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Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques: au-delà de son nom (ENTREVUE)

Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques: au-delà de son nom
Courtoisie Télé-Québec

Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques soutient qu’on lui parle «tout le temps» de son nom. L’humoriste et comédien a d’ailleurs réalisé, depuis que Like-Moi a rendu son visage célèbre, qu’il lui est parfois long et compliqué de signer des autographes, surtout dans les événements où il y a abondance d’admirateurs, et où il doit griffonner des dédicaces à la chaîne.

«La raison de mon nom, c’est une longue histoire, détaille-t-il. Mes parents pensaient que j’allais être une fille. Finalement, ce n’était pas le cas, et ils étaient déçus. Après, ils se sont dit : «Il ne va pas nous enlever tous nos rêves, on va quand même lui imposer un Audrey». C’est un peu ça, à l’origine. Mais Larrue-St-Jacques, ça, c’est une mauvaise blague, c’est sûr!»

«Es-tu encore en thérapie?», lui demande-t-on, dans le même esprit pince-sans-rire que lui.

«Je m’en remets, mais tranquillement. À presque 30 ans, ça commence à émerger…», réplique-t-il du tac au tac.

Vrai ou pas? Larrue-St-Jacques excelle dans la blague absurde, à divers niveaux. Pas pour rien qu’il est aussi à l’aise dans l’univers décalé de Like-Moi et son auteur, Marc Brunet. On aura également un aperçu de son savoir-faire comique cet été, à Zoofest, alors qu’il proposera un spectacle de 60 minutes de matériel original, Hélas, ce n’est qu’un spectacle d’humour, articulé autour de l’axe de la déception, présenté les 14 et 15, et 26 et 27 juillet, au Monument-National.

«En fait, mon humour est tellement pragmatique qu’il en devient absurde. J’aime beaucoup jouer avec l’intellect. Je ne fais pas de gags de «ma blonde et moi…» Je joue sur différents degrés et j’aime beaucoup ça. Dans l’énergie, ce que je fais s’apparente un peu au style de Katherine Levac», signale-t-il, ajoutant qu’il a fréquenté l’École nationale de l’humour en même temps que sa collègue (elle en est sortie en 2013, et lui, en 2014), et que leurs professeurs les comparaient souvent.

Masochiste?

Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques aborde les diverses facettes de ses deux métiers avec une double carte dans son jeu. Le natif de L’Île-Perrot a d’abord complété une formation d’acteur au Conservatoire d’art dramatique de Montréal, d’où il a gradué en 2010. Il a ensuite enseigné le théâtre à Valleyfield et cumulé de multiples engagements dans sa discipline, avant, en 2012, de s’inscrire à l’École nationale de l’humour.

«J’ai fait deux écoles, je suis pas mal le seul à avoir fait ça, résume-t-il. Il fallait être un peu fou, j’imagine! (rires) Il fallait être masochiste…»

Le jeune homme décrit l’irruption du stand up dans son parcours comme le «plus bel accident de [sa] vie».

«C’est arrivé accidentellement, et c’est une chose dans laquelle je mords, dans laquelle je me sens de plus en plus accepté. Et on ne fuit pas les gens qui nous acceptent!»

Fin 2015, Télé-Québec dévoile Like-Moi. La popularité de l’émission à sketchs est instantanée, la notoriété lui tombe dessus comme une tonne de briques, tant et si bien qu’après une seule saison, il a empilé assez de bagage en la matière pour livrer un plaidoyer très juste sur le thème du vedettariat dans les pages d’Urbania.

Il s’attendait, certes, à ce que Like-Moi et ses personnages et situations sans queue ni tête soient remarqués, mais pas nécessairement à ce que les amies de ses tantes dans la soixantaine, ou encore, des enfants en bas âge, l’appellent désormais Jonathan. Il n’aurait jamais pu, non plus, prévoir qu’il serait sollicité sans arrêt dans des événements du type Juste pour ados, où les jeunes crient (littéralement) leur amour à leurs idoles. Il se dit honoré de rejoindre un aussi large auditoire grâce à la comédie déjantée, d’ailleurs assurée d’un retour l’hiver prochain.

«On n’est pas supposés vivre ces choses-là, dans la vie, philosophe Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques. Rien ne nous prépare à ça. C’est difficile d’en profiter, je trouve, parce qu’on est juste subjugués par ça. Et comme on n’est pas formés pour vivre ça, on essaie d’en profiter du mieux qu’on peut. Ce n’est pas habituel, c’est extraordinaire. C’est extraordinaire à vivre, mais aussi extraordinaire à gérer, disons.»

«Enlevante», «stressante», «satisfaisante», «grande fierté», «privilège». Larrue-St-Jacques a beaucoup de mots pour décrire l’expérience Like-Moi qui, dit-il, lui a procuré beaucoup de confiance en lui-même.

«Avant, moi, j’ai vécu beaucoup d’auditions où j’ai été refusé. Les propositions étaient très rares. Quand j’ai obtenu le contrat de Like-Moi, puis avec le succès, la réponse des gens, l’amour, ça m’a juste dit que j’ai une place quelque part. Ça m’a beaucoup encouragé à continuer à écrire, à m’émanciper artistiquement et personnellement.»

Il est conscient de sa bouille candide et un peu juvénile, qui pourrait le cantonner dans un registre de rôles en particulier, mais il s’en amuse plus qu’il ne s’en insurge.

«Je pense qu’avant Like-Moi, les gens ne savaient pas où me mettre. Aujourd’hui, c’est clair : si on cherche un genre de douchebag un peu niais, c’est facile pour moi d’entrer dans cette catégorie. Ce que je ne suis pas du tout, d’ailleurs, je tiens à le préciser (rires) En fait, peut-être que, fondamentalement, je suis un peu douchebag et je trippe Beachclub, sans le savoir. Je l’ai en moi facilement, alors ça ne doit pas être si loin (rires). Sérieusement, je suis juste content que ça m’ait permis de me définir artistiquement et personnellement.»

Le garçon a la sagesse de ne pas entasser d’emblée tous ses œufs dans le même panier. Le jeu dramatique l’intéresse, mais pour l’heure, il aspire davantage à développer sa fibre d’amuseur. Le reste suivra en temps et lieu, estime-t-il.

«En ce moment, je veux davantage m’installer comme quelqu’un de comique, quitte à devenir un genre de Benoît Brière, qui est un acteur, mais capable de «gérer le comique». Si Benoît Brière animait un gala Juste pour rire, personne ne trouverait ça étrange. On accepterait la convention (rires). Ça, ça m’intéresserait. Comme Robin Williams, aussi. À un moment donné, dans sa carrière, il a su jouer sur les deux tableaux. Ultimement, c’est ça, mon rêve. Mais je pense que c’est mieux de se concentrer sur une image, pour l’instant, pour éventuellement en développer d’autres.»

En plus de sa prestation à Zoofest et de la troisième année de Like-Moi, Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques sera cet été du film De père en flic 2, et il est également de l’équipe de Code G, à VRAK. On peut suivre ses activités sur sa page Facebook.

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