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Véro.tv: nos premières impressions

Beaucoup de Véronique Cloutier, pas tant d'originalité. Voyez, en quelques mots, nos impressions sur les premières émissions de Véro.tv.

On y est enfin, Véronique Cloutier a «sa» plateforme exclusive sur Tou.tv. Véro.tv est en ligne dès maintenant. C’est ainsi le meilleur de plusieurs mondes qui se retrouve réuni sous cette bannière payante, accessible via Tou.tv Extra au coût de 6,99$ par mois (premier mois gratuit) ou gratuite pour les abonnés de Rogers.

Car Louis Morissette avait plusieurs fois suggéré l’idée que sa dulcinée puisse un jour devenir le visage officiel d’une chaîne de télévision, à la manière d’Oprah Winfrey aux États-Unis, et Radio-Canada compte encore sur Véro pour propulser ses marques les plus rassembleuses. En mariant les ambitions de chacun sur Tou.tv, on minimise les risques, on braque les projecteurs sur Tou.tv Extra, où Radio-Canada tente ardemment d’entraîner les gens depuis deux ou trois ans, et on offre une nouvelle alternative aux téléspectateurs (rappelons que Tou.tv a été lancée en 2010, et Tou.tv Extra, en 2014). Son Beau programme en arrache peut-être aux audimètres, mais Véro traîne encore un imposant bassin de fidèles, qui la suivront probablement peu importe où elle décide de migrer.

La programmation presque entière de Véro.tv avait été annoncée à l’automne (voir vidéo ci-dessus), mais Radio-Canada organisait mardi matin, jour de la Saint-Valentin, un dévoilement en bonne et due forme pour honorer sa valentine de choix. On a alors pu avoir un aperçu des différentes productions qui forment aujourd’hui le solage de Véro.tv.

Manque de surprises

Premier constat : Véronique Cloutier clame peut-être dans sa publicité télévisée qu’il n’y a pas seulement qu’elle sur Véro.tv, son visage revient quand même souvent dans les différentes émissions. Elle est la vedette de Les Morissette et moi, qui suit sa célèbre famille dans la mise sur pied de la Fondation Véro & Louis, elle anime Rétroviseur, un survol de la carrière de quelques artistes au moyen d’entrevues puisées dans les archives, elle apparaît dans un épisode de #Bougaricci avec Louis Morissette, elle se fait entendre à quelques reprises comme narratrice. On reconnaît ça et là ses amis, on prône ses valeurs rassembleuses, terre-à-terre, grand public, comiques et émotives.

On aura beau jouer sur les mots pour faire gonfler le nombre d’abonnements et intéresser tous les publics, il faut aimer Véro pour apprécier Véro.tv. Ce n’est ni une tare, ni un reproche, et on suppose que Radio-Canada assume parfaitement son choix de miser à tel fond de train sur une seule tête d’affiche. Faudra ensuite voir si les résultats sont à la hauteur des attentes.

Deuxième constat : on ne joue pas beaucoup d’audace dans cette nouvelle cavité de Tou.tv. Christiane Asselin, directrice contenu et programmation multi-écrans de Radio-Canada, a fait valoir dans sa présentation, mardi matin, que Tou.tv Extra avait vu naître Série noire et Fatale Station, deux séries inventives, différentes, au ton décalé, fortes en action et en rebondissements.

Par contre, rayon originalité, aucune des propositions plutôt conservatrices de Véro.tv n’atteint le niveau de surprise et d’intérêt d’un projet comme Série noire. On demeure ici dans le connu, l’habituel, le convenu, les personnalités populaires et les bons sentiments. Pas beaucoup de grincements de dents, d’irrévérence, d’humour noir, de questionnements, de brasse-camarade ou même de réflexion à l’horizon.

Avec ce nouvel espace web, Radio-Canada se targue de vouloir rejoindre les «milléniaux» (les 18-34 ans), cette tranche d’âge tellement ciblée par les compagnies présentement, mais il y aura probablement plus à faire pour réellement séduire cette portion de la population, laquelle est parfois un peu blasée et difficile à impressionner. La grille de Véro.tv rappelle énormément plusieurs émissions qu’on voit au petit écran régulier en ce moment (on n’a qu’à penser à P.S. Merci pour tout, qui évoque un peu Deuxième chance, Rétroviseur, qui ressemble sous certaines considérations aux Enfants de la télé, et Les Morissette et moi, qui est une suite logique de Véro Inc, que lançait Canal Vie en 2013)… petit écran que les «vingtenaires» et jeunes trentenaires délaissent, rappelons-le.

