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«Moments (extra) ordinaires» de Jean-Pier Gravel: ode aux petits riens et aux grandes rencontres (ENTREVUE)

«Moments (extra) ordinaires»: ode aux petits riens et aux grandes rencontres
Courtoisie

Ceci n’est pas un livre ordinaire ni un énième guide sur le bonheur. La matière première du premier-né littéraire de Jean-Pier Gravel, c’est vous, les Québécois. Durant 17 semaines, l’animateur, qu’on a vu à la barre de Salut Bonjour week-end et de Star Académie, a sillonné les 17 régions de la province en solo, afin d’en découvrir les splendeurs et de poser une question à ceux qui croisaient sa route : quel est le moment le plus précieux de votre existence? Sorte de courtepointe des réponses les plus marquantes, Moment (extra) ordinaires est aussi une ode à la simplicité, à l’humanité et aux petits riens qui goûtent le grandiose.

Gravel le dit sans faux-fuyant, à l’époque où il a imaginé un projet dont le but était de faire du bien aux gens et d’en parler à Rythme FM, il n’avait pas le bonheur facile. «J’étais vraiment un gars négatif, très chialeux, tout le temps déçu. Je devais être lourd.»

Mais, peu à peu, ses interventions ont allumé quelque chose en lui. «Josée Boudreault me disait que j’avais les yeux mouillés et le cœur qui me sortait de la poitrine, quand je faisais mes capsules! Je devais faire quelque chose avec ça.»

Il a alors démissionné et lancé son entreprise, le Missionnaire.TV, qui a poursuivi sa vie sur le web et sur les ondes de TVA. Un exploit pour une émission basée sur la bonté, sans drame ni cadeau matériel. Néanmoins, une petite voix lui chuchotait d’aller encore plus loin et d’écouter un rêve qu’il portait en lui depuis longtemps.

«J’ai toujours su que j’allais écrire un livre, même si je n’ai pas écrit depuis mes études en journalisme. Ma mère est bibliothécaire et mon prof est professeur d’arts plastiques, alors j’ai longtemps baigné dans les histoires, la création et l’amour du beau.»

À ce moment, il a décidé de récolter des parcelles de bonheur. Un défi pour un gars timide qui s’attendait à ce que la moitié des étrangers se ferment à sa demande. «Pourtant, à la fin du voyage, seules neuf personnes avaient refusé sur environ 500!»

Une ouverture qu’il explique en trois points. D’abord, il est convaincu que le tiers des gens savaient exactement qui il était grâce à la télévision. «Salut Bonjour est une émission populaire basée sur l’intimité et c’est un sentiment qui est resté avec les gens.» Qu’un tiers pensait qu’il était l’ami de leur fils. «Le temps qu’ils essaient de me replacer, le contact était établi.» Et que les autres ne le connaissaient pas du tout. «Mais comme je suis un gars gêné, qui n’avait rien à vendre ou à donner, et qui ne déplaçait pas beaucoup d’air, les gens étaient réceptifs.»

Il se décrit d’ailleurs comme un gars ordinaire. «Je valorise énormément ce mot-là. Dans le livre, on comprend que l’extraordinaire se trouve tout le temps dans l’ordinaire. Les gens me parlaient parfois d’événements grandioses, mais surtout de petits moments frissons. J’ai vu des gens rire, d’autres pleurer et du poil lever live sur les bras. J’avais vraiment l’impression d’être proche d’eux.»

Suffisamment proche pour que la plupart des participants lui offrent des confidences pleines de tendresse, de connexion au moment présent, de guérison, de rapport à la nature, de bonheur par rébellion, d’ambassadeur de bonté, de vieux rêves réalisés, de papilles nostalgiques, de voyages humanitaires, de non-jugement ou de petits gestes.

Des histoires racontées avec une telle sensibilité qu’on sent le cœur de chaque intervenant palpiter de page en page. Et surtout, des paroles mises en contexte par un homme qui a la formidable capacité de remarquer les détails des lieux, des gens et des événements, en donnant une ampleur décuplée aux anecdotes.

Des petits bouts de vie qui inspirent, tant les lecteurs que son auteur. «Cette aventure-là a amélioré mon niveau de bonheur et j’ai envie de le crier partout! En fait, le Missionnaire en général a beaucoup transformé mon rapport à la patience. Quand je rencontrais des pépins en voyage, du genre un GPS qui me fait perdre trois heures, je finissais par rencontrer des personnes qui me donnaient des réponses écœurantes! Je vis pour ces moments-là. Il faudrait toujours être ouvert à ça.»

Ouvert à l’imprévu, à la synchronicité et aux rencontres. «La vie t’envoie des gens qui peuvent t’apprendre des choses. Quand tu sors de ta zone de confort et que tu arrêtes de te protéger des autres, tu grandis. Moi, je pense qu’en allant vers les autres, en se regardant dans les yeux et en se souriant pour vrai, c’est ça qui va nous sauver. Si mon livre peut contribuer à ça, tant mieux.»

Après quatre mois sur la route, la partie était pourtant loin d’être jouée, puisque la création du livre l’attendait. «J’ai écrit le livre en 34 jours, à raison de 10 à 12 heures par jour! Mes amis pensaient me retrouver après mes 17 semaines, mais c’était pire!»

Heureusement, ses efforts ont payé. Contrairement à toutes ces vedettes qui publient un roman, une biographie ou une réflexion sur la vie avec une aisance approximative pour l’écriture, sans réaliser que leur popularité vend plus que l’intérêt réel de leur œuvre, Jean-Pierre Gravel sait écrire. Avec simplicité, fluidité, sensibilité. Son livre est une succession de rencontres, de souvenirs et d’images qui nous ébranlent.

Une façon de faire qu’il souhaite désormais transposer sur scène, depuis qu’il a assisté à une conférence de John Favreau, auteur de plusieurs discours de Barack Obama.

«Il racontait que le soir des élections américaines en 2008, une très vieille dame noire attendait depuis des heures pour voter. Les gens lui disaient de retourner chez elle, mais elle a répondu qu’elle était une femme noire en ligne afin de voter pour un président noir, et qu’elle attendrait le temps qu’il fallait. Obama a entendu parler d’elle et il l’a remerciée dans son discours après l’élection sur toutes les chaînes télé! Quand j’ai entendu ça, je me suis demandé pourquoi il n’y avait pas un show avec des histoires exceptionnelles comme celle-là».

Il a donc élaboré un spectacle basé sur six histoires qui donnent des frissons, dont la sixième permet de relier tous les tableaux avec un punch inattendu. Il partagera également de brefs chapitres de sa vie et des histoires de certains spectateurs. «Quand tu achètes un billet, tu es invité à remplir un formulaire pour raconter une histoire vécue, et il se peut que je la raconte sur scène.»

Un spectacle intimiste et multisensoriel qui sera présenté à Montréal le 20 mars, date de la Journée mondiale du bonheur, et à Québec le 21 mars, avant une possible tournée en province. Le livre Moment (extra) ordinaires sera en librairies à partir du 15 mars 2017.

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