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Jusqu'à 300 injections par jour dans les centres supervisés de Montréal

Les centres d'injection supervisée de Montréal promettent d'être achalandés
Radio-Canada/CBC/Elizabeth Chiu

Les centres d'injection supervisée vont bientôt ouvrir dans la métropole. Les travaux d'aménagement des locaux qui accueilleront les toxicomanes sont presque terminés; les infirmières et les intervenants communautaires sont prêts; il ne manque que le feu vert de Santé Canada.

La Direction de la santé publique de Montréal estime qu'il pourrait y avoir de 200 à 300 injections par jour dans l'ensemble des centres qui desserviront la métropole. Selon les différents scénarios étudiés par les autorités, c'est celui de l'organisme Cactus qui aura la plus forte affluence. On pourrait y compter quotidiennement de 140 à 215 visites.

Estimation du nombre d'injections dans les centres

  • Cactus : de 140 à 215 injections
  • Spectre de rue : de 43 à 65 injections
  • Dopamine : de 12 à 18 injections

La Direction de la santé publique de Montréal n'a pas fait d'évaluation pour le nouveau centre mobile de l'organisme l'Anonyme. Mais selon nos informations, il pourrait y avoir de 10 à 20 injections par jour.

Les travaux

Les travaux d'aménagement des locaux des organismes Cactus et Dopamine sont presque terminés. Ceux de l'organisme Spectre de rue sont sur le point de commencer, mais ils devraient être terminés l'automne prochain. Le véhicule de l'organisme l'Anonyme est également prêt à prendre la route et à sillonner le centre-ville.

« On a la prétention de contribuer à sauver des vies. Ça n'a pas de bon sens de laisser des personnes mourir dans la rue; c'est inacceptable. »

Julien Montreuil, directeur adjoint de l'Anonyme.

Au total, 16 infirmiers et infirmières travailleront dans les différents centres, qui seront les premiers du genre au Québec et dans l'est du Canada. Des intervenants communautaires vont aussi se greffer au personnel infirmier.

« On est les premiers au Québec à faire ça, donc c'est très motivant. On a hâte de commencer. [Mais] c'est sûr que l'inconnu fait toujours un peu peur. »

Caroline Boilard, infirmière

Après trois semaines de formation, les membres du personnel infirmier disent se sentir prêts à intervenir auprès des toxicomanes. Certains d'entre eux, comme Jamal St-Pierre, appréhendent cependant déjà le moment où ils seront confrontés à un cas de surdose. « On anticipe un peu la première overdose, mais on est quand même préparés. C'est sûr qu'il y a une portion d'adrénaline qui va embarquer sur le coup. », dit-il. « On a quand même eu beaucoup de formation pour se préparer à ça - autant de la formation théorique que des simulations », ajoute l'infirmière Caroline Boilard.

Des utilisateurs difficiles à rejoindre autrement

Avec ces centres d'injection supervisée (semblables à ceux déjà existants à Vancouver), le gouvernement du Québec souhaite réduire le nombre de surdoses mortelles et rejoindre les utilisateurs de drogues injectables.

« C'est des gens qui sont difficiles à rejoindre par le réseau de la santé, mais pour qui il y a des besoins de santé importants. »

Laurie Mercure, chef de programme pour les centres d'injection supervisée.

Les toxicomanes qui voudront utiliser les services des centres d'injection devront s'inscrire lors de leur première visite. Laurie Mercure rappelle cependant que les futurs usagers n'ont rien à craindre, puisque leur anonymat sera protégé. « Lors de l'inscription, ils donnent leur vrai nom, mais par la suite, on va les appeler avec un pseudonyme. Et les informations qu'on y retrouve, de ce qui va se faire dans le site d'injection supervisée, ne se retrouvent pas dans le dossier médical des différents centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux. Donc, les gens qui viennent vont pouvoir consommer en toute confidentialité », explique-t-elle.

Si les toxicomanes pourront s'injecter leur propre drogue sans craindre d'être arrêtés, les policiers seront très présents près des centres. « On n'a pas d'appréhension sur la venue des sites d'injection, mais on va avoir une vigie sur la criminalité. [...] Il n'y aura aucune zone de tolérance à l'extérieur, que ce soit pour une incivilité, pour un trafiquant de drogue qui voudrait se mettre aux abords [...] il va y avoir des interventions policières qui vont se faire. », dit le commandant Simon Durocher, du poste de quartier 22.

Les centres seront ouverts 22 heures sur 24, 365 jours par année. C'est le site mobile de l'Anonyme qui va assurer le service pendant la nuit.

On compterait près de 4000 utilisateurs de drogues injectables à Montréal. Chaque année, 70 d'entre eux meurent d'une surdose.

Le gouvernement du Québec attend maintenant l'approbation de Santé Canada, qui doit vérifier la conformité des installations, pour que les centres puissent ouvrir leurs portes.

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