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Le Musée des beaux-arts de Montréal met la main sur une icône royale

Le Musée des beaux-arts de Montréal met la main sur une icône royale
Ismaël Houdassine

Oublié des annales depuis des lustres, un modèle achevé du célébrissime Portrait de Louis XIV en costume de sacre réapparait au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). L’institution vient d’enrichir sa collection avec un modello peint en 1701 par Hyacinthe Rigaud et redécouvert en 2006 dans un état de conservation exceptionnelle.

La belle prise valait bien une visite. Le MBAM a convié mardi plusieurs médias et experts à venir admirer l’œuvre en miniature représentant dans toute sa splendeur le Roi-Soleil (1638-1715). «On a rarement l’occasion de présenter nos nouvelles acquisitions, mais ce tableau est une merveilleuse découverte faite en mars dernier à la très courue foire d’art européen de Maastricht», a révélé Nathalie Bondil, directrice du MBAM.

La main nue sur le sceptre et la pose étudiée, le portrait exhibant un roi vieillissant (63 ans) parvenu au summum de sa gloire est connu pour être le plus célèbre de l’histoire de l’art, reprise ensuite à chaque occasion pour illustrer l’absolutisme du pouvoir. «Il a été le premier jalon d’une série de portraits sur les monarques, jusqu’au pastiche et à la caricature. C’est véritablement une iconographie essentielle de l’Ancien Régime», a raconté Mme Bondil.

Portrait raffiné

D’une facture réduite, un modello est une esquisse aboutie avant l’exécution de la toile finale. Celui de Hyacinthe Rigaud (1659-1743) est considéré comme exceptionnel à plusieurs niveaux. En plus d’être à l’origine des deux grands portraits de Louis XIV – l’original est aujourd’hui exposé à Versailles et une copie au Louvre –, la qualité de ses détails est jugée remarquable.

«Rigaud fait partie des grands portraitistes de son époque, a expliqué Hilliard T. Goldfarb, conservateur en maîtres anciens. Comme la commande venait du roi en personne, son modello possède un niveau de raffinement qui n’a rien à envier aux grands tableaux. Et puis, sa qualité de conservation est extraordinaire.»

Mais ce qui fait du portrait une œuvre aussi remarquable, c’est la vision de l’artiste sur la figure monarchique, a ajouté Sylvain Cordier, conservateur des arts décoratifs anciens. «Il a su exprimer le sacré du corps du roi à travers le sceptre royal qu’il est le seul à pouvoir manipuler. Il peut même jongler avec s’il le désire. Sa stature est même au-dessus des attributs monarchiques classiques que sont l’instrument du sacre, la couronne et le trône, tous peint dans l’ombre.»

Pour la petite histoire, le modello de Rigaud a été réalisé à Paris en 1701 afin de répondre à une commande du Roi-Soleil qui souhaitait contenter le désir de son petit-fils Philippe V, alors en partance pour le trône d’Espagne. Mais l’œuvre fit une telle impression auprès de la cour française qu’elle ne quitta finalement jamais le territoire.

«Au même moment en 1701, on signait en Nouvelle-France, la Grande paix de Montréal, a rappelé Jacques Des Rochers, conservateur de l’art canadien. Trois siècles plus tard, il est intéressant de voir que le musée possède le portrait d’un monarque qui aura autant contribué au peuplement de cette colonie française en Amérique du Nord en faisant de la Nouvelle-France une province royale.»

Modello du Portrait de Louis XIV en grand costume royal – Hyacinthe Rigaud – Date: 1701 – Huile sur toile, 55 x 45 cm – Musée des beaux-arts de Montréal.

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