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Sophie Pelletier, la force tranquille

Sophie Pelletier, la force tranquille
Facebook Sophie Pelletier

Flamboyante, Sophie Pelletier ne l’était pas sous l’œil des caméras inquisitrices de Star Académie, en 2012. Elle ne l’est pas beaucoup plus cinq ans plus tard, plus mature professionnellement de deux albums de son cru, Le désert, la tempête (2015) et Les météores (2017).

Or, son timbre assumé de jeune trentenaire, qui n’est pas celui d’une gamine, sa pop-électro travaillée et ses aptitudes d’auteure-compositrice, qu’elle développe depuis l’adolescence, lui permettent quand même de se distinguer de la masse.

À preuve, le premier extrait de son album Les météores, «À l’envers», s’est faufilé sans peine sur les ondes radiophoniques. Et Sophie Pelletier, à la tête de sa maison de production et de gérance UniForce Productions, se charge elle-même de tous les aspects de sa carrière, de la création à la commercialisation. Pas mal, pour un discret petit bout de femme qui aurait rapidement pu sombrer dans l’oubli après l’aventure Star Ac, où elle a été finaliste avec son vis-à-vis masculin Jean-Marc Couture.

«Je gère la partie marketing de ma carrière avec mon équipe, et la question est toujours de comment réussir à démarquer Sophie Pelletier, explique la principale intéressée. On me prête souvent des traits de caractère du genre authentique, vraie, «petite brune commune» (rires). Je ne vais pas me changer pour flasher. Il y a des côtés de moi qui n’ont peut-être pas été vus encore. Quand on me donne la chance, je deviens vite le leader. J’aime mener les affaires, je suis une fille de caractère. Mais c’est toujours fait avec sobriété.»

Bienfaisante trentaine

La galvaudée expression «force tranquille» lui sied bien. On l’imagine peut-être timide, mais professionnellement, Sophie Pelletier sait où elle s’en va. Née au sein d’une famille de musiciens, elle apprivoise la guitare à l’âge de 7 ou 8 ans. Déjà, au secondaire, elle écrit textes et mélodies. À l’adolescence, elle suit tout naturellement le circuit des concours, avec un détour par l’inévitable Cégeps en spectacle.

Fin primaire, début secondaire, elle regarde à la télévision une nouvelle émission qui s’appelle Star Académie.

«Ça me fascinait de voir des gens comme moi, tout à coup, avoir des opportunités de chanter avec des grandes stars, se remémore-t-elle. Il y avait aussi le côté académique qui m’intéressait énormément. Là-bas, j’étais comme une vraie éponge, avec toutes ces personnes qui nous conseillaient. Ç’a été un beau tremplin pour me rendre compte que je devais saisir la possibilité qui s’offrait à moi.»

Jusque-là, elle se concentrait sur ses études en éducation spécialisée, et «faisait du chansonnier» dans des bars pour gagner sa vie, mais la musicienne en elle ne s’exprimait que par passion. Est-ce à dire que Sophie Pelletier ne serait peut-être pas à la programmation des FrancoFolies et de tant d’autres événements, cette année, si Star Académie ne s’était pas invitée dans son parcours? Difficile à dire, car Cégeps en spectacle l’avait quand même conduite au Festival en chanson de Petite-Vallée. Comme quoi tous les chemins peuvent mener à Rome. N’empêche, changer de vie n’allait pas de soi pour la native de Rivière-Ouelle, dans le Bas-Saint-Laurent.

«Je ne me voyais vraiment pas venir m’installer à Montréal. Mais finalement, toutes les décisions que j’ai prises par rapport à la musique m’ont ouvert des portes, alors j’ai décidé de sauter dedans et d’emménager en ville pour faire un bout de chemin là-dedans. J’ai appris à m’enraciner, à vivre les émotions. Je suis une fille super sensible, et ce métier est fait de hauts et de bas; j’apprends à vivre avec ça, avec les déceptions, avec tout ce que le métier apporte. J’ai appris à vivre loin de ma famille, et à me créer des objectifs pour le futur. Avec la trentaine qui arrive, on dirait que tout se clarifie, se stabilise», détaille celle qui changeait de décennie en novembre dernier.

Proactive

Son premier opus, Le désert, la tempête, avait des tendances folk, presque country, mais Sophie souhaitait la suite des choses plus pop, et les arrangements électro se sont greffés aux Météores en cours de processus, avec une omniprésence de piano et de percussions dans les différents airs.

Dumas lui a offert un morceau entier, paroles et musique (Changer le cours), Marc Dupré lui a fait cadeau de la mélodie de Tu te demandes et d’autres collaborateurs, dont Fred St-Gelais, Sam Joly, Patrick Bouchard et Gaële (qui a joué un rôle de «grande sœur» pour Sophie) ont prêté main-forte, mais Sophie Pelletier a apposé sa griffe à peu près sur tous les morceaux de Les météores.

Au total, la jeune entrepreneure aura travaillé presque deux ans à l’élaboration de cette nouvelle carte de visite, enregistrée l’automne dernier dans un studio au sous-sol de son réalisateur, Gautier Marinof.

«Mon but, c’était que ça sonne big, s’enflamme Sophie. Que ça soit recherché dans les arrangements, que ça soit tasty, au goût du jour. C’est un mélange de plein d’influences, de plein d’années, avec un côté unique et actuel.»

Sophie Pelletier n’a jamais été fervente d’attendre après les autres. À sa sortie de Star Académie, elle s’est «magasiné» un entourage professionnel, avant de comprendre qu’on n’est jamais si bien servis que par soi-même. Avec une amie, elle a mis sur pied sa boîte UniForce Productions.

«J’ai eu des conseils de gens et d’artistes, quand j’ai commencé dans le métier, suite à mon passage à Star Académie. Je suis allée rencontrer des gens qui travaillent là-dedans. J’ai aussi cherché une équipe, mais je ne trouvais pas celle avec qui ça pouvait fitter, en qui je pouvais avoir confiance. Je vois un peu ce qui se passe autour de moi et je suis très proactive; je pense que c’était la meilleure solution d’avoir les choses en main, d’avoir le pouvoir des décisions artistiques, et de garder le contrôle sur les éditions, sur les bandes maîtresses. C’est ce que les artistes me conseillaient au départ. Plusieurs se sont fait avoir, ont perdu la propriété de leurs chansons. J’ai eu la possibilité de le faire, avec une amie dans le domaine des affaires. On a mis nos forces ensemble. J’ai sauté sur cette occasion.»

«Proactive». Le qualificatif revient souvent dans la bouche de Sophie Pelletier, qui ne met pas tous ses œufs dans le même panier. Elle a mille projets en tête, dont un déjà matérialisé, intitulé Victoire Musique, qui consiste à enseigner l’écriture de chansons comme outil d’expression des émotions dans les écoles et les centres jeunesse. Une façon pour elle d’utiliser ses connaissances acquises en éducation spécialisée et des allier à son goût pour l’art. Elle a aussi commencé à pondre des textes pour d’autres artistes, dont Johanne Lefebvre, remarquée à La Voix 2015.

«Je pense que c’est la voie à suivre pour fonctionner en tant qu’artiste, il faut être un peu des supermen et superwomen. L’avenir est tellement incertain dans l’industrie…», philosophe Sophie Pelletier, qui dit avoir eu la piqûre pour la conception et la mise en branle de ses idées.

Sophie Pelletier est en spectacle ce samedi, 10 juin, à 18h, sur la scène Bell des FrancoFolies de Montréal. Gratuit. Elle offrira par ailleurs des concerts tout l’été et à l’automne. Toutes les dates sont sur son site web.

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