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Philippe Thibault-Denis: assoiffé de théâtre et de travail

Philippe Thibault-Denis: assoiffé de théâtre et de travail
Andréanne Gauthier

Diplômé du Conservatoire d’art dramatique de Montréal depuis moins de cinq ans, Philippe Thibault-Denis a déjà à son actif plusieurs rôles majeurs au théâtre : D’Artagnan dans Les Trois Mousquetaires, le jeune premier dans Roméo et Juliette, et Danceny dans Les Liaisons dangereuses. En février, l’acteur sera également à l’affiche d’Assoiffés, une pièce de Wajdi Mouawad qui a été jouée près de 250 fois à travers le monde entre 2006 et 2012. Portrait d’un bourreau de travail.

Dans quel contexte as-tu goûté au jeu pour la première fois?

Vers 12 ans, je me suis joint à une troupe de théâtre qui se réunissait dans une église à Boucherville et j’ai tout de suite pogné de quoi! Avant, j’étais un ado nonchalant. Mais là, je venais de trouver quelque chose qui m’allumait pour vrai et je n’ai jamais