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École nationale de l'humour: une cuvée 2017 particulièrement relevée

École nationale de l'humour: une cuvée 2017 particulièrement relevée
Alex Tran / alextranphotography.com

Ils s’appellent Léa Stréliski, Madeleine Pilote-Côté, Sam Boisvert, Antoine Durocher, Dhanaé Audet-Beaulieu, Mathieu Dufour, Daphné Létourneau, Pierre-Yves Roy-Desmarais ou Brian Piton : retenez ces noms. Vous craignez de manquer de mémoire? Qu’importe. Vous les reverrez rapidement, c’est une évidence.

Ces jeunes visages, pour la plupart encore inconnus du grand public, achèvent ces jours-ci leur formation à l’École nationale de l’humour (ENH) avec la tournée qui leur permet de se faire entendre dans différentes régions de la province, et qui fait en quelque sorte office de graduation. Au printemps, vers la mi-mai, c’est toujours le Club Soda qui les accueille pour leur rentrée montréalaise officielle. L’aventure sur la route est commencée pour les 14 membres du groupe depuis la fin mars, mais elle s’étendra encore jusqu’à l’été avec, notamment, des prestations à Brossard (3 juin), au Festival ComédiHa! de Québec, à Zoofest à Montréal et au Festival d’humour de l’Abitibi-Témiscamingue.

Le spectacle des finissants de l’ENH est non seulement une tradition importante pour ces talents en train d’éclore, mais est aussi toujours très populaire auprès des producteurs et décideurs des milieux de l’humour et de la télévision. Normal : toutes les vedettes de demain s’y révèlent. En 2013, on y avait entre autres remarqué Katherine Levac, Jay Du Temple, Mehdi Bousaidan et Sam Breton. Tous ont aujourd’hui déjà dépassé le stade des «étoiles montantes» et mènent désormais des carrières bien établies.

C’est donc le rendez-vous par excellence des gens de l’industrie, qui souhaitent dénicher les prochaines coqueluches comiques et les prendre sous leur aile. Et les numéros de stand up de cinq ou six minutes de ces artistes tout juste diplômés sont parfois fort convaincants.

Divers univers

C’a été le cas jeudi, alors que la cohorte à l’honneur était dans une forme splendide. Sous le thème «Le 11 art», les élèves ont tous démontré un aplomb indéniable et une brillante aptitude à capter l’attention de la foule. Textes percutants, gags bien placés, mise en scène un peu longue mais plutôt égale signée Stéphane Mayer et Christian Vanasse : la soirée a été fertile en jolies découvertes, et aucun des humoristes n’a été décevant. Il faut le mentionner, car un tel niveau de qualité est rarement atteint dans ce type d’événement consacré à la relève.

N’empêche, on retiendra quand même quelques coups de cœur. Hyperactive sur les réseaux sociaux, où ses observations atteignent toujours la cible, Léa Stréliski a fait un malheur avec sa tirade sur la maternité, elle qui a entre autres enfanté «un terroriste de 2 ans» qui, rendant justice à son terrible two, peut lui réclamer une toast au beurre de peanuts, sans le pain. Décriant le fait que sa progéniture a «toujours envie de chier pendant le souper» elle s’est exclamée : «C’était mon rêve, manger mon souper en torchant celui de la veille!» Elle y est également allée d’un conseil en vue de la fête des Mères. «N’oubliez pas que ce que veut maman, ce n’est pas des tulipes, c’est qu’on lui crisse patience!» Léa Stréliski a de surcroît été tordante en se moquant des gens coincés dans le trafic.

La pince-sans-rire, très sûre d’elle et caustique Madeleine Pilote-Côté a débité ses grandes vérités en tant «qu’humoriste du quotidien», s’est-elle autoproclamée, en parlant à la troisième personne «pour être plus pédagogique». «Je suis comme une crème pour le psoriasis ; je règle pas toutte, mais j’apaise», a-t-elle déclaré. Le public a réagi avec beaucoup d’enthousiasme à ses conseils du genre «vivre le moment présent», «voir du beau dans le laid» («comme des couilles», a-t-elle cité en exemple), et «fais-toi confiance». Vous souhaitez vous réorienter? N’allez surtout pas consulter un conseiller en orientation, foi de Madeleine Pilote-Côté. «Un conseiller d’orientation connaît tous les métiers du monde, et il a choisi d’être conseiller d’orientation…», a-t-elle plaidé, sur le ton de l’évidence. Bref, elle a été excellente.

Sam Boisvert et ses tranches de vie de célibataire qui regarde La voix, le très absurde Antoine Durocher et son apologie de la soupe, des potages et des soupes-repas (désopilant), Dominique de Maupeou et sa maman lesbienne, Dhanaé Audet-Beaulieu et son parallèle entre les fusillades etMémoires vives se résumant à «On vit dans un monde de fous», Daphné Létourneau et les 20 ans de différence qui la séparent de son amoureux et les anecdotes de parents séparés de Pierre-Yves Roy-Desmarais ont tous été très efficaces.

Faisant métier de sous-titrer des films pornographiques, Brian Mentis avait la matière première idéale sous la main (sans mauvais jeu de mots) pour concocter un segment hilarant ; ce n’était pas à crouler de rire, mais le garçon était drôlement à l’aise. Il ne lui manque qu’une mince étincelle pour réellement faire lever son matériel, mais il y est presque.

Le récit d’une livraison de pizza sur ton délicieusement monotone de Brian Piton a aussi causé un tabac en fin de parcours, tout comme le gesticulant personnage de coach Pee-Wee mal engueulé de Mathieu Dufour.

La tournée des finissants de l’ENH réunit les étudiants sortants du programme de création humoristique, lequel dure deux ans et enseigne aux futures têtes d’affiche les rudiments de la scène et tout ce qui l’entoure. L’institution dirigée par Louise Richer – et qui célébrera ses 30 ans l’an prochain - offre aussi un volet écriture humoristique, qui s’étale sur un an, ainsi qu’un autre de scénarisation en comédie télévisée, de 90 heures sur trois mois, constitué d’enseignements théoriques, de mentorat et de classes de maîtres, s’adressant aux professionnels déjà en exercice. L’école est d’ailleurs présentement en recrutement pour remplir ces ateliers de perfectionnement au prochain semestre.

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