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«Dear Fashion Week»: quand les mannequins racontent l'obsession pour la maigreur

Quand les mannequins racontent l'obsession pour la maigreur

La Semaine de la mode de New York entame sa troisième journée de défilés ce vendredi 10 février. Dans le même temps, une autre vision beaucoup moins glamour de la mode est mise en lumière sur les réseaux sociaux depuis quelques jours. Derrière le mot-clic "dearnyfw", plusieurs mannequins révèlent la pression malsaine exercée par le milieu, qui les encourage à perdre toujours plus de poids.

L'initiative provient d'une lettre ouverte publiée sur le site de The Model Alliance, qui incite à promouvoir la diversité et la santé sur les podiums. Créée en 2012, cette association accompagne et protège les mannequins au quotidien, en luttant contre les dangers d'un système auxquelles sont confrontées de très jeunes recru(e)s, souvent vulnérables.

52% des mannequins ont déjà jeûné

Sa créatrice, Sara Ziff, avait d'ailleurs réalisé un documentaire, Picture Me, dévoilant déjà les dérives de cette industrie ultra-compétitive en 2009. D'après The Model Alliance, 71% des mannequins ont déjà fait un régime, 56% ont sauté un repas et 52% ont jeûné".

Pour rester dans la course et obtenir le maximum de contrats, certains mannequins dont la maigreur naturelle ne suffit plus utilisent des méthodes extrêmement drastiques et dangereuses, comme l'explique la danoise Sannie Pedersen au New York Post. Les hommes ne sont pour leur part pas épargnés: contraints de rentrer dans des vêtements aux proportions irréelles, ils sont nombreux à sombrer dans les troubles alimentaires.

Ayant souvent pris leur distance avec le milieu de la mode, la plupart des mannequins ayant rejoint la Model Alliance tentent aujourd'hui de se reconstruire et de diffuser un message positif:

"Je me souviens encore de cette période où je m'interdisais de manger après 18h... Mon IMC était clairement anorexique... Et j'étais affamée. Lorsque cette photo a été prise, mon poids était de 56 kilos pour 1m80."

The day this picture was taken, the photographer refused to let me return to set until I had eaten a plate of pasta—more than I had eaten at one sitting in months. I was so angry. Yet, he was the only person back then who pointed out I had a problem: I was eighteen years old, six feet tall, and weighed 113lbs. Based in Paris, I worked every day, often flying in and out of European cities for bookings. When—understandably—my body could no longer sustain this lack of nutrition vs. energy exertion and I started gaining some weight, I was taken into my agency director’s office and told to not eat for the next 2 days and to not eat much at all for the next 2 weeks. The next day, I was sent home feeling like a failure. I never heard from that agency again. A teenager, I had only been doing what was asked of me in order to succeed at my job. The damage all this did to both my body and mind is something that will never escape me. Last week @modelallianceny published results from the first ever study of its kind citing evidence of the prevalence of not only eating disorders in the fashion industry, but of those in charge verbally demanding it. This is harmful for both the models involved and those who view their images internalizing that this is how a healthy woman's body should look. Now is the time for change. No woman fits into one body shape, size, or color. It’s time for the fashion industry to reflect this and for women to stop suffering for the sake of an arbitrary, unrealistic ideal. #dearnyfw #modelallianceny #timeforchange #diversityinfashion #bodypositive #eatingdisorderawareness

Une photo publiée par Ainsley McWha (@home.sweet.idahome) le

"Le jour où cette photo a été prise, le photographe a refusé de me laisser quitter le studio avant que j'aie mangé un plat de pâtes - ce qui était plus que ce que je n'avais jamais avalé en plusieurs mois. J'étais tellement en colère. Il était la seule personne qui avait remarqué que j'avais un problème: j'avais 18 ans, je mesurais deux mètres et pesais 51 kilos. J'habitais à Paris, je travaillais tous les jours, je m'envolais souvent vers d'autres villes européennes pour des contrats. Lorsque - naturellement - mon corps ne pouvait plus supporter cette carence nutritionnelle versus la dépense énergétique et que j'ai commencé à prendre du poids, mon agence m'a convoqué et m'a conseillé de ne pas manger les deux prochains jours et de me nourrir peu les deux semaines suivantes. Le lendemain, j'étais renvoyée chez moi avec un sentiment d'échec. Je n'ai plus jamais entendu parler de cette agence. En tant qu'adolescente, j'ai simplement fait ce qu'on m'a demandé de faire pour réussir ma carrière. Les dégâts provoqués sur mon corps et mon esprit ne me quitteront jamais."

"Même le fait d'être maigre naturellement n'empêche pas les mannequins d'être mises sous pression... Lorsque j'étais au Japon ils prenaient nos mensurations deux fois par semaine (jambes, bras, hanches, taille) avant de contrôler notre poids. Et même si vous ne preniez que 500 g l'agence faisait la "grimace". J'avais 22 ans à ce moment-là et cela ne m'atteignait pas, mais le sentiment d'être jugée était tellement insupportable. Les filles de 13 à 16 ans réagissaient de manière très violente à cela. Elles mangeaient des salades et avaient peur de prendre un morceau de pain supplémentaire ou quelque chose de sucré. Ce n'est pas une vie, c'est comme une torture et cela doit vraiment s'arrêter! Il devrait y avoir une mesure qui protège les jeunes filles et des règles claires quant à la manière de traiter les mannequins, pour que cette industrie soit plus facile à vivre pour tout le monde".

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