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Le nez de l'homme rivalise avec celui du chien (surtout quand il est question de vin)

Qui a dit que le nez du chien était meilleur que le nôtre?
The dog breed is a Hungarian Vizsla.
Deborah Pendell via Getty Images
The dog breed is a Hungarian Vizsla.

Les hommes aussi ont du flair! Ils n'ont même rien à envier aux autres mammifères, notamment aux rats ou aux chiens dont l'odorat est si réputé, ont affirmé des scientifiques ce jeudi 11 mai. Ceux-ci expliquent que la soi-disant infériorité des hommes à distinguer une vaste palette d'odeurs n'est qu'un mythe entretenu depuis le XIXe siècle.

"Il y a une croyance culturelle ancienne selon laquelle pour qu'une personne soit rationnelle et raisonnable, elle ne peut pas être dominée dans ses actions par le sens de l'odorat, vu comme purement animal", explique John McGann, professeur adjoint de psychologie à l'Université Rutgers, dans le New Jersey.

Il est le principal auteur de ces travaux basés sur un ensemble d'études, publiés dans la revue américaine Science. En fait, explique ce scientifique, "le bulbe olfactif humain[une zone du cerveau, ndlr] qui transmet des signaux à d'autres zones du cerveau pour aider à identifier les odeurs est plutôt développé et contient un nombre similaire de neurones que chez les autres mammifères".

Un million de millions d'odeurs

"Nous pouvons donc nous mesurer, pour la capacité à détecter et à distinguer les odeurs, aux chiens et aux rats, qui comptent parmi les meilleurs renifleurs du règne animal", affirme-t-il. Selon les chercheurs, les humains pourraient peut-être distinguer un million de millions d'odeurs différentes, soit largement plus que les quelque 10.000 mentionnées dans les manuels de psychologie.

"Nous pouvons détecter et différencier une palette extraordinairement étendue d'odeurs", assure le professeur McGann, selon qui l'odorat humain est plus sensible à certaines odeurs et parfums que celui des rats et des chiens.

Les humains sont capables de détecter des odeurs sur un sentier ou une piste, assure le scientifique, relevant aussi que "nos comportements et états affectifs sont influencés par l'odorat".

Les chiens forts pour l'urine, les hommes pour le vin

Il ajoute que les chiens sont probablement meilleurs pour détecter les différentes odeurs de l'urine, mais que l'odorat humain est sans doute bien supérieur pour sentir la palette des effluves d'un grand vin.

Les auteurs de cette étude estiment que les préjugés sur la capacité de l'odorat humain remontent au neurologue et anthropologue français du XIXe siècle Paul Broca, selon qui l'homme a un appareil olfactif limité.

De ce fait, selon cette théorie, contrairement aux animaux, les hommes dépendent de leur intelligence pour survivre, pas de leur odorat.

Cette assertion avait même influencé l'inventeur de la psychanalyse, Sigmund Freud, selon qui cette déficience olfactive rendait les humains plus vulnérables à des maladies mentales, rappelle le professeur McGann.

Un nez qui reste à explorer

Cette idée de l'infériorité olfactive humaine avait aussi été alimentée au cours des décennies par des études génétiques. Celles-ci ont révélé que les rats et souris possédaient des gènes agissant sur environ mille différents capteurs sensoriels qui sont activés par les odeurs, contre seulement 400 environ chez les humains.

Sauf que le cerveau humain dispose de fonctionnalités plus complexes pour interpréter ce que ces 400 capteurs détectent. De plus, le bulbe olfactif, la zone du cerveau qui s'occupe de traiter ces informations et de les redistribuer aux autres régions cérébrales, est en réalité au moins aussi développée que chez d'autres animaux.

Le chercheur explique que la capacité à sentir un vaste éventail d'odeurs a une grande influence sur le comportement humain en déclenchant des émotions ou en faisant ressurgir des souvenirs, jouant ainsi un rôle important dans le syndrome post-traumatique. Une perte du sens de l'odorat, qui diminue avec l'âge, peut aussi signaler des problèmes de mémoire et de maladies neurologiques comme Alzheimer ou Parkinson, relève l'étude.

Les auteurs invitent donc la communauté scientifique à se pencher un peu plus sur ce sens parfois sous-évalué, pour mieux comprendre son impact, négatif comme positif.

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