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«Elle est allée vraiment au bout d'elle-même» - Mireille Deyglun, fille de Janine Sutto

«Elle est allée vraiment au bout d'elle-même» - Mireille Deyglun, fille de Janine Sutto

« C'était une femme passionnée », a témoigné la fille de Janine Sutto, Mireille Deyglun, en entrevue à RDI. « Son métier a été tellement important dans sa vie [...] elle a toujours fait toutes les choses avec passion ».

Entrée aux soins palliatifs vendredi dernier, Mme Sutto est morte « entourée de siens, de ses petits-enfants, de moi, de mon mari, des amis qui sont venus la voir jusqu’à la fin », a confié Mme Deyglun.

«J’ai dormi avec elle et à un moment donné je me suis aperçu qu’elle était partie. Elle était toute chaude, toute sereine. Elle est partie en douceur.» - Mireille Deyglun

« Elle est allée vraiment au bout d’elle-même », poursuit Mme Deyglun. « Je peux dire qu’elle s’est accrochée. Cette nuit, je lui ai vraiment dit qu’il fallait qu’elle parte parce que c’était trop et qu’il fallait qu’elle se repose. Elle se repose bien maintenant. »

Questionnée sur le secret de sa longévité, sa fille explique, un sourire dans la voix, qu’« elle a fait tout ce qu’il ne fallait pas faire et elle est décédée à 95 ans ».

Janine Sutto

Mme Deyglun, elle-même comédienne, a évoqué la fougue avec laquelle sa mère s'était donnée au monde du théâtre. Elle confie que sa mère était très heureuse de son métier et de la notoriété qui en découlait. « Plus jeune, quand je magasinais avec elle ou que j’étais au restaurant, elle signait parfois des autographes sur le bras des gens. C’était complètement fou. Les gens l’aimaient beaucoup, lui disaient avec beaucoup de respect. C’est formidable.

«C’est la fin d’une vie extrêmement riche, plus de 70 ans de carrière […], et pour le Québec, d’un apport culturel absolument fondamental.» - Jean-François Lépine, gendre de Janine Sutto

Mme Deyglun rappelle toutefois que la vie de sa mère n’a pas toujours été un conte de fées. « Ça a été une vie difficile, il faut le dire parce que les gens ne voient que le beau côté des choses, mais ça a été une vie difficile, une vie privée pas facile, mais elle était entourée d’amour », explique-t-elle.

Le gendre de Mme Sutto, Jean-François Lépine, souligne le dévouement de Mme Sutto envers sa famille. Il rappelle notamment qu’elle a tenu à s'occuper de sa fille trisomique, Catherine, jusqu’à l’âge de 88 ans, jusqu’à l’épuisement. Elle ne s’est résignée à la confier à une institution qu’au moment où elle est devenue incapable d'en prendre soin.

« Elle a témoigné du même amour pour ses petits-enfants », a poursuivi M. Lépine. « Ça a été une grand-mère que l’on appelait « nonna », parce qu’elle est d’origine italienne. Ça a été une grand-mère exceptionnelle aussi », a-t-il ajouté.

Montréal en deuil

« Elle aimait, elle donnait, mais elle aimait aussi beaucoup recevoir [...]. Comme metteur en scène, quand on lui proposait quelque chose, elle acceptait d'emblée, a expliqué René-Richard Cyr en entrevue sur les ondes de RDI. Elle a réussi à rester jeune très longtemps ».

« C'était quelqu'un d'intelligent, qui reconnaissait l'intelligence des gens autour d'elle », a ajouté le metteur en scène en soulignant la carrière prolifique de la comédienne.

Visiblement ému, le maire de Montréal, Denis Coderre, a rendu hommage à celle qui était devenue, en avril 2015, citoyenne d’honneur de la ville.

« Gilles Latulippe l’appelait Notre-Dame-du-Théâtre, ce n’est pas pour rien. C’est quelqu’un qui a démocratisé la culture, c’est quelqu’un qui a donné beaucoup de chances aux jeunes », a souligné le maire Coderre.

«Dans les trois dernières années, je la voyais à plusieurs premières. Je disais, un peu à la blague, que j’ai l’impression de perdre ma date aujourd’hui.» - Denis Coderre, maire de Montréal

M. Coderre a également rappelé l’implication de Janine Sutto pour « célébrer la différence » et parler de déficience intellectuelle, au nom de sa fille Catherine.

Le maire a évoqué la possibilité d’une reconnaissance toponymique pour Mme Sutto. Il estime qu’elle mérite des funérailles nationales, mais laisse la famille prendre cette décision.

Les drapeaux de la ville de Montréal sont d’ailleurs mis en berne à la mémoire de Mme Sutto. Le conseil municipal a aussi observé une minute de silence à l'ouverture de sa séance, mardi.

«Merci Madame Janine Sutto, de m'avoir fait rire et pleurer, de Symphorien aux Belles-Soeurs. Vous étiez grande!» -

Marie-France Bazzo sur Twitter

L’implication sociale de Mme Sutto a également été soulignée par l’ancienne ministre libérale Marguerite Blais : « Ma très belle Janine qui fut aussi marraine [chez Baluchon Alzheimer]. Condoléances à la famille, amis ».

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