plus haut en fondant, avec son ami Mario Provencher, les Projets de la Meute, une maison de production qui donne dans le théâtre populaire et la comédie rassembleuse, à déploiement considérable et à qualité éprouvée. Qui lance des pièces de théâtre, d'été d'abord, puis qui se prolongent à longueur d'année en tournée partout au Québec.

Deux décideurs, deux employées et une multitude de pigistes font rouler la boîte chaque année. Et les chiffres parlent d'eux-mêmes : 100 000 billets vendus de La galère, 70 000 billets vendus du Dîner de cons, 65 000 billets vendus de Motel des Brumes, plus d'une centaine de représentations chaque fois. L'entreprise compte aussi à son porte-folio les titres courus de L'emmerdeur, Adieu je reste et Aller-retour, un solo de Martine Francke.

«On est bien entourés, mais on tient ça à bout de bras, à deux, explique André Robitaille. Autant on a de l'ambition, autant on veut que la compagnie reste comme ça, pour pouvoir gérer nos affaires.»

Être partout

Cet été, on remettra ça au Théâtre Hector-Charland de L'Assomption et à la Maison des arts Desjardins de Drummondville, deux des résidences principales des Projets de la Meute, avec Boeing Boeing dans le premier cas et Sylvia, une comédie romantique, dans le second.

Les deux mises en scène signées par André Robitaille lui-même (et Normand Chouinard a réalisé l'adaptation de Sylvia), comptent sur des distributions de renom : Bernard Fortin, Pauline Martin, Martine Francke, Martin Héroux, Lise Martin et Caroline Bouchard se colletaient dans Boeing Boeing, tandis que Marcel Leboeuf, Pierrette Robitaille, Claude Prégent et Sonia Cordeau se renvoient la balle dans Sylvia.

Alors que Boeing Boeing exploite les difficultés d'un tombeur à jongler avec les horaires de ses trois maîtresses, des hôtesses de l'air, l'une Québécoise, l'une Russe et l'autre Française («c'est le show le plus comique que j'ai vu», glisse André Robitaille), Sylvia, un joyau de Broadway – qui n'est toutefois pas une comédie musicale -, est l'histoire d'un couple bon chic bon genre d'Outremont dont la tranquille existence se retrouve secouée par l'introduction d'un chien dans la maisonnée.

La troupe de Sylvia est assurée de partir en tournée une fois le marathon de l'été 2017 terminé, alors que rien n'a été décidé en ce sens pour Boeing Boeing.

«On a une certaine cote d'amour auprès des artistes, acteurs, auteurs et metteurs en scène, observe André Robitaille. Les gens commencent à connaître notre signature. On est exigeants, on a de l'ambition, et on répond à cette ambition avec les moyens qu'on se donne. On monte un standard, sans vouloir paraître prétentieux. Le dîner de cons nous a ouvert au monde un petit peu, a donné une idée des spectacles qu'on voulait faire. La galère marche très fort, continue jusqu'en janvier 2018, les salles sont pleines et les filles sont heureuses, et L'emmerdeur roule encore.»

André Robitaille estime essentielle la dimension de la tournée, car les Projets de la Meute veulent «être partout dans la province».

«C'est de l'ouvrage, du temps, de l'argent, des agendas, de la logistique, c'est difficile, mais on est choyés par la réaction des diffuseurs partout dans la province. Quand ils voient notre logo, ils savent où ils s'en vont avec ce genre de production.»

Relevé et exigeant

Déjà bien affairé en tant qu'acteur et animateur, André Robitaille n'avait pas réellement besoin des Projets de la Meute pour gagner sa pitance et celle de sa famille, il l'affirme ouvertement. Pourquoi alors se lancer dans cette douce folie, en ces temps plus qu'hasardeux pour la culture et les arts de la scène?

«Pour aller au bout de mes idées. Pour avoir le luxe de décider des productions que j'aimerais faire. Je continue d'être acteur pigiste ailleurs, ça ne m'empêchera pas de jouer dans Les fourberies de Scapin au TNM en 2018. Mais, avec Mario, il y a eu un coup de foudre d'affaires, on s'entend bien, on est sur la même longueur d'ondes pour l'administration et le côté artistique. C'est un bonheur de faire ce qu'on veut, comme on le veut. On a la prétention, l'ambition et la tête folle de vouloir un peu brasser le théâtre, dépoussiérer quelques affaires là-dedans.»

«On veut des salles pleines, que les gens trippent, et on veut tripper aussi. On veut qu'artistiquement, ça soit relevé. On est exigeants avec notre gang, on ne botche pas, parce qu'on aime les artistes et le public. C'est comme ça que le public commence à nous connaître, et embarque dans nos productions.»

Justement, qu'est-ce que c'est, du bon théâtre, aux yeux d'André Robitaille?

«C'est exigeant. Ça ne prend pas les artistes et les spectateurs pour des cons. On pousse les artistes ailleurs, peu importe leur nombre d'années de métier, et on profite de leur talent. On vise la performance. On a toujours de la musique originale dans nos projets, même si ça coûte cher. Moi, je vais aux productions, je donne des notes, je ne lâche jamais le morceau. Je veux qu'on garde notre exigence : même si ça fait 10 fois qu'on le joue, il faut que ça soit encore meilleur que la veille.»

André Robitaille a par ailleurs déjà repris les tournages des Enfants de la télé, dont la huitième saison, la quatrième dont il tiendra la barre, sera en ondes à Radio-Canada à l'automne. Le retour d'Entrée principale est en outre confirmé pour une cinquième année, à compter du 11 septembre.

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