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Difficile, l'accès aux soins médicaux pour traiter l'obésité au Canada

Le temps venu de reconnaître l'obésité comme maladie chronique?
HANGZHOU, CHINA - SEPTEMBER 02: (CHINA OUT) A 200 kg man decides to do weight loss surgery on September 2, 2014 in Hangzhou, China. A 180-cm-tall 200-kg-weigh man with a waistline of over 155 cm has decided to do weight loss surgery due to a fat colleague died of obstructive sleep apnea syndrome caused by obesity. (Photo by ChinaFotoPress/ChinaFotoPress via Getty Images)
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HANGZHOU, CHINA - SEPTEMBER 02: (CHINA OUT) A 200 kg man decides to do weight loss surgery on September 2, 2014 in Hangzhou, China. A 180-cm-tall 200-kg-weigh man with a waistline of over 155 cm has decided to do weight loss surgery due to a fat colleague died of obstructive sleep apnea syndrome caused by obesity. (Photo by ChinaFotoPress/ChinaFotoPress via Getty Images)

Les Canadiens atteints d'obésité n'ont pas suffisamment accès aux soins médicaux dont ils ont besoin, dénonce le Réseau canadien en obésité (RCO) dans un nouveau rapport. C'est pourquoi cet organisme demande au gouvernement de reconnaître l'obésité comme étant une maladie chronique, au même titre que le diabète, la fibrose kystique et le cancer.

En 2015, l’Association médicale canadienne a déclaré l’obésité comme étant une maladie chronique, à l’instar de l’Organisation mondiale de la santé.

Au Canada, 5,3 millions d’adultes sont atteints d’obésité et le coût de l’obésité pour le système de santé est estimé entre 4,6 et 7,1 milliards de dollars annuellement.

Par contre, aucun des gouvernements provinciaux ou territoriaux, ni Santé Canada, n’ont officiellement reconnu l’obésité comme étant une maladie chronique. Cette situation a des répercussions sur l’accès au traitement, affirment les auteurs du rapport.

« Reconnaître l’obésité comme une maladie chronique, c’est bien plus qu’un geste symbolique. Cela confirme la nécessité d’arrêter de la considérer comme le simple résultat d’un mauvais choix de mode de vie et de passer à un modèle de santé socioécologique comportant l’obligation pour nos systèmes de santé et pour la société de la prévenir et de la traiter comme on le fait pour d’autres maladies chroniques », peut-on lire dans le rapport.

Comme beaucoup d’autres maladies chroniques, il est possible de traiter l’obésité grâce à une approche interdisciplinaire:

  • Intervention d’une équipe interdisciplinaire de spécialistes pour agir sur le mode de vie (alimentation, exercice physique thérapeutique, thérapie cognitivo-comportementale)
  • Accès à des programmes de gestion du poids incluant des substituts de repas
  • Traitement pharmacologique
  • Chirurgie bariatrique
  • Le problème, soutient le RCO, c’est que ces traitements sont difficilement accessibles ou sont trop dispendieux.

Les médecins peu formés

Seulement 40 médecins au pays - 21 en Ontario, 8 en Alberta, 6 en Colombie-Britannique, 2 en Nouvelle-Écosse, 2 au Nouveau-Brunswick et 1 au Québec - détiennent une certification dans le traitement de l’obésité de l’American Board of Obesity Medecine.

De plus, selon le rapport, la prise en charge de l’obésité est peu abordée dans les écoles de médecine canadiennes.

Par ailleurs, le RCO estime qu’il y a un manque flagrant d’équipes interdisciplinaires pour prendre en charge l’obésité au Canada. Par exemple, l’accès à des physiologistes ou à des professionnels en santé mentale pour les personnes souffrant d’obésité est limité.

Pourtant, la moitié des patients qui sont suivis par une équipe interdisciplinaire ont obtenu des réductions de poids significatives en aussi peu que six mois.

Programmes d’amaigrissement et médicaments coûteux

Les patients qui peuvent bénéficier des programmes sous surveillance médicale d’amaigrissement (souvent l’étape avant une chirurgie bariatrique) peuvent s’attendre à payer entre 1000 $ et 2000 $ pour les substituts de repas puisqu’ils ne sont pas couverts par les régimes d’assurance médicaments provinciaux ou les régimes privés.

«Cela contraste fortement avec la couverture par les régimes d’assurance médicaments provinciaux des suppléments nutritionnels oraux prescrits pour d’autres maladies chroniques comme le diabète, la fibrose kystique et le cancer» -

Rapport du Réseau canadien en obésité

Santé Canada a approuvé deux médicaments pour le traitement de l’obésité chez les adultes, mais ceux-ci ne sont pas couverts par les régimes d’assurance médicaments publics. Seulement 8,8 % des participants à un régime d’assurance médicaments privé y ont accès.

Pourtant, les régimes d’assurance médicaments de toutes les provinces et territoires couvrent au moins deux médicaments contre le diabète. Pourquoi ne pas ajouter les médicaments anti-obésité sur la liste, demandent les auteurs du rapport?

Accès à la chirurgie bariatrique

Malgré une augmentation du nombre d’opérations effectuées, l’accès à la chirurgie bariatrique et le temps d’attente sont « inacceptables », croit le RCO. Selon les dernières estimations (2014), plus de 1,5 millions d'adultes seraient admissibles à une chirurgie bariatrique.

Même si le risque de décès en attendant une chirurgie bariatrique est élevé, les temps d’attente pour la chirurgie bariatrique sont les plus longs de ceux de toutes les maladies traitables par la chirurgie, dénote le rapport.

Le temps d’attente moyen entre la consultation du spécialiste et l’opération est de 6 à 12 mois. Au Nouveau-Brunswick, au Manitoba et en Alberta, les gens peuvent attendre jusqu’à deux ans.

Il y a actuellement 113 chirurgiens dans 33 centres qui font des opérations de chirurgie bariatrique. Par contre, le nombre de ces centres n’a pas changé depuis 2012.

En somme, le RCO croit que si le Canada veut réellement s’attaquer au problème d’obésité au pays, le gouvernement doit rapidement adopter des lignes directrices et des politiques officielles sur les traitements et la prise en charge de l’obésité. « Faute de stratégies globales fondées sur des données probantes et axées sur la personne, le coût économique et psychosocial de l’obésité ne cessera de croître », affirme le RCO.

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