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La personne la plus recherchée sur Internet en Inde est... Canadienne

La mégastar est une ancienne actrice porno.

Vous ne la connaissez sans doute pas. Et pourtant, Sunny Leone a plus d'abonnés sur les réseaux sociaux que Céline Dion et Justin Trudeau réunis. Née à Sarnia, en Ontario, elle est une mégastar qui a réussi l'exploit d'être acceptée par le public indien, malgré son passé d'actrice porno.

Un texte de Thomas Gerbet, correspondant en Inde

Il m'aura fallu un mois et demi de persévérance et une douzaine de relances pour obtenir une entrevue avec Sunny Leone. En Inde, cette femme de 36 ans fait partie des superstars de Bollywood, ces vedettes déifiées capables de provoquer des mouvements de foule par leur simple présence.

« Ça fait très longtemps que je ne marche plus dans la rue », raconte-t-elle. « Le seul lieu public où je n'ai pas le choix d'être, c'est à l'aéroport et à chaque fois, c'est de la folie. »

Sunny Leone, de son vrai nom Karenjit Kaur Vohra, partage aujourd'hui sa vie entre Mumbai et Los Angeles. « Quand je suis à L.A., c'est un monde complètement différent : personne ne me reconnaît, personne ne s'intéresse à moi. Ce silence me fait du bien. »

La vedette domine les recherches Google, YouTube et Yahoo depuis cinq années consécutives en Inde.

Du porno aux films grand public

Sunny Leone a réussi quelque chose de quasi impossible, même à Hollywood, et encore plus dans un pays puritain comme l'Inde : passer de l'industrie des films pour adultes à celle du cinéma familial. Aujourd'hui, elle reçoit une offre de film tous les jours. Mais sa vie n'a pas toujours été aussi facile. Voici son histoire.

Sunny Leone en dates

  • 1981 : Naissance à Sarnia, en Ontario
  • 1995 : Déménage avec sa famille en Californie
  • 2001 : Couverture de Penthouse et début de sa carrière dans l'industrie du sexe
  • 2008 : Arrête le tourner des films pornographiques
  • 2011 : Accepte une invitation pour participer au Big Brother indien, suivi par 50 millions de téléspectateurs
  • 2014 : Premier succès populaire à Bollywood après quelques flops

Une vedette porno chez les sikhs

Prononcer le nom de Sunny Leone est encore tabou au sein de la communauté indienne pendjabi de Sarnia. « Je suis revenue une fois là-bas et ça n'a pas été facile. Ils n'ont toujours pas accepté qui je suis et ce que j'ai fait de ma vie », raconte l'actrice. À l'époque où la famille Kaur vit en Ontario, les parents, très conservateurs, fréquentent le temple sikh tous les jours.

Quand Karenjit pose nue pour la première fois, elle doit se trouver un surnom. Celui qui lui vient à l'esprit, c'est « Sunny », le même que ses parents donnent à son petit frère. Quand le magazine sort dans les kiosques, la femme de 19 ans achète tous les exemplaires autour de la maison. Mais le secret ne tiendra pas longtemps.

Avec Internet, la nouvelle qu'une jeune fille sikhe joue dans des films pornos fait rapidement le tour de la communauté. Les parents sont rejetés par leurs amis et leurs proches au Canada. Elle reçoit des menaces de mort. Sa mère alcoolique replonge. Son père, atteint d'un cancer, meurt quelques années plus tard. Sunny Leone garde aujourd'hui le douloureux sentiment d'avoir indirectement tué ses parents.

« C'est toujours difficile [de repenser à cette époque], mais ces gens ne sont ni mes amis ni ma famille. Je sais où sont les personnes importantes ». Sunny Leone n'a jamais renié son passé et l'assume, c'est aussi pour ça qu'elle a gagné le respect des Indiens.

La Canadienne qui bouscule l'Inde

Quand une Nord-américaine, ex-star de l'industrie pornographique, débarque dans l'émission de téléréalité Bigg Boss, en 2011, c'est un véritable choc culturel pour les Indiens. Sunny Leone devient le sujet de discussion de millions de familles, un sujet plutôt délicat.

Certains médias l'accusent de favoriser le viol avec ses vidéos. La jeune femme tente de passer au travers de la tempête et de se reconstruire une carrière. « Je savais que doucement, mais sûrement les gens allaient m'accepter. Est-ce que tout le monde est gentil avec moi aujourd'hui? Absolument pas. Mais je sais que je ne dois pas le prendre personnel, sinon ça fait longtemps que je serais retournée en Amérique. »

Sunny Leone ne parlait même pas la langue hindi en arrivant en Inde. Elle est aujourd'hui parfaitement bilingue et garde un petit accent américain qui séduit les Indiens. De moins en moins d'acteurs de Bollywood sont réticents à travailler avec elle.

Aujourd'hui, Sunny Leone continue de bousculer la société indienne. Une publicité vidéo osée pour faire la promotion des condoms a fait scandale récemment dans certains milieux conservateurs. « L'Inde est une démocratie, ils peuvent dire ce qu'ils veulent », répond l'actrice, qui demeure convaincue de la nécessité de promouvoir ce moyen de contraception en Inde.

Sunny Leone a rapidement compris toute l'hypocrisie de l'Inde quand il s'agit de sexe. En 2015, le gouvernement a même tenté d'interdire les sites web pornographiques, mais au bout de deux jours, il a plié sous la pression des internautes. Les Indiens sont parmi les plus importants consommateurs de pornographie au monde. La vente d'objets sexuels est aussi interdite, mais sur Internet, il s'en vend en quantité. Un des sites de vente les plus populaires est d'ailleurs la propriété de Sunny Leone, elle-même.

Une riche femme d'affaires

Sunny Leone ne joue pas dans des films d'auteur et se fait surtout remarquer pour ses prestations dansées et chantées (en synchro) dans des films grand public. Mais elle est tellement populaire que son activité n'a plus besoin de se limiter au cinéma. Elle prête son nom et son visage à quantité de produits, bijoux et cosmétiques. Il y a même des émojis à son image.

Lorsque je la compare à Kim Kardashian, elle ne le prend pas mal du tout. « J'adore son modèle d'affaires et je l'admire comme femme, c'est une inspiration. »

Au Canada en novembre

En novembre, elle compte visiter le Canada, après plusieurs années d'absence. « J'ai encore quelques amis de la famille dans la région de Toronto. » Quels sont les meilleurs souvenirs de la petite Karenjit au Canada? « La poutine et les chips au ketchup ».

Oussama ben Laden regardait-il des cassettes vidéo de Sunny Leone?

La rumeur fait partie de la légende de l'actrice en Inde. Le chef terroriste aurait été en train de regarder une vidéo porno de l'actrice lorsque le commando américain a débarqué chez lui pour le tuer, en 2011. Au-delà de la croyance populaire, qu'en est-il vraiment? Des sources officielles américaines, citées par l'agence de presse Reuters ont fait état de cassettes vidéo de pornographie retrouvées dans la maison où se cachait Ben Laden, au Pakistan. Le nom des vedettes de ces films n'a toutefois jamais été dévoilé et on ne sait pas non plus si ces cassettes appartenaient au chef terroriste ou à un autre occupant de la demeure.

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(FILES) This file photo taken on March 1

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