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MusiquePlus n'est plus obligée de diffuser des vidéoclips

MusiquePlus n'est plus obligée de diffuser des vidéoclips
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L’ADISQ a sonné l’alarme sur son site web mercredi : en vertu d’une décision rendue par le CRTC dans le cadre des renouvellements de licence des grands groupes de diffusion de langue française et anglaise, MAX et MusiquePlus n’ont désormais plus d’obligations en ce qui a trait à la diffusion et au financement de vidéoclips.

Le Fonds Remstar, fondé en 2015, poursuivait justement l’objectif d’encourager l’essor de la musique en soutenant la production de vidéoclips québécois ou canadiens de langue française, et de vidéoclips d’artistes québécois en langues autres que le français. Mais voilà que le CRTC ne le contraint plus à respecter son mandat.

«Le CRTC justifie le retrait des contributions financières dédiées aux vidéoclips par le fait que MusiquePlus et Max ne bénéficient plus d’un statut prioritaire (forfait de base ou forfait très populaire) dans l’offre des entreprises de distribution. Les contributions financières aux vidéoclips étaient considérées comme une contrepartie raisonnable de cet avantage important : comme l’avantage n’existe plus, les contributions disparaissent donc aussi», explique l’ADISQ dans son annonce.

L’ADISQ proposait plutôt que le financement alloué aux vidéoclips soit maintenu, ou provienne d’un autre fonds couvrant d’autres types de contenus audiovisuels canadiens, comme le Fonds des médias.

Émissions d’intérêt national

L’organisme demandait également qu’une part minimale de la programmation de MusiquePlus soit consacrée à la diffusion d’émissions vouées à la musique. Mais le CRTC a plutôt imposé une obligation de dépenses de programmation dédiée aux «émissions d’intérêt national» (EIN). Ces dépenses pourront être réparties dans l’ensemble des trois services détenus par le Groupe V Média (V, MusiquePlus et MAX). Les «émissions d’intérêt national» incluent, outre les dramatiques et les documentaires, les rendez-vous présentant des prestations musicales, des variétés et des vidéoclips.

Ces dépenses liées aux EIN devront représenter 10 % des revenus annuels de Groupe V Média. Le CRTC a également imposé une obligation en ce sens au Groupe TVA, lui exigeant de verser 15 % de ses revenus annuels aux EIN. Les deux réseaux devront par ailleurs répondre à des engagements de dépenses en émissions canadiennes (DEC), aussi basées sur leurs revenus.

L’ADISQ s’est dite satisfaite de cette dernière mesure établie par le CRTC, même si elle réclamait des investissements basés sur les revenus de 19 % pour TVA et de 15 % pour V.

«Bien que ces obligations puissent difficilement garantir la présence de vidéoclips sur les services MusiquePlus et MAX, l’ADISQ s’est montrée satisfaite de l’imposition, par le CRTC, d’obligations relatives aux EIN aux groupes TVA et V, obligations qui pourraient encourager la diffusion d’émissions présentant des prestations musicales.»

«Ces décisions reflètent la nouvelle politique télévisuelle du CRTC, qui a aboli la protection des genres télévisuels spécialisés en misant plutôt sur les règles du marché», conclut l’ADISQ sur son site.

Dans le cas de MAX, la question du contenu à caractère musical ne se pose plus, puisque l’ancien MusiMax est maintenant dédié à la présentation de séries étrangères.

Réactions de Groupe V Média

Au Groupe V Média, on a affirmé «prendre acte» des décisions du CRTC et réitéré la volonté de s’y conformer.

Toutefois, Dimitri Gourdin, vice-président exécutif, stratégies et communications, a souligné le fait que l’information dévoilée par l’ADISQ mercredi, concernant la diffusion et le financement de vidéoclips, remonte à mars 2015, dans la foulée de l’abolition de la protection des genres des chaînes spécialisées, alors émise par le CRTC.

Le CRTC laissait deux ans d’adaptation aux groupes médiatiques pour faire la transition, et c’est en 2017 que ces nouvelles orientations deviennent effectives, avec le récent renouvellement des licences des entreprises de communication.

«Le vidéoclip ne se consomme plus du tout à la télé, plus personne ne regarde les vidéoclips à la télé, a spécifié Dimitri Gourdin. Ce n’est pas une bombe qui vient d’éclater…»

Le Groupe V affirme que son soutien à l’industrie musicale passera dorénavant par des émissions de variétés ou à caractère musical, et non plus par le vidéoclip à proprement parler.

Concrètement, comment cela se traduira-t-il? Les décideurs se contentent pour l’instant de répondre qu’ils se plieront aux exigences du CRTC.

En ce moment, le CRTC fait aussi beaucoup jaser au Québec en raison d’un nouveau décret assigné à Corus, dont la chaîne Séries+ n’est maintenant plus tenue d’offrir de productions originales en français. Il y a quelques jours, le CRTC a défendu ses décisions, arguant ne pas avoir l’intention de nuire au contenu original francophone au Québec.

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