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Des trains de Bombardier passeront dans les territoires palestiniens occupés

Leurs locomotives passeront dans les territoires palestiniens occupés.
Bombardier

QUÉBEC – Un des contrats de Bombardier en Israël pourrait s’avérer « problématique » pour l’image du Québec, alors que le premier ministre Philippe Couillard entame une mission économique au Moyen-Orient.

Bombardier fournit des locomotives double niveau TWINDEXX Vario pour une ligne grande vitesse en Israël qui passera par les territoires palestiniens occupés, d’ici l’année prochaine. Ce projet serait pourtant contraire aux conventions internationales auxquelles le Canada adhère.

Selon le député solidaire Amir Khadir, la visite de M. Couillard en Israël et en Cisjordanie est l’occasion toute indiquée de soulever les questions de droits humains dans la région. Le contrat de Bombardier pour Israel Railways n’en est qu’un exemple, estime-t-il.

« Ça pourrait être un bon levier de dire : "Écoutez, nos entreprises font affaire ici, mais nous avons des soucis quant à la qualité des standards démocratiques et la manière dont Israël traite ses prisonniers politiques palestiniens" », fait valoir M. Khadir, en entrevue téléphonique.

À son avis, Bombardier aurait dû refuser de vendre du matériel qui va rouler sur « des tracés qui empiètent sur le droit international ». « Ce n’est pas compatible avec les standards de droits humains et de droit international, ça ne respecte pas les conventions de Genève, ça ne respecte rien. »

La ligne de train rapide, prévue pour le printemps 2018, reliera Tel-Aviv à Jérusalem. Or, une partie du tracé – environ six kilomètres – traversera la « ligne verte » qui fait état de frontière entre Israël et les états voisins.

La communauté internationale interpellée

Le ministère des Affaires étrangères palestinien a déjà fermement condamné ce projet de « colonisation et de judaïsation » qui « menace de faire exploser » le conflit israélo-palestinien. Il a enjoint la communauté internationale et les Nations unies à se mêler de cette nouvelle ligne de train qui serait problématique, en son sens.

« Disons que c’est problématique du point de vue du Canada, fait remarquer David Cohen, porte-parole des Amis canadiens de La Paix maintenant. Le Canada est d’avis que les colonies sont en contravention des lois internationales, en particulier la convention de Genève. Or, le train passe à travers des localités sur des territoires occupés selon la définition des Nations unies. »

Selon le professeur Dave Thomas, qui a soulevé l’enjeu en premier dans le magazine Briar Patch en mars, les villages de Beit Iksa et de Beik Sourit ont tenté de faire dévier le tracé de la ligne de train, sans succès.

«Les standards d’éthique les plus élevés»

Bombardier Transport se défend en disant que l’entreprise « s’assure de réaliser des vérifications diligentes » avant de s’engager dans un projet et qu’il aspire « à agir en toute circonstance en conformité avec les standards d’éthique les plus élevés ».

L’entreprise rejette d’ailleurs toute responsabilité dans le tracé qui empiète sur les territoires occupés. « Notre rôle est avant tout comme équipementier. Le projet est entre les mains d’Israel Railways », résume Marc-André Lefebvre, chargé des communications de Bombardier Transport.

Cette explication ne convainc pas Amir Khadir, qui accuse les dirigeants de la compagnie de ne penser qu’à leur propre portefeuille.

« Ce sont des gens indignes de recevoir de l’aide publique, peste-t-il. Leur comportement est toujours pareil : ils s’en lavent les mains. Tout ce qui les intéresse, c’est le profit des actionnaires et malheureusement, leur profit personnel. C’est aussi bête et grossier que ça. »

David Cohen, un ancien haut fonctionnaire, dit pour sa part que les autorités palestiniennes vont probablement soulever la question de l’implication de Bombardier dans cette ligne de trains, lors du détour de M. Couillard à Ramallah.

Le bureau du premier ministre n’a pas voulu émettre de commentaires dans ce dossier précis.

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