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Les clandestins cherchent des tuteurs pour leurs enfants aux États-Unis

Les clandestins cherchent des tuteurs pour leurs enfants aux États-Unis
Radio-Canada.ca

Les migrants entrés illégalement aux États-Unis sont de plus en plus nombreux à rechercher des tuteurs pour leurs enfants, redoutant d'être expulsés depuis le durcissement de la lutte contre l'immigration clandestine, ont constaté plusieurs associations de soutien.

La Coalition for Humane Immigrant Rights of Los Angeles (CHIRLA) dit recevoir chaque jour près de dix demandes de parents souhaitant mettre en place un système de tutelle provisoire, a déclaré son porte-parole, Jorge-Mario Cabrera. À titre de comparaison, l'association ne recevait l'année dernière que deux demandes de ce type chaque mois.

Sollicités par une ONG, les juristes de la National Lawyers Guild ont demandé cette semaine à des volontaires d'aider les migrants illégaux à remplir les formulaires permettant à des proches d'exercer leur autorité parentale en leur absence.

Dans le New Jersey, Helen Ramirez, une avocate spécialisée dans le droit de l'immigration, affirme recevoir chaque jour six appels de ce type alors qu'elle n'en avait reçu aucun l'année dernière. « Leur plus grande crainte, c'est que leurs enfants soient placés en foyer d'accueil », explique-t-elle.

Donald Trump a demandé aux agents de services de l'immigration (ICE) de faire preuve de davantage de zèle dans l'application de la loi, conformément à ses promesses de campagne.

Selon une porte-parole de l'ICE, les autorités « s'adaptent, dans la mesure du possible, aux demandes des parents soucieux de prendre leurs précautions ».

Il peut ainsi leur être proposé de consulter un avocat, de joindre leurs autorités consulaires ou leurs proches ou de faire des demandes de passeports ou d'acheter des billets d'avion pour ceux qui souhaitent ou ne souhaiteraient pas quitter les États-Unis avec leurs enfants.

Utile, mais excessif

Selon Randy Capps, membre du Migration Policy Institute (MPI), une ONG de Washington, toutes ces précautions sont utiles quoiqu'excessives.

Sous l'administration de Barack Obama, le risque était faible que le père et la mère soient expulsés et il doute que cela change avec l'arrivée au pouvoir de Donald Trump. « Les risques restent très faibles, même s'ils ne sont pas aussi faibles qu'ils l'étaient auparavant, et le nouveau gouvernement vient juste d'arriver », dit-il.

Selon le MPI, cinq millions d'enfants âgés de moins de 18 ans ont au moins un parent entré illégalement dans le pays. Sur ce chiffre, 79 % sont de nationalité américaine.

Habitants du New Jersey, Seidy Martinez et son époux Jose Gomez ont commencé à aborder le sujet de leur éventuelle expulsion avec leur fille de dix ans et ont évoqué avec elle les solutions qu'ils ont imaginées.

Elle est femme de ménage, lui travaille dans une ferme équestre. Arrivés clandestinement du Honduras, ils n'ont pas de papiers, contrairement à leur fille à qui l'asile a été accordé et à leur fils de trois ans, qui possède la nationalité américaine.

Elle a prévenu sa fille qu'elle pourrait aller vivre chez sa tante, qui vit à Miami, et il songe à faire en sorte que cette dernière puisse exercer l'autorité parentale en cas d'expulsion du couple. Et désormais, c'est la fille qui tente de rassurer la mère. « Mami, tranquila. N'aie pas peur. Moi aussi, j'ai peur, mais ne t'inquiète pas, tout ira bien », dit-elle.

Entre 700 et 1250 dollars

Rebecca Kitson, avocate à Albuquerque, dans le Nouveau-Mexique, conseille à des clients de plus en plus inquiets d'avoir ce genre de conversations avec leurs enfants. Les parents doivent être très précis dans leurs instructions, dit-elle afin que les enfants sachent répondre à cette question: « Si maman ne rentre pas à la maison à telle heure, qui les enfants doivent-ils appeler? »

Plusieurs groupes de soutiens aux immigrés multiplient les offres de services. Le CHIRLA, par exemple, propose des lettres types, aide à les remplir, avant de les certifier pour dix dollars. Beaucoup de parents peinent toutefois à se trouver un soutien à un tarif abordable.

Melvin Arias, 39 ans, paysagiste originaire du Costa Rica, explique avoir voulu prendre toutes les précautions pour protéger son fils de cinq ans et sa fille de six mois, tous les deux de nationalité américaine.

Mais quand il a demandé de l'aide à deux avocats différents, on l'a prévenu que les démarches lui coûteraient entre 700 et 1250 dollars et il cherche désormais des solutions moins onéreuses.

« Si nous avons tous les deux un problème, je veux qu'une personne responsable puisse venir et prendre les enfants et les emmener, peu importe où. »

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