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«The Misandrists»: «Le porno est un outil de propagande idéal» - Bruce LaBruce (ENTREVUE)

«Le porno est un outil de propagande idéal» - Bruce LaBruce
BERLIN, GERMANY - FEBRUARY 12: Bruce LaBruce attends the 'Boris without Beatrice' (Boris sans Beatrice) photo call during the 66th Berlinale International Film Festival Berlin at Grand Hyatt Hotel on February 12, 2016 in Berlin, Germany. (Photo by Mehmet Kaman/Anadolu Agency/Getty Images)
Anadolu Agency via Getty Images
BERLIN, GERMANY - FEBRUARY 12: Bruce LaBruce attends the 'Boris without Beatrice' (Boris sans Beatrice) photo call during the 66th Berlinale International Film Festival Berlin at Grand Hyatt Hotel on February 12, 2016 in Berlin, Germany. (Photo by Mehmet Kaman/Anadolu Agency/Getty Images)

Dans The Misandrists, son nouveau brulôt présenté à la Berlinale, le sulfureux réalisateur Canadien, fer de lance du cinéma queer, met en scène des féministes terroristes regroupées au sein d'une sorte de couvent dirigée par Big Mother, une «mère supérieure» ressemblant étrangement à Lady Gaga. Ces révolutionnaires de la FLA (Female Liberation Army) militent pour un nouvel ordre mondial dans lequel les hommes seraient totalement absents, et projettent de tourner un porno lesbien pour combattre le patriarcat.

«Je n'arrive pas à comprendre pourquoi personne ne s'est jamais servi du porno comme d'un outil de propagande», confie Bruce LaBruce, lors d'une rencontre avec le Huffington Post Québec dans son hôtel de Berlin. «J'ai toujours vu le porno comme une occasion perdue et un vrai gâchis. Quand tu y réfléchis bien, cela pourrait être un outil de propagande idéal. Le porno est partout aujourd'hui, et le sexe a tendance à rendre les gens plus réceptifs aux idées qu'on veut leur faire passer.»

Au-delà de son message révolutionnaire, The Misandrists évoque une forme de nostalgie d'un porno avec des histoires et des personnages, là où la majorité des productions actuelles se résument à une enfilade de scènes hardcore. «Les scénarios empilaient souvent les clichés. Mais le porno était fait par de vrais cinématographes comme Bob Alvarez qui a monté le film Woodstock et qui travaillait à côté pour une compagnie de porno gay, Hand in Hand, à New York dans les années 70», commente Bruce LaBruce. «Avec l'arrivée du numérique, le porno est devenu accessible à quasiment n'importe qui. Mais 90% de ce qui est tourné aujourd'hui est totalement inintéressant.»

Castration forcée

Sous ses faux airs de porno softcore des années 80, The Misandrists reste un film de Bruce LaBruce, avec ce qu'il faut de provocations et d'images sexuellement explicites. Le temps d'une scène, particulièrement difficile à supporter (qui a fait fuir de la salle plusieurs spectateurs durant la première à Berlin), le film bascule même dans le «gorn» (le porno gore) avec la diffusion d'images d'une opération de changement de sexe pour illustrer une castration forcée.

«J'ai trouvé la vidéo sur YouTube. Ça vient d'un hôpital de Belgrade», explique le réalisateur, après avoir vérifié auprès de sa productrice Sonja Klümper d'Amard Bird Films, s'il était autorisé à balancer la provenance de ces images controversées. «J'avais déjà fait un film gay avec des morts-vivants (L.A. Zombie, en 2010), et je voulais revenir à du gore très graphique, en utilisant très peu d'effets spéciaux. Puis, je me suis dit que ça aurait encore plus d'impact si j'utilisais des images provenant d'une vraie opération. Je n'ai trouvé que deux scènes sur YouTube qui correspondaient à ce que je voulais, et j'ai pris la meilleure. Mais je n'ai pas fait ça pour créer le scandale. C'est avant tout un choix artistique.»

Le goût de la transgression

Pour celles et ceux qui en doutaient encore, Bruce LaBruce n'a pas franchement l'intention de renoncer à sa fibre hardcore, même après avoir sorti, en 2013, un premier film Gerontophilia que certains ont pu qualifier de mainstream. «Variety a même écrit que je m'étais ramolli», ironise le réalisateur Canadien. «C'est vrai que c'était mon premier film sans scène de sexe explicite. Mais le but était de rendre mon cinéma plus accessible, tout en gardant le même sens de la provocation.»

Loin de se «ramollir», le réalisateur de la transgression a confié au Huffington Post Québec qu'il espérait toujours sortir son projet de longue date Twincest, sur deux jumeaux séparés à la naissance qui nouent une relation incestueuse. Bruce LaBruce a ajouté travailler également sur un autre film consacré à une femme transexuelle fétichiste de la grossesse. «Ce sont deux projets avec des budgets importants qui prennent forcément plus de temps à développer. C'est aussi la raison pour laquelle j'ai fait The Misandrists qui s'est concrétisé très rapidement, en moins d'un an, en ayant recours notamment au crowdfunding. Je ne voulais pas attendre encore trois ans avant de faire un nouveau film.»

Les frais de ce voyage ont été payés par Téléfilm Canada.

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