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Baisse du taux de décrochage : est-ce que le ministère de l'Éducation dit vrai?

Baisse du taux de décrochage : est-ce que le ministère de l'Éducation dit vrai?
Caiaimage/Sam Edwards via Getty Images

Selon les dernières statistiques du ministère de l'Éducation du Québec, jamais le taux de décrochage au secondaire n'a été aussi bas en 15 ans. Alors qu'il était de 22 % en 1999, il est passé à un peu plus de 15 % en 2012-2013, selon les données officielles du ministère. Toutefois, pour certains spécialistes, il faut être prudent dans l'interprétation de ces statistiques.

« La manière utilisée par le ministère de l'Éducation au Québec induit la population et les parents en erreur », soutient le professeur titulaire associé et psychologue à la Faculté des sciences de l'éducation à l'Université Laval, Égide Royer.

Ce dernier milite pour la persévérance scolaire depuis des décennies. Pour lui, ces chiffres ne sont « que de la poudre aux yeux ».

C'est que, depuis le milieu des années 2000, le gouvernement a modifié sa façon de calculer le taux de diplomation. Auparavant, on ne considérait seulement le diplôme d'études secondaires dans les statistiques. Maintenant, le gouvernement inclut dans son calcul le taux de qualification, un taux qui englobe tous les certificats et attestations qui ne nécessitent pas d'avoir terminé son cinquième secondaire. Certains de ces programmes n'exigent qu'un premier secondaire.

Avant 2007, tous ceux qui n'avaient pas obtenu un diplôme d'études secondaires traditionnel étaient considérés comme des décrocheurs aux yeux du ministère de l'Éducation. À partir de 2007, le gouvernement a exclu tous les élèves ayant reçu une quelconque qualification de ses statistiques de décrocheurs.

Parmi ces qualifications, qui sont maintenant exclues des statistiques de décrochage, on retrouve les attestations de formation professionnelle, les certificats de formation à l’exercice d’un métier semi-spécialisé ou les certificats de formation préparatoire au travail, entre autres. Par exemple, ces élèves suivent des cours de base (français, mathématiques et anglais) et font des stages en milieu de travail.

« Donc, un élève qui a 18 ans, qui a un niveau de lecture de 4e année et qui sort avec un métier semi-spécialisé, comme plongeur, il sera calculé sur le même niveau qu'un autre qui sort avec ses sciences, ses mathématiques fortes et son français de 5e secondaire et qui s'en va en sciences au cégep », illustre Égide Royer.

Annuellement, environ 5 % des élèves de l'ensemble du réseau scolaire obtiennent ces types de diplômes de qualification.

Un taux de décrochage qui fait du surplace

Bien que le taux de décrochage officiel ait diminué depuis près de 10 ans, reste que dans les faits, il est resté le même. « Le taux annuel de décrochage pour l'ensemble du Québec est passé de 20,3 % en 2007-2008 à 16,2 % en 2011-2012, cette diminution est attribuable à l'augmentation des qualifications décernées », peut-on lire dans un bulletin statistique produit par le ministère de l'Éducation.

« Qualification, c'est la reconnaissance que l'on donne à un grand gars, car il y a deux fois plus de gars que de filles qui en obtiennent, de ce qu'il a réussi malgré ses grandes difficultés scolaires. Mais ce n'est pas un diplôme, ce n'est pas une qualification », nuance M. Royer.

En changeant sa méthode calcul, le gouvernement peut effectivement dire que sa lutte contre le décrochage est une réussite. Les données prouvent toutefois qu'en matière de diplomation, le Québec fait du surplace.

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