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Commission Chamberland: une écoute digne de Mussolini, s'indigne Michel Arsenault

Commission Chamberland: une écoute digne de Mussolini, s'indigne Michel Arsenault
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Devant la commission d'enquête sur les sources journalistiques, jeudi, l'ancien président de la FTQ, Michel Arsenault, s'est dit révolté lorsqu'il a appris, en 2011, que l'écoute électronique dont il avait été l'objet en 2009 s'était retrouvée entre les mains de journalistes.

"J'étais outré. J'ai trouvé, entre autres, que c'était indigne d'une société de droit. Que la police puisse écouter quelqu'un, je peux comprendre ça; mais, par contre, qu'on remette ça à des journalistes... J'ai fait 44 ans de syndicalisme; je crois à la société de droit. Je trouvais ça fort indigne. C'est des méthodes à la Mussolini ou au KGB. Je n'en croyais pas mes oreilles qu'on ait pu transmettre mes écoutes à la presse", s'est-il exclamé.

Cette écoute a eu lieu dans le cadre de l'enquête policière Diligence, une enquête qui portait sur l'infiltration d'industries légales, comme la construction, par le crime organisé.

M. Arsenault était toutefois déjà au courant, depuis mai 2009, qu'il avait fait l'objet d'écoute, puisqu'un policier l'avait mis au courant.

De plus, M. Arsenault savait qu'il y avait déjà eu une perquisition de la Sûreté du Québec au Fonds de solidarité de la FTQ - dont il présidait le conseil d'administration, à l'époque - au sujet d'un dossier que le fonds avait refusé.

Après que l'écoute dont il avait fait l'objet eut été rendue publique, M. Arsenault s'était plaint à la Sûreté du Québec, en décembre 2011.

Il estimait qu'il s'agissait d'une violation de sa vie privée, puisqu'il n'était accusé de rien. De plus, lui-même s'était fait répondre qu'il ne pouvait avoir accès à sa propre écoute électronique, alors il comprenait mal comment des journalistes avaient pu y avoir accès.

Lettre au ministre

Comme il n'y avait pas eu de suite à sa plainte, le 10 septembre 2013, il a écrit au ministre de la Sécurité publique d'alors, Stéphane Bergeron, lui demandant formellement d'enquêter sur ces fuites dans les médias.

Mais, juste après M. Arsenault, l'ancien directeur général de la SQ, Mario Laprise, est venu dire à la commission que ce n'est pas la lettre de M. Arsenault au ministre Bergeron qui avait déclenché sa seconde enquête... mais lui-même.

M. Laprise avait déjà demandé une enquête, le 5 septembre, soit quelques jours avant la lettre de M. Arsenault au ministre, a-t-il assuré.

Le DG de la SQ était fort préoccupé par une entrevue que venait de faire l'animateur radio Paul Arcand avec M. Arsenault, dans laquelle l'animateur lui avait révélé sur le vif qu'il avait lu une transcription écrite de l'écoute électronique dont il avait fait l'objet.

Cette fois, selon M. Laprise, les fuites dans les médias dépassaient les bornes.

"C'est un délit ça. L'article 193 du Code criminel dit que tu n'as pas le droit d'utiliser, de divulguer des informations qui ont été obtenues par de l'écoute électronique, par des autorisations judiciaires. On était en train d'échapper le bébé, là. Ça va s'arrêter quand?", a lancé l'ancien directeur général de la SQ à la commission.

C'est donc lui, et non le ministre péquiste de la Sécurité publique, qui a commandé l'enquête. Et M. Laprise a demandé à son directeur général adjoint de superviser la seconde enquête à ce sujet, à partir de l'entrevue donnée par M. Arsenault à Paul Arcand.

Selon lui, la lettre de Michel Arsenault au ministre Bergeron n'a pas déclenché l'enquête sur la fuite, mais elle a accéléré sa divulgation publique. C'est à ce moment qu'un communiqué de presse a été publié annonçant cette enquête.

Bourdes

Un troisième témoin, Marcel Lagacé, policier retraité de la SQ, a aussi confirmé qu'une lettre indiquant à Michel Arsenault que sa première plainte n'avait mené à rien avait tout simplement été envoyée à la mauvaise personne et à une adresse inexistante.

La SQ a semble-t-il confondu l'avocat du Fonds de solidarité, Me André Ryan, avec son père Claude, ancien chef du Parti libéral du Québec.

Et le policier Lagacé a aussi indiqué qu'à une autre occasion, lorsque la SQ a voulu placer des microphones dans une salle où un autre ancien président de la FTQ, Henri Massé, devait rencontrer des gens, on avait placé les micros dans la mauvaise salle.

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