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Afflux de réfugiés: 5 choses à savoir sur l'immigration illégale au Canada

5 choses à savoir sur l'immigration illégale au Canada
La Presse canadienne

Depuis quelques semaines, un nombre croissant d'immigrants illégaux, craignant d'être expulsés des États-Unis par l'administration de Donald Trump, s'introduisent au Canada illégalement en évitant les postes frontières officiels.

Pourquoi traversent-ils illégalement la frontière au Canada?

Le nouveau représentant du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés à Ottawa a récemment passé une journée à observer les migrants entrer au Canada par un point de passage non officiel au Québec.

Jean-Nicolas Beuze, qui a visité le passage à Lacolle, au Québec, dit que la majorité des personnes qui lui ont parlé ont dit quitter les États-Unis par peur du système d'immigration américain sous la présidence de Donald Trump.

Le représentant de l'agence onusienne ajoute que certains migrants à qui il a parlé avaient une résidence valide aux États-Unis, mais désiraient venir au Canada parce que c'est « un pays plus accueillant ».

Certains migrants ont mis leur vie en péril en traversant par grand froid des champs gelés. Ils utilisent ces routes en raison de l'entente sur les tiers pays sûrs entre le Canada et les États-Unis. Selon l'accord, les personnes ayant déjà demandé l'asile aux États-Unis ne peuvent présenter une autre demande au Canada si elles se présentent à un poste frontalier officiel.

Qu'est-ce que l'entente sur les tiers pays sûrs?

Le 5 décembre 2002, dans la foulée des attentats du 11 septembre, le Canada et les États-Unis signent un accord « pour la coopération en matière d'examen des demandes de statut de réfugiés présentées par des ressortissants de pays tiers », dans le cadre du Plan d'action sur la frontière intelligente.

Le but de l'entente était d'harmoniser et de mieux cibler ceux qui ont besoin de la protection d'un pays, en éliminant l'abus. Aux termes de l'entente, les demandeurs d'asile sont tenus de demander la protection des réfugiés dans le premier pays où ils arrivent. L’accord est entré en vigueur le 29 décembre 2004.

L'entente sur les tiers pays sûrs s'applique uniquement aux réfugiés qui tentent d'entrer aux postes frontaliers officiels, par train ou dans les aéroports.

Jusqu'à présent, les États-Unis sont le seul pays qui est désigné comme étant un tiers pays sûr par le Canada en vertu de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, mais d'autres pays pourraient être ajoutés.

Les facteurs pris en considération pour la désignation comprennent :

  • Si un pays fait partie de la Convention de 1951 sur les réfugiés et de la Convention contre la torture de 1984.
  • Les politiques et pratiques du pays en ce qui concerne les réclamations au titre de ces conventions.
  • Le dossier du pays en matière de droits de la personne.
  • La signature d’un accord sur le partage de la responsabilité autour des demandes de protection des réfugiés.

Qu'arrive-t-il une fois qu'ils traversent?

L'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) est chargée de faire appliquer la législation canadienne aux ports d'entrée désignés, tandis que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a la responsabilité de faire appliquer la loi entre les ports d'entrée.

Toute personne interceptée par la GRC en dehors des points d'entrée officiels sera avertie qu'elle pénètre illégalement dans le pays. Elle est informée du point de passage frontalier officiel le plus près.

Si le migrant refuse de se rendre au poste frontalier, il sera arrêté par la GRC pour interrogatoire et contrôle d'identité.

Les migrants illégaux seront par la suite amenés à l’ASFC non loin de leur point d’entrée pour enclencher le processus de demande de statut de réfugié.

L’ASFC évalue si les personnes sont admissibles au statut de réfugié en vertu de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Ce processus comprend une entrevue, la prise d'empreintes digitales et de photos, ainsi que des vérifications de sécurité et de casier judiciaire.

Si la demande est classée admissible, le dossier est transféré à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié et le migrant sera orienté vers un des organismes d’aide aux réfugiés.

L'ASFC peut détenir des personnes si elles ne peuvent pas être correctement identifiées, si elles sont considérées comme une menace potentielle, ou s'il y a un risque qu'elles ne puissent pas se présenter à leur audience.

Un homme détenu avec sa famille à la frontière américaine se sauve en courant, passeport à la main.

Combien de migrants ont traversé la frontière depuis janvier 2017?

Il est difficile de savoir le nombre exact de personnes qui entrent illégalement au pays en provenance des États-Unis dans le but de demander le statut de réfugié.

Un organisme de Winnipeg, au Manitoba, qui vient en aide aux nouveaux arrivants affirme qu’environ 139 demandeurs d’asile ont traversé la frontière canado-américaine près du poste frontalier d'Emerson depuis le 1er janvier.

Une hausse de demandes de statut de réfugié a également été signalée par l'Agence des services frontaliers d’Hemmingford au Québec.

Et après?

À Ottawa, le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a dit jeudi surveiller de près ce qui se passe au Manitoba et au Québec, afin de comprendre d'où viennent les réfugiés pour mieux prévoir l’évolution de la situation. L’opposition de son côté demande au gouvernement Trudeau d’intervenir par des actions concrètes.

Pour sa part, le Nouveau Parti démocratique presse le gouvernement de suspendre l'entente sur les tiers pays sûrs pour 90 jours, soutenant que l’accord oblige les migrants à mettre leur vie et celle de leur famille en danger.

Au Manitoba, le premier ministre, Brian Pallister, a demandé au gouvernement fédéral de mener une approche coordonnée, affirmant qu'il s'agissait d'une « question nationale ».

Selon les renseignements de Kathleen Harris, CBC News

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