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La vie d'escorte, une vie intime et assumée

La vie d'escorte, une vie assumée
Man flirting with prostitute on the street
KatarzynaBialasiewicz via Getty Images
Man flirting with prostitute on the street

Un environnement pleinement assumé, un désir d’exploration des sens et de l’esprit dans un cadre professionnel, les escortes girls exercent leur profession pour toutes sortes de raisons, qu’elles soient financières, humaines, expérimentales ou simplement pour le plaisir. En toute discrétion, elles exercent un métier peu toléré.

Sous couvert de l’anonymat, Clara et Jennifer ont accepté de s’épancher sur leur vie d’escorte.

Elles ont choisi librement la profession d’escorte girl « je suis de nature aventurière. Je suis une personne très curieuse, je ne fais jamais les choses comme elles devraient être faites. Je fais tout ce qu’on me dit de ne pas faire. C’est dans ma nature. Il n’y a jamais personne qui m’a forcé à faire quoi que ce soit. J’ai une famille, j’ai une éducation », affirme Clara.

Cette femme d’âge mûr a débuté le travail d’escorte lorsqu’elle était plus jeune. Avec un baccalauréat et une maîtrise, celle qui a exercé dans toutes sortes de professions a choisi malgré tout le métier d’escorte. Escorte la nuit, employée dans le social le jour Clara n’a pas froid aux yeux, elle adore ça et l’assume totalement.

C’est la liberté, l’exubérance, le contact humain et le confort financier que lui apporte son métier d’escorte qui la fascine le plus « je me fais beaucoup d’argent. Je travaille quand je veux, où je veux. Je voyage, je fais des rencontres. Je rencontre des gens que je ne pourrais jamais rencontrer autrement. Quand tu rencontres des gens dans une chambre d’hôtel ou peu importe où et que tu vis un moment d’intimité avec eux, ils ont souvent tendance à s’ouvrir avec toi. J’ai accès à des histoires et à des vies auxquelles je n’aurais jamais accès autrement » explique Clara.

De son côté à 50 ans, Jennifer a commencé le métier d’escorte lorsqu’elle avait une trentaine d’années « quelqu’un m’en avait parlé. Au début, il n’en était pas question puis j’y ai repensé. J’aime le sexe, j’aime l’argent, pourquoi ne pas essayer ? Je l’ai fait et j’ai adoré », raconte celle qui a un diplôme en enseignement.

Bien dans ses bottes, elle vit son quotidien de façon ordinaire « les gens oublient souvent que nous sommes de vraies personnes avec des vies réelles et ordinaires » assure cette maman de trois garçons dans la vingtaine.

Une profession comme une autre ?

Même s’il s’agit d’un travail où la sexualité se mêle à l’argent, cela reste un travail comme un autre pour ces femmes, un travail avec lequel, famille, amis et parfois conjoint doivent composer « avec mes parents on n’en parle pas. Ce qui se passe dans mon travail ce n’est pas quelque chose avec lequel ils sont confortables. Au niveau moral ça ne les dérange pas du tout c’est surtout au niveau des inquiétudes vis-à-vis de la sécurité des travailleuses du sexe. C’est sûr que c’est particulier de parler de sexualité avec tes parents donc on ne rentre pas dans les détails, mais ils sont au courant parce que cela fait partie de ma vie » rapporte Clara qui est maman d’une jeune fille de 22 ans. Côté cœur, elle s’estime très chanceuse avec son métier « j’ai un conjoint, on vit ensemble depuis des années, il est très au courant de mon travail. On est vraiment un couple loyal. Il n’y a pas de jalousie par rapport à quoi que ce soit. Je sais que ce n’est pas donné à toutes les escortes d’avoir ça », raconte Clara.

Du côté de Jennifer, il a fallu entreprendre une longue discussion avec sa famille « au départ, ils n’étaient pas sereins avec ça. Ils sont vieux jeu et comme beaucoup de monde ils pensaient que j’étais dans la drogue. J’ai dû expliquer que cette profession était mon choix, je ne suis ni dans la drogue ni dans l’alcool », insiste Jennifer qui trouve qu’il y a beaucoup trop de préjugés au sujet de la profession.

Davantage de sécurité

Côté sécurité, toutes les deux se sentent plutôt chanceuses puisqu’elles offrent leur service essentiellement dans les chambres d’hôtel ou à leur propre domicile. « Les escortes on est plus organisées que les gens pensent, on a des réseaux, internet ou on échange des informations sur les hommes qui nous contactent afin d’assurer notre sécurité. Tous les hommes que je contacte j’ai un numéro. J’ai un système, je leur parle avant. J’essaye de savoir ce qu’ils font dans la vie » précise Clara. Mais elle admet tout de même que les lois ne lui facilitent pas tellement la tâche « si les lois changeaient, je pouvais me protéger plus, je pouvais négocier mes services, les écrire sur internet là je ne peux pas à cause des lois donc ça me place dans une certaine vulnérabilité. Mais ma vulnérabilité est loin d’être équivalente à celle d’une fille dans la rue », ajoute-t-elle.

Depuis 2014, la loi sur la protection des collectivités et des personnes victimes d’exploitations adoptée par les conservateurs interdit toute publicité qui vise à promouvoir les activités de prostitution. Aujourd’hui, beaucoup d’entre elles se demandent pour quelles raisons cette loi ainsi que d’autres, votées sous le gouvernement Harper ne sont toujours pas abrogées par le gouvernement de Justin Trudeau. Elles souhaitent être écoutées et prises davantage au sérieux par les décideurs.

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