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Des soeurs yéménites affirment qu'un fonctionnaire a confisqué leurs preuves d'identité

Des soeurs yéménites affirment qu'un fonctionnaire a confisqué leurs preuves d'identité
Radio-Canada.ca

Deux sœurs yéménites qui se sont entrées illégalement au Canada le mois dernier disent qu'elles sont empêtrées dans des problèmes bureaucratiques à Ottawa, puisqu'un fonctionnaire du gouvernement aurait confisqué leurs seules pièces d'identité.

Les femmes, âgées de 20 et 18 ans, ont traversé illégalement la frontière canado-américaine le 22 février pour éviter d'être déportées au Yémen sous l'ordonnance de l'administration du président américain Donald Trump.

Les deux femmes sont des citoyennes yéménites, mais ont vécu toute leur vie aux Émirats arabes unis et n'ont jamais été au Yémen, disent-elles.

« Je veux être médecin, parce que c'est mon rêve, alors j'ai choisi le Canada », a déclaré l'aînée des deux sœurs, que CBC/Radio-Canada a accepté de ne pas identifier pour des raisons de sécurité.

Plus tôt ce mois-ci, le président Trump a signé un nouveau décret sur les interdictions temporaires de séjour visant à corriger les problèmes juridiques d'une version précédente, rapidement bloquée par les tribunaux. Ce décret s'applique aux ressortissants de six pays majoritairement musulmans qui n'ont ni visa ni permis de travail valide. Le Yémen fait partie de la liste des six pays avec l'Iran, la Syrie, la Libye, la Somalie et le Soudan.

Une tentative légale, puis illégale

Les sœurs devaient initialement être déportées au Yémen des Émirats arabes unis, ce qui est commun selon elles pour les citoyens yéménites vivants aux Émirats arabes unis et qui ont peu de protections légales. Elles seraient arrivées aux États-Unis en novembre 2016.

« Nous sommes nées [aux Émirats arabes unis], nous avons vécu là, nous y avons étudié, nous n'avions jamais été au Yémen avant », a déclaré la sœur cadette.

Après que M. Trump eut annoncé son décret initial, qui interdisait aux ressortissants de sept pays de voyager aux États-Unis, les sœurs ont essayé d'immigrer légalement au Canada. On leur aurait alors refusé l'entrée, si bien qu'en février, elles ont pris un taxi qui les a emmenées à un endroit près de la frontière entre New York et Québec et elles sont entrées au Canada.

Elles ont été arrêtées par des agents de la GRC et ont passé au moins deux jours en détention avant d'être libérées, ont-elles dit.

Une fois qu'elles sont arrivées au Canada, les passeports des femmes et d'autres pièces d'identité auraient été confisqués. Chacune d'entre elles a reçu un formulaire intitulé Fondement de la demande d'asile, incluant leurs noms et leurs photographies, qui sert à présenter une demande d'asile.

Soumettre ces documents, dont CBC a pris connaissance, permet de bénéficier d'une protection en vertu de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, incluant notamment des soins de santé et la possibilité de se prévaloir de l'évaluation des risques avant renvoi.

Toutefois, vendredi, les deux femmes affirment qu'un fonctionnaire du gouvernement a confisqué ces formulaires au moment où leur dossier allait été transféré à Ottawa.

L'Agence des services frontaliers du Canada n'a pas répondu aux demandes de renseignements supplémentaires dans ce dossier.

Après que ces documents aient été présumément confisqués, les deux femmes ont passé l'après-midi à attendre pour parler avec un avocat au Centre d'Immigration catholique à Ottawa, avec l'aide de la communauté yéménite canadienne.

« Je suis vraiment désolé pour elles », a déclaré Abdulnaser Atef, un membre de la communauté yéménite canadienne et de Patrimoine Ottawa.

M. Atef soutient que l'organisation voulait que les sœurs viennent à Ottawa de Montréal pour qu'elles puissent avoir plus d'aide avec leur demande de statut de réfugié. Vendredi, dit-il, un avocat avait accepté d'aider les sœurs dans leur dossier.

« Je crois vraiment que le gouvernement devrait leur donner une chance d'être entendus, au moins. » - Abdulnaser Atef, un membre de la communauté yéménite canadienne

Carl Nicholson, directeur général du Centre catholique pour les immigrants, ne connaissait pas le cas précis des femmes, mais a déclaré à CBC que le processus de demande de statut de réfugié peut être émotif pour les demandeurs.

« C'est toujours un processus émotif. Si vous y réfléchissez, vous savez, voici quelqu'un qui vient d'une certaine distance, ils ne savent pas ce que sera leur avenir », a déclaré M. Nicholson.

Hausse des demandes d'asile

Le décret du président Trump a entraîné une augmentation du nombre de personnes franchissant illégalement la frontière des États-Unis au Canada. Les responsables canadiens soutiennent que près de 2300 personnes avaient déposé des demandes d'asile entre le 1er janvier et le 21 février.

Il y avait un peu plus de 1800 passages clandestins au cours de la même période en 2016, selon les responsables.

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