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Les CPE ont permis de faire reculer la pauvreté au Québec

Les CPE aident à combattre la pauvreté
Radio-Canada

Le réseau de garde a 20 ans. En instaurant la Politique familiale du Québec, en 1997, le gouvernement de Lucien Bouchard visait deux objectifs : l'égalité des chances pour les petits Québécois et permettre aux femmes d'accéder au marché du travail pour faire reculer la pauvreté. C'est mission accomplie pour ce qui est du deuxième objectif.

Un texte de Maxime Bertrand

Selon des économistes, entre 1997 et 2017, le nombre de familles monoparentales recevant l'aide sociale a chuté de 64 %, passant de 99 000 à 36 000, et le taux de pauvreté a fléchi et se situe à environ 23 %. De telles baisses sont en grande partie attribuables à l’instauration de services de garde abordables.

Une meilleure conciliation travail-famille : c’était l'un des objectifs de Pauline Marois lorsque, comme ministre de l'Éducation, elle dévoilait la nouvelle politique familiale du Québec.

« Pour nous, c'était une énorme politique d'égalité des chances, de lutte contre la pauvreté. En offrant des services de garde à un prix réduit, on a permis à plusieurs familles et à plusieurs femmes chefs de famille monoparentales d’accéder au marché du travail parce que le revenu qu'elles en retiraient était quand même suffisant pour couvrir les frais, étant donné que les frais de garde étaient très bas », se souvient-elle.

Le président de la Commission sur l’éducation, André Lebon, partage cet avis. « S'il y a un succès là, c'est celui d'avoir permis aux femmes de retourner sur le marché du travail, il y a 75 000 d'entre elles qui l'ont fait, c'est ce qui fait que c'est un succès financier. »

Plus de femmes dans le marché du travail

Le succès des garderies subventionnées, dont les CPE, joyaux de la politique familiale, a été fulgurant.

Le taux de fréquentation des enfants d'âge préscolaire a triplé en 10 ans. Déjà en 2011, elles accueillaient 215 000 enfants. De nos jours, 232 000 enfants les fréquentent. En même temps, le pourcentage de femmes de 20 à 44 ans qui ont intégré le marché du travail est passé de 76 % en 1997 à 85 % en 2016. Dans les autres provinces canadiennes, la progression a été nettement moins marquée, de 78 % à 80 %.

C’est le cas de Cathy-Soleil Cyr-Racine, mère de deux enfants. « Depuis que mes enfants sont entrés en CPE, j'ai occupé des postes que j'adore dans mon domaine et probablement que je ne pensais pas occuper », explique-t-elle.

Catherine Jauzion, quant à elle, était mère célibataire et étudiante lorsque les services de garde abordables ont été instaurés. « C'est sûr que le parcours que j'ai eu qui m'a menée même aux études jusqu'au doctorat, je n'aurais jamais pu faire ça sans du soutien d'un service de garde de qualité là », estime-t-elle.

Plus de travailleuses, mais une facture à la hausse

« C'est unanime que le système de garde du Québec a entraîné une très forte augmentation du taux d'activité féminin au Québec. C’est un résultat important et c’est aussi important sur le plan financier, parce qu'avec plus de femmes au travail, évidemment, il y a plus d'impôts sur le revenu, à la consommation, etc., qui sont payés. Et donc, il y a une espèce d'autofinancement du système qui en découle », avance Pierre Fortin, économiste et professeur émérite au Département des sciences économiques de l’Université du Québec à Montréal.

Une affirmation que réfutent les détracteurs du réseau québécois.

C’est le cas de Ben Eisen, le directeur provincial de l'Institut Fraser, qui critique l'explosion des coûts engendrés par les services de garde. Le montant consacré par le gouvernement au réseau de garde subventionné est passé de 221 millions en 1997 à 2,5 milliards de dollars cette année.

N'empêche que le système québécois suscite l'envie un peu partout, notamment en Colombie-Britannique, où certains organismes veulent instaurer des garderies à 10 $. Récemment, un Conseil consultatif du gouvernement fédéral y voyait une piste à examiner pour l'instauration d'un éventuel programme national de garde d'enfants.

Un projet que caressent des politiciens depuis plusieurs années, mais qui tarde à se concrétiser.

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