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«Claudine»: attachante Claudine Mercier (PHOTOS)

«Claudine»: attachante Claudine Mercier
Paméla Lajeunesse

Mardi, soir de Saint-Valentin, Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts. Claudine Mercier est arrivée sur scène d’un pas décidé et a commencé dès la première seconde à larguer ses épisodes de vie, jeux de mots, observations. Elle présente aujourd’hui son cinquième one woman show, elle qui a 55 ans et qui est la cinquième enfant de sa famille. «Mike Ward se bat pour la liberté d’expression, Patrick Lagacé pour la liberté journalistique, moi c’est la Liberté 55!»

Puis, quinze minutes plus tard, on avait déjà droit à des imitations de Cœur de pirate, Marie-Chantal Toupin et ses mots mâchés («J’prends Internet pour une poubelle, maudit bordel»), Safia Nolin qui chante La Chicane, Zaz, Charlotte Cardin, Marie-Mai (que Claudine pastiche plutôt bien, malgré sa voix mature) et Sia, perruque et mouvements de danse à l’appui.

«Claudine», de Claudine Mercier

Après 25 ans de carrière, cinq ans après son dernier spectacle, celle qu’on appelle simplement Claudine en guise de titre de ce nouveau spectacle, sait ce qu’on attend d’elle et le livre avec toute la spontanéité et la fraicheur qu’on lui connaît. Son style n’a pas beaucoup bougé, mais elle a su le modeler au goût du jour. Claudine Mercier n’a pas à craindre de revenir dans un marché de plus en plus sursaturé d’humoristes ; elle a fait ses devoirs pour épouser et suivre la vague.

Certains de ses thèmes sont un peu éculés (les moqueries répétées à l’intention des hommes deviennent usées à la longue), mais l’artiste se connaît bien, sait où elle en est, est consciente de son rôle et ne tente pas d’être plus jeune ou in qu’elle ne l’est réellement. Elle n’en a pas besoin.

Le petit bout de femme est toujours aussi attachant, la voix est encore délicieusement aigue, le gag est juste, l’imitation est soignée et bien rendue. L’effort est là, le résultat aussi.

«Retour d’âge»

Les jeunes admirateurs de Mariana Mazza, de Phil Roy, de Like-Moi et de La soirée est (encore) jeune n’auront peut-être pas d’affinités avec l’humour relativement conservateur de Claudine Mercier, qui ira sans doute plus chercher les gens de sa tranche d’âge. Mais qu’à cela ne tienne, la principale intéressée le sait parfaitement et s’en amuse. Elle aborde ce fait de front dans un excellent numéro, où elle tente de noircir un peu son image proprette. Et c’est très drôle.

«Le retour de Claudine Mercier, ça fait un petit peu retour d’âge…», affirme celle qui se compare à un légume ratatiné «encore bon à faire de la soupe». «Tu vas être hashtagmatante», l’a avertie un neveu, qui lui a apparemment conseillé de donner dans la blague trash pour se démarquer. Ce que la dame s’est risquée à faire, en réinventant les classiques de «Pet et Répète» et «Le gars qui voulait rentrer dans la police», en les terminant avec des punchs joyeusement vulgaires et inattendus. Avant de, toutefois, reconnaître qu’elle n’est pas à l’aise dans ce créneau. «C’est comme si Alex Perron jouait le rôle d’Ovila Pronovost. C’est comme si Donald Trump devenait président des États-Unis…»

Ce même Donald Trump en prend pour son rhume, les politiciens québécois n’y échappent pas non plus, même Célibataires et nus reçoit son clin d’œil. Le terrain de jeu de Claudine Mercier est large et celle-ci en exploite chaque centimètre. Elle connaît visiblement l’actualité, et l’utilise autant qu’elle se permet des commentaires éditoriaux sur des visages connus. Entre autres, d’Anne-Marie Losique, elle dit : «On sait pus si c’est une bouche de cochonne ou une allergie aux peanuts (…) On dirait qu’elle a été dessinée par une petite fille de 4 ans qui dépasse…»

Savoureuse caricature d’une conférence de Danièle Henkel : le débit, l’accent, les mimiques sont quasi identiques ; seul le ton de voix de Claudine ne colle pas exactement à celui de l’ex-dragonne, et c’est franchement dommage, car tout le reste y est sans faute. C’est là une belle alternative à Lise Watier, qui a fait les beaux jours de gloire de Claudine Mercier, mais qui est moins dans l’espace public aujourd’hui.

La parodie d’En direct de l’univers, avec Ginette Reno, est tout aussi remarquable. Même Shakira est passée dire bonjour à notre Ginette! Parmi les personnages qui ont fait sa renommée, Claudine Mercier ravive sa «petite fille», qui jase de ses amis atteints de TDAH, d’allergies ou de dyslexie, adeptes de Pokémon Go. Un filon en or! Et que dire de la finale, toute en musique et en cinéma, un segment travaillé, recherché et peaufiné, chaleureusement applaudi mardi.

Ce qu’on aurait aimé, en cette première montréalaise? Que Claudine se laisse aller à un peu plus de lâcher-prise. Le texte est appris par cœur, débité à la perfection, habilement maîtrisé, mais on sent que Mercier serait assez dans son élément pour improviser davantage. Elle s’y essaie parfois, en relevant les réactions des spectateurs, mais on voudrait voir surgir la gamine en elle beaucoup plus souvent. L’ensemble gagnerait en naturel. Or, pour le reste, Claudine Mercier s’en tire avec grâce et élégance, la tête très haute.

Toutes les dates de la tournée Claudine sont disponibles au www.claudinemercier.com.

«Claudine»: le tapis rouge

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