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François Fillon admet avoir commis une «erreur» morale en persistant à embauche sa femme

Fillon engage la lutte pour sa survie politique

Le candidat de la droite à la présidentielle française, François Fillon, a reconnu lundi en conférence de presse qu'il a commis une « erreur » en persistant à embaucher son épouse comme collaboratrice parlementaire, même si cela était parfaitement « légal » et son salaire, « parfaitement justifié ». Il n'entend aucunement quitter la course.

Dénonçant les « dix jours de lynchage médiatique » dont il a été l’objet, l’ancien premier ministre français s’est longuement appliqué à défendre sa probité, mise à mal par des révélations du Canard enchaîné selon lesquelles Penelope Fillon aurait été rémunérée pour un « emploi fictif ». Des allégations similaires concernant deux de ses enfants sont apparues par la suite.

L’affaire a plombé sa campagne à un point tel que M. Fillon est aujourd’hui donné troisième dans les sondages, derrière Marine Le Pen, du Front national, et Emmanuel Macron, ex-socialiste ayant démarré son propre mouvement, En marche! La conférence de presse de lundi visait à répondre à ces questions et à redresser la barre.

M. Fillon a assuré d’entrée de jeu que l’éthique dont il a fait preuve au cours de ses 32 années de vie politique était « irréprochable ». Il assure avoir œuvré pour le bien de la France « sans jamais enfreindre la loi et sans jamais déroger aux valeurs qui sont les [siennes] ».

Sa femme, a-t-il plaidé, a bel et bien été sa « collaboratrice » parlementaire et celle de son suppléant pendant 15 ans. Mais cela était légal et son salaire mensuel de 3677 euros par mois était « parfaitement justifié » non seulement en raison de ses diplômes de droit et de lettre, mais aussi parce que son travail était « indispensable ».

Penelope Fillon travaillait dans l'ombre, a-t-il soutenu, évoquant notamment « un tas d'actions diverses » qui « peuvent paraître anodines à certains, mais qui sont indispensables à la démocratie locale », qu'il s'agisse de gérer du courrier, de tenir son agenda, d'organiser des événements locaux, etc.

Sur le plan moral ou éthique, il faut cependant avoir le « courage » de « reconnaître ses erreurs », a poursuivi M. Fillon. Bien que cette pratique était légale, « ce qui était acceptable hier, à défaut d’être accepté, ne l’est plus aujourd’hui ». La société a évolué et « je regrette de ne pas l’avoir compris plus tôt » a ajouté, en précisant avoir cessé cette pratique il y a trois ans.

C’était une erreur, je le regrette profondément et je présente mes excuses aux Français.

- François Fillon

M. Fillon a indiqué qu’il publiera en soirée le détail de la rémunération obtenue par son épouse. Il assure cependant qu’il n’est aucunement question que ces sommes soient remboursées, puisqu’elles ont été obtenues en échange d’un travail réel.

Le candidat de la droite a en outre assuré qu'il n'entend pas se retirer de la course. « Rien ne me détournera des vrais enjeux de cette élection présidentielle », a-t-il argué, avant d'ajouter qu'« aucune instance n'a la légitimité pour remettre en cause le vote de la primaire ». Selon lui, « une majorité de Français de droite souhaite [qu'il] porte [son] projet de rupture », qui « dérange le désordre établi ».

Si le parquet national financier l'a interrogé, tout comme sa femme, sur cette affaire, c'est parce que « les personnes en charge de l'enquête sont toutes nommées par le gouvernement » socialiste.

M. Fillon est aussi tombé à bras raccourcis sur les médias, qu'il tient responsables des « attaques d'une violence inouïe » dont il a été victime. « Du jamais vu sous la Ve république », selon lui. Il a aussi accusé la presse de faire du sensationnalisme en évoquant une somme de 1 million d'euros empochée par ses proches.

N'importe quel montant brut présenté de la sorte peut devenir spectaculaire. Il n'y a que pour la famille Fillon qu'on se livre à un tel exercice.

- François Fillon

François Fillon n'a pas caché que toute cette controverse a eu sur lui l'effet d'un « coup de tonnerre », et qu'elle l'a déstabilisé. Il a néanmoins assuré qu'une « nouvelle campagne » commence et qu'il la mènera avec « une énergie décuplée et une détermination farouche ».

« Peut-être que la colère froide en moi va me donner plus de force », a-t-il aussi avancé.

Selon un sondage publié par le Journal du Dimanche, 68 % des Français souhaitent le retrait du candidat de la droite, qui fait par ailleurs l'objet de nouvelles révélations ce lundi, gracieuseté du quotidien Le Monde. La semaine dernière, nombre d'élus et de ténors du parti Les Républicains (LR) n'ont pas hésité à envisager, publiquement ou en privé, son retrait et son remplacement par un autre candidat.

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