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Équité salariale : Québec accusé de «se traîner les pieds»

Équité salariale : Québec accusé de «se traîner les pieds»
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Québec utilise de « faux prétextes » pour retarder un règlement visant à assurer le maintien de l'équité salariale pour ses employées du secteur parapublic, a dénoncé le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), lors d'une conférence de presse tenue mercredi à l'occasion de la Journée internationale des femmes.

Des dizaines de milliers de femmes occupant une cinquantaine de catégories d’emplois distinctes dans les secteurs de l’éducation et de la santé sont ainsi privées d’une rétroactivité salariale à laquelle elles ont droit depuis maintenant plus de 6 ans, estime Mélanie Gougeon, conseillère au service de l’évaluation des emplois su SCFP-Québec.

Parmi elles se trouvent notamment des techniciennes en administration, des techniciennes en services de garde, des auxiliaires en santé et services sociaux, des conseillères en orientation, des orthophonistes et audiologistes et des diététistes.

En vertu de la Loi sur l’équité salariale, adoptée en 1996, le Conseil du Trésor doit s’assurer que les salaires des hommes et des femmes demeurent équitables dans le cadre d'un exercice mené tous les cinq ans.

Or selon le SCFP, le dernier exercice d'évaluation, que le Conseil a mené seul, en décembre 2010, n’a pas tenu compte de certains éléments, ce qui a entraîné le dépôt de plaintes spécifiques et générales.

« Il y avait certains points qu’ils n’avaient pas pris en considération : des changements au niveau académique, des actes réservés, des actes délégués, des modifications au Code des professions. C’est des aspects qui peuvent occasionner un changement, et qui peuvent aussi entraîner une hausse au niveau des salaires », a résumé Mme Gougeon.

Un processus embourbé

Depuis 2013, le SCFP participe donc à un processus de conciliation intersyndicale avec le Conseil du trésor et la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail. Malgré plusieurs rencontres, le processus n’a cependant toujours pas abouti, au grand dam du syndicat.

« En santé, en éducation, c’est des dizaines de milliers de travailleuses qui ne sont pas payées à leur juste valeur pour du travail qu’ils font au quotidien auprès de vos familles, de vos enfants, de vos parents. » - Mélanie Gougeon

Selon Mme Gougeon, ce retard est imputable au Conseil du Trésor, qui ne cesse d’évoquer de faux motifs pour retarder un règlement.

« En 2015, ils ont ralenti le processus à cause de la négociation qui avait lieu dans le secteur parapublic. […] Ils disaient qu’ils avaient moins d’effectifs », a-t-elle donné en guise d’exemple.

« On les a rencontrés en octobre 2016. Ils s’étaient avancés en disant qu’ils feraient un retour rapidement; on est le 8 mars et on n’a toujours pas de retour », a-t-elle ajouté.

« Ce qu’on a su, c’est que le Conseil du Trésor n’a pas l’intention de faire de retour tant et aussi longtemps que [le processus du] vote d’allégeance qui a lieu présentement en santé en raison de la fusion du ministre Barrette ne sera pas terminé. Et le processus se termine le 21 avril. »

« Pour nous, c’est inacceptable que le gouvernement trouve des raisons. Le vote allégeance ne justifie pas le fait de ne pas avancer des travaux. Que tu sois syndiqué avec une fédération ou une autre, les salaires du service de la santé et de l’éducation sont les mêmes pour tout le monde au Québec. » - Mélanie Gougeon

Au moment de publier cet article, le Conseil du Trésor n'avait pas encore réagi à la sortie du SCFP-Québec.

Un gouvernement « à deux vitesses », dénonce Ranger

Le directeur du SCFP-Québec, Marc Ranger, plaide que la situation actuelle « n’a pas de maudit bon sens », d’autant plus que l’ensemble des syndicats qui prennent part à ses discussions s’entendent. « Tout ce qu’il reste à faire, c’est de compenser », résume-t-il.

« C’est comme à deux vitesses au Québec : quand ça touche les médecins, les médecins spécialistes, le gouvernement, Dieu sait qu’il est rapide à agir. Et quand ça nous touche, nous, les gens qu’on représente […], c’est pas grave, on peut attendre. » - Marc Ranger

Selon lui, les travailleuses touchées par ce litige « se sentent méprisées, ne se sentent pas respectées » par le Conseil du Trésor.

Le secrétaire général du SCFP-Québec, Benoît Bouchard, déplore que le Conseil du Trésor « se traîne les pieds » et utilise de « faux prétextes » pour ne pas faire aboutir ce processus.

« Comment peut-on, d’un côté, faire la promotion de ce principe d’égalité, d’équité en emploi pour les femmes au Québec – qui a été gagné de chaude lutte – et ne pas prendre les moyens pour l’appliquer? Quel exemple on donne aux grandes entreprises qui sont rébarbatives à appliquer cette loi-là si notre propre législateur n’est pas capable de l’appliquer », a-t-il lancé.

Selon lui, pas moins de « 5000 entreprises sont fautives en équité salariale au Québec ».

M. Bouchard presse par ailleurs le gouvernement Trudeau d’adopter une loi contraignant les employeurs des milieux réglementés par le gouvernement fédéral à appliquer l'équité salariale entre les hommes et les femmes.

L’automne dernier, la ministre de l'Emploi, MaryAnn Mihychuk, avait annoncé qu’une telle loi serait adoptée en 2018. Elle a depuis été remplacée par l’ex-ministre de la Condition féminine, Patty Hajdu.

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