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Report du projet de loi 113 : une «douche froide» pour les personnes adoptées

Une situation qui s’apparente à de la «maltraitance», selon les principaux intéressés.

QUÉBEC – Des personnes adoptées seront privées de leurs antécédents médicaux pendant encore quelques mois, en raison du report du projet de loi 113 jusqu’à l’automne. Une situation qui s’apparente à de la « maltraitance », voire de la « cruauté mentale » selon les principaux intéressés.

« Je ne me sens pas traitée comme une personne. Je ne sais pas qui je suis, a laissé tomber Diane Poitras, née d’une mère polonaise qui a immigré au Canada. [Ma mere biologique et moi] sommes arrivées ici ensemble, dans un pays supposément démocratique. Je me demande dans quelle démocratie je suis quand je ne peux même pas savoir qui je suis. »

Mme Poitras faisait partie des personnes adoptées de passage au Parlement, à l’invitation de Véronique Hivon, porte-parole du Parti québécois en matière de justice, pour dénoncer les délais supplémentaires du projet de loi sur l’adoption. La législation, qui fait consensus au sein de tous les partis, permettrait aux gens comme elle de connaître l’identité de leurs parents biologiques, même s’ils sont décédés.

« Arrêtez de nous prendre pour des valises puis des innocents. C’est le gouvernement qui a la clé »

— Diane Poitras

Or, le projet de loi 113 serait relégué en arrière-plan en attendant l’adoption du controversé projet de loi 62 sur la neutralité religieuse, selon Radio-Canada. Lors de la période de questions, mercredi, le leader parlementaire Jean-Marc Fournier a dit espérer que le projet de loi 113 soit adopté « dès l’automne » ou « d’ici Noël ».

Carole Binette a reçu un diagnostic de sclérose en plaques à l’âge de 49 ans. Puis, les médecins lui ont découvert une masse suspecte au sein. En tant qu’enfant adoptée, qui n’a pas accès à la fiche de santé de ses parents, elle n’a pas apprécié la réponse de M. Fournier lors de la période de questions.

« Je trouve ça inhumain, parce que plus le temps avance, plus il y a des mères biologiques qui décèdent. Alors, ça veut dire que plus de personnes adoptées sont privées de leurs antécédents médicaux, leur bagage génétique, leurs origines, a-t-elle déclaré, avec des trémolos dans la voix. Surtout quand on a un premier ministre qui est médecin, comment peut-on accepter cela? »

Le gouvernement se défend

Plus tôt en journée, la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, répondait à Mme Hivon qu’il était « odieux » de faire porter le « fardeau du délai » à son gouvernement. « On a déposé le projet de loi no. 113 en octobre dernier justement parce que nous avons à cœur l’intérêt des personnes adoptées au Québec, parce qu’on a à cœur l’importance et la souffrance de ces gens-là. »

« Arrêtez de nous prendre pour des valises puis des innocents, réplique Mme Poitras. C’est le gouvernement qui a la clé. Il y a des personnes de 60, 70, 80 ans et plus qui pleurent [parce qu’ils ignorent leur bagage génétique]. Moi, j’appelle ça de la maltraitance, de la cruauté mentale. »

La présidente du Mouvement Retrouvailles, Caroline Fortin, estime quant à elle que les personnes adoptées ont reçu la nouvelle comme une « douche froide ». « On a des animaux qui ont leur pedigree, on est capables de retracer des animaux qu’on a dans notre assiette. Nous, en tant qu’êtres humains, parce qu’on a une étiquette d’adoptés, plusieurs ne sont pas en mesure d’avoir leur identité », déplore-t-elle.

Il s’agit de la troisième fois qu’un projet de loi sur l’adoption est présenté à l’Assemblée nationale depuis 2010. Mme Hivon propose de scinder le projet de loi pour que la question de l’accès aux antécédents biologiques puisse être adoptée avant la fin de la session, à la mi-juin. Sinon, elle craint que l’enjeu soit une fois de plus relégué aux oubliettes.

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