Ajoutons à cela que les effluves de Véro.tv sont essentiellement féminines et légères, semblables à celles qui se dégagent de son magazine, et on a là un portrait assez complet du nouveau terrain de jeu de Véro qui, sans être complètement inintéressant, manque un peu d’inattendu et de croustillant. On ira assurément chercher les inconditionnels de Véro avec ce laboratoire, mais celui-ci intéressera-t-il la jeune génération?

Voici, en quelques mots, nos impressions sur les premières émissions de Véro.tv. Il est à noter que la fiction Trop, très attendue, avec Evelyne Brochu, Virginie Fortin et Éric Bruneau, s’ajoutera à l’offre de Véro.tv en mars, tout comme Mère & fille, une prometteuse web-série misant sur Anne Casabonne et Nan Desrochers dans un duo mère-fille autant tricoté serré qu’à couteaux tirés. Des acquisitions, telles Une chance de trop et Amour, si affinités (Casual) complètent le tableau d’honneur.

Rétroviseur

10 épisodes de 30 minutes

Dans un drôle d’immense cadre imitant justement les dimensions d’un rétroviseur, Véronique Cloutier s’assoit avec un(e) invité (e) (France Castel, Normand Brathwaite, Michèle Richard, Pauline Marois, Marina Orsini, Guy.A.Lepage, etc) et discute avec lui (elle) des propos qu’il (elle) a jadis tenus dans d’autres entrevues télévisées, répertoriées dans les archives. On entendra notamment Vincent Graton parler de son caractère sanguin, de son engagement social, de son féminisme et de sa relation égalitaire avec sa conjointe, France Beaudoin, à partir d’extraits du Point, en 1987, de Liza, en 2000, d’Entrée des artistes, en 2001 et de La vraie vie, en 2000.

Concept intéressant, qui vivrait bien à la télévision si Les enfants de la télé devaient prendre leur retraite, et dans lequel Véronique Cloutier est parfaitement dans son élément.

Trois fois par jour

8 épisodes de 30 minutes

Marilou et Alexandre Champagne n’en avaient pas assez de leur site web, leurs livres et leurs magazines, les voilà qui s’amènent sur Tou.tv pour des capsules culinaires à leur image, toujours inspirées par un thème (les enfants, la jeunesse, la beauté, etc). Leurs recettes déjà bien détaillées sur le portail Trois fois par jour, YouTube foisonnant de vidéos montrant comment exécuter tel ou tel plat, et Marilou et Alex étant omniprésents sur les médias sociaux, cette énième déclinaison de Trois fois par jour était-elle à tout prix nécessaire? Les deux jeunes entrepreneurs sont brillants et bourrés de talent, mais ne semblent pas toujours à l’aise devant la caméra, dans leur décor léché, propret, bon chic bon genre. Ça manque d’épices!

#Bougaricci

6 épisodes de 30 minutes

Pour faire connaître le personnage qu’est Bougaricci, alias Marc Lessard, ex-entrepreneur en construction devenu designer, on lui a fait rencontrer... Oui, vous l’aurez deviné, des vedettes. On suivra donc, dans le docu-réalité #Bougaricci, le créateur dans son quotidien et dans ses différentes activités avec les artistes d’ici. Sur un chantier de construction, il devra fignoler un morceau de son cru pour Mariloup Wolfe, il mitonnera un chandail pour Jean-Michel Anctil dans le délai d’un entraînement de hockey, il élaborera des vêtements pour les Morissette. À travers la matérialisation de son rêve de faire de Valleyfield une capitale mondiale de la mode (!), Bougaricci croisera en outre Marina Orsini, Martin Juneau et Valérie Roberts, Yann Perreau, et les Dead Obies. Le public fondra-t-il autant pour Bougarrici que l’a fait Véronique Cloutier?

Les loges

19 épisodes de 3 minutes

Il y a beaucoup de Patrice Coquereau dans Les loges. C’est-à-dire que le comédien, qui est à l’origine de cette formule humoristique de sketchs campés dans une loge de théâtre, où proches, collègues et spectateurs vont saluer les artistes, joue chaque fois le rôle de «l’intrus» dont l’opinion n’est pas nécessairement sollicitée. C’est amusant et sympathique, sans qu’on ne se tape sur les cuisses. Rémy Girard, Léane Labrèche-Dor, Guylaine Tremblay, Anne-Élisabeth Bossé, Brigitte Lafleur, Diane Lavallée et Émilie Bibeau sont au nombre des personnalités autour desquelles s’articulent Les loges.

Sois

7 épisodes de 30 minutes

Dans Sois, on jase beauté et bien-être. Différents segments composent ce magazine où une pléiade de collaboratrices, dont Laurence Bareil et la styliste Isabelle Gauvin (qui semble un peu figée devant la caméra) offrent transformations et conseils. Dans une cabine d’essayage, Hélène Bourgeois-Leclerc déblatèrera sur l’acte de magasiner un soutien-gorge, à la façon des «Montées de lait» de Format familial, à Télé-Québec. Kim Thuy fera face à une photo d’elle-même plus jeune et répondra à des questions sur sa personne. Mode et spiritualité cohabitent bien et Sois donne un peu un nouveau souffle au genre.

Baby Boom

10 épisodes de 10 minutes

Petite déception aux premières images de Baby Boom, comédie romantique/dramatique gravitant autour de la réalité de futurs et nouveaux parents. Les scènes vues mardi pétillaient et décapaient bien peu ; il en faudra plus pour retenir notre attention, que ce soit au niveau du jeu (la

distribution est principalement composée de jeunes talents, Marie Bernier, Ariane Castellanos,

David Giguère, Robert Montcalm, Marie-Laurence Moreau, Zoé Tremblay) ou des textes. L’intrigue se positionne autour de trois couples hétéro ou homosexuels qui essaient d’avoir un bébé ou en voient un poindre sans crier gare. On espérait un esprit à la Lâcher prise ; peut-être faudra-t-il attendre un peu pour être rassasiés.

Les Morissette et moi

6 épisodes de 30 minutes

Ici, les vrais de vrais amoureux de Véro saliveront de pouvoir entrer à nouveau dans son intimité, cette fois par le biais de Les Morissette et moi, où on se concentrera principalement sur les efforts de Véro et Louis pour construire leur fondation venant en aide aux adultes autistes. Mais les «p’tits Morissette», comme la maman appelle affectueusement sa progéniture, sont quand même très présents dans les extraits projetés mardi. Qui résistera à l’enthousiasme de la petite Raphaëlle qui voit pour la première fois sa mère sur une affiche de La fureur ou à la vigilance de maman Véro et papa Louis qui s’inquiètent que leurs marmots aient avalé trop de crème glacée, le jour de la vente de garage bénéfice au profit de la fondation? Après Véro Inc, on estime que ce filon de docu-réalité avait déjà été exploité, mais semble-t-il qu’il y a encore du jus à tirer.

P.S. Merci pour tout

19 épisodes de 4 minutes

Mariloup Wolfe, dans l’ombre, mène les témoignages de deux personnes à la fois, liées ensemble par une expérience spéciale qu’elles racontent à la caméra. Par exemple, deux amies aux prises avec la maladie, un père et son fils atteint de maladie mentale, un chef pompier et un homme sauvé des flammes, des amoureux unis depuis l’adolescence, une maman et la mère porteuse qui lui a permis d’avoir son bébé, etc. Touchants, poignants, pleins de bonnes intentions, ces rendez-vous doux plairont à ceux et celles qui aiment avoir la larme à l’œil en regardant la télévision et entendre de belles histoires de gens qui s’aiment, sans flafla ou extravagances, même si on appuie très fort sur le bouton de l’émotion, surtout avec la lecture de la lettre de remerciements qui accompagne chaque témoignage.

Véronique Cloutier dévoile le contenu de Véro.tv

Véronique Cloutier dévoile le contenu de Véro.tv

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