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Accusée aux Bahamas: Karine Gagné se confie pour la première fois

Elle a pu revenir au Canada et la vie a repris son cours normal… ou presque.
Shawn Hanna/The Tribune/Radio-Canada

Près de 1500 Canadiens sont actuellement en prison à l'étranger. Il y a à peine quelques semaines, Karine Gagné faisait partie de ce nombre. Elle nous a accordé sa première entrevue au sujet de sa détention aux Bahamas.

Un texte de Marilyn Marceau

Nous avons rencontré la jeune femme de 23 ans dans le bar country de Sainte-Perpétue où elle travaille. Karine Gagné ne souhaitait pas faire l'entrevue chez elle ou chez ses parents, afin de préserver le peu d'intimité qu'il leur reste, après que son histoire eut fait la manchette.

La mère de trois enfants, qui habite à Bécancour, est accusée d’avoir eu une relation sexuelle illégale avec un mineur à bord d’un bateau de croisière qui faisait escale aux Bahamas, au début du mois de janvier. La présumée victime serait un Américain de quinze ans.

Karine Gagné a passé près de trois mois dans une prison de Nassau, la capitale du pays.

Le 15 mars, elle a été libérée sous caution. Elle a pu revenir au Canada et la vie a repris son cours normal… ou presque.

L'accusée a eu du mal à retrouver la quiétude qu'elle espérait tant. « Je voulais revenir et être dans ma famille et voir mes amis sans être achalée », explique-t-elle.

Être séparée de ses enfants

Quand elle a dit au revoir à ses trois filles le 31 décembre 2016, Karine Gagné croyait les retrouver la semaine suivante.

La jeune femme avait gagné un voyage de croisière, grâce à ses bonnes performances dans une entreprise de vente d'objets sexuels. La récompense a toutefois tourné au cauchemar avec son arrestation.

Le pire, pour la jeune femme, a été de ne pas savoir quand elle allait revoir ses enfants. Certaines de ses codétenues étaient en attente d'un procès depuis plus de deux ans.

« Ce qui a été dur mentalement, c'est [de] ne pas pouvoir voir mes enfants, ne pas pouvoir les appeler autant que je le voudrais ou de les appeler et que ça coupe... et d'avoir manqué leurs anniversaires », raconte-t-elle en retenant un sanglot.

Ses filles sont maintenant âgées de 3 ans, 5 ans et 6 ans. Deux d'entre elles ont eu leur fête pendant qu'elle était en détention.

La vie en prison aux Bahamas

Karine Gagné se fait avare de commentaires quand vient le temps de parler de ses conditions de détention à la prison Her Majesty, à Nassau. Elle ne veut pas nuire à sa cause aux Bahamas.

La barrière de la langue a été un grand obstacle pour elle. Tout se passe en anglais dans ce pays des Caraïbes. Elle n'arrivait pas à se faire comprendre. Faire ajouter son père à la liste des gens à qui elle pouvait téléphoner a été, par exemple, très laborieux.

L'accusée cohabitait jour et nuit dans un dortoir avec une quinzaine de prisonnières. Elle avait le droit de sortir dans la cour quatre heures par semaine.

La jeune femme affirme que parfois, l'ambiance était tendue, mais qu'il y avait aussi de la solidarité. Une Australienne avec qui elle était incarcérée l'a d'ailleurs beaucoup aidée, notamment en lui prêtant de l'argent pour qu'elle puisse faire des appels.

Karine Gagné a reçu la visite de représentants du gouvernement canadien pendant qu'elle était en prison aux Bahamas. Ils venaient s'assurer qu'elle ne soit pas maltraitée, ce qui n'était pas le cas.

Retourner à Nassau avec un aller simple

La jeune accusée s'apprête à acheter un billet aller simple pour les Bahamas. Elle doit y retourner pour subir son procès prévu au début du mois de juin. Karine Gagné a plaidé non coupable à l'accusation de relation sexuelle illégale.

« Ce qui fait peur, c'est partir, comme j'ai débarqué du bateau, et ne pas savoir ce qui va se passer. Et je sais que je vais retourner dans la même roue de, je ne sais pas quand je vais revenir, je ne sais pas quand je vais pouvoir resserrer mes petites filles. »

«Des fois, je leur dis : " maman va repartir, mais maman va revenir, je ne sais pas quand, ça se peut que ça prenne des semaines, des mois... "» - Karine Gagné, accusée

L'accusation pourrait être retirée avant que le procès n'aille de l'avant. Il se pourrait, par exemple, que la présumée victime refuse d'aller témoigner ou que la Couronne juge que la preuve est insuffisante.

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