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Bertrand Charest était en « détresse » lorsqu'il a eu des relations sexuelles avec ses skieuses

Bertrand Charest était en « détresse » lorsqu'il a eu des relations sexuelles

Le témoignage de la 11e plaignante, la préférée de Bertrand Charest, révèle une nouvelle facette de la personnalité de l'ex-entraîneur : celle d'un homme « en détresse » qui a été follement amoureux de son athlète.

Un texte de Genevieve Garon

Léa (nom fictif) peint un portrait complètement différent de Bertrand Charest, par rapport à ce qui a été décrit par les dix autres victimes alléguées.

« Il m'envoyait des fleurs, essayait de m'encourager », affirme l'ex-skieuse, à présent dans la trentaine. Elle soutient qu'il ne l'a jamais insultée ni rabaissée. « Je pense que c'était un très bon coach. Les filles qu'il coachait performaient. »

Ils ont eu plusieurs relations sexuelles, elle se croyait amoureuse et en couple avec lui. « Aujourd'hui, je comprends que ce n'était pas de l'amour. »

En 1998, lorsque Canada Alpin a écarté Bertrand Charest de l'équipe nationale de ski en raison des allégations d'inconduite sexuelle, l'homme de 32 ans avait écrit une lettre d'amour à Léa.

Il reconnaissait avoir eu des relations sexuelles avec trois autres adolescentes de l'équipe, dans les années 1990.

Il se défendait en écrivant avoir souffert de « stress et de solitude » et avoir été « faible et vulnérable ». Selon lui, ses agissements avec les skieuses étaient un signe de « détresse ». Il aurait simplement souhaité être aimé de toutes.

À l'époque, Léa n'avait pas encore porté plainte contre lui.

La relation entre Léa et Bertrand Charest

Dans les années 90, alors qu'elle avait 17 ans, Bertrand Charest aurait dit à Léa d'aller se cacher dans son véhicule et de l'attendre, après une fête entre skieurs. Il l'aurait emmenée chez lui, où ils auraient eu un premier rapport sexuel dans le sous-sol, sur des coussins. Léa dit avoir ressenti de la douleur.

Les rapports sexuels se seraient multipliés dans les mois suivants. Une fois, Bertrand Charest l'aurait attachée avec des cravates. « J'avais eu un seul chum avant, donc tout ce qu'il faisait était nouveau pour moi. »

Ils n'utilisaient jamais de contraception et Léa affirme qu'à une occasion elle s'est rendue à l'hôpital pour obtenir la pilule du lendemain.

Fâchée contre Canada Alpin

En 1998, lorsque Bertrand Charest a quitté l'équipe, Léa affirme que « Canada Alpin avait promis à [ses parents et à elle] que Bertrand Charest ne coacherait plus jamais ».

Or, en 2015, elle a appris d'une autre plaignante qu'il avait recommencé à entraîner des skieurs de 12 ans et moins, au Mont Blanc.

La situation l'a fâchée et l'a convaincue de porter plainte contre lui.

Bertrand Charest « en amour par-dessus la tête » avec Léa

Lors d'un interrogatoire filmé en mars 2015, après son arrestation, Bertrand Charest avait affirmé aux policiers avoir été en amour « par-dessus la tête » avec Léa. « Tout le monde le savait, la planète de ski le savait », a-t-il déclaré aux enquêteurs.

Il a juré que cet amour était réciproque et qu'il ne l'avait jamais forcée.

Mercredi, lors du contre-interrogatoire de Léa, la défense lui a présenté des lettres qu'elle a échangées avec Bertrand Charest dans les années 1990.

« J'ai tellement hâte de te voir », écrit-il, dans une lettre. « 11 heures de sommeil à rêver à toi comme un fou », lit-on dans la même missive.

En retour, Léa lui écrivait aussi qu'elle l'aimait.

Bertrand Charest fait face à 57 chefs d'accusation pour des crimes sexuels à l'endroit de 12 skieuses dans les années 1990.

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