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Buffalo, sanctuaire pour réfugiés et demandeurs d'asile (VIDÉO)

Buffalo, sanctuaire pour réfugiés et demandeurs d'asile

Parti de Buffalo, Mohamed Al-Hashemi, un réfugié yéménite et avocat de formation, s'est retrouvé sur le chemin Roxham au Québec afin de réclamer l'asile. Pourquoi Buffalo? Il a raconté son incroyable périple lors d'une conférence de presse cet hiver à Montréal.

Un texte de Catherine Kovacs

Mohamed était en visite aux États-Unis en mars 2015, il s’est retrouvé à Buffalo, dans l’État de New York, chez des amis. Pendant ce temps, la guerre éclate dans son pays, le Yémen, il ne peut y retourner parce que sa vie est en danger. Il pense réclamer le statut de réfugié, mais le processus est très long aux États-Unis. Il décide alors de se tourner vers le Canada.

Mohamed est allé au centre Vive la Casa, un refuge de Buffalo qui accueille les demandeurs d’asile. Après discussions avec le personnel et des gens de son entourage, il comprend que la meilleure façon d’entrer au Canada, c’est par le biais d’un passeur. Il le trouve dans le stationnement de la mosquée qu’il fréquente. Le passeur lui réclame 2000 $ et l’emmène en voiture jusqu’au chemin Roxham, un voyage de sept heures.

« Arrivé à destination, le passeur m’a dit : cours, cours, le Canada c’est là-bas », raconte Mohamed, qui dit avoir eu très peur. « J’ai couru au début et après j’ai marché, j’ai traversé la frontière, il n’y avait personne », précise-t-il.

Mohamed a fait ce choix puisque le personnel du refuge Vive la Casa l’a informé de l’entente sur les tiers pays sûrs entre le Canada et les États-Unis, qui force les réfugiés qui ont d'abord posé le pied chez nos voisins du Sud à y faire leur demande d'asile. Venant des États-Unis, il n’aurait pu réclamer le statut de réfugié au poste frontalier canadien à Fort Erie, qui est pourtant tout juste de l’autre côté de Buffalo.

Buffalo, ville refuge

Si Mohamed Al-Hashemi s’est retrouvé à Buffalo, ce n’est pas un hasard. Cette ville a été désignée ville refuge aux États-Unis, tout comme une vingtaine d’autres, dont Détroit, Pittsburgh et Minneapolis.

Buffalo était autrefois prospère, grâce à l’industrie de l’acier et le canal Erie. Mais avec l’ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent en 1957, le transport maritime a pris une autre route, et Buffalo s'est mise à décliner.

Dans les années 1950, elle comptait près de 600 000 habitants, aujourd’hui sa population n’est que de 261 025 habitants. Elle mise sur les réfugiés pour se renflouer. Plusieurs missions ont pignon sur rue pour les accueillir : Jericho Road et sa filiale Vive la Casa, la mission catholique et la mission juive de la famille.

Mais voilà que le président Donald Trump a décidé de réduire de 110 000 à 50 000 le plafond du nombre de réfugiés qui seront admis en 2017.

Moins de réfugiés, ça veut dire moins de subventions de Washington pour faire vivre ces organismes. De plus, les derniers réfugiés arrivés aux États-Unis sont sur le qui-vive en raison des politiques du président américain sur l’immigration. Le Canada devient alors une destination de choix.

En 2015, il a été facile pour Mohamed Al-Hashemi de trouver un passeur à Buffalo. « On trouve de tout aux États-Unis », précise-t-il.

Le chemin Roxham près de Hemmingford était déjà connu des passeurs à Buffalo il y a deux ans. Tout laisse croire que Mohamed n’a pas été leur seul client. Buffalo est donc devenu un centre névralgique pour des demandeurs d’asile qui veulent passer au Canada.

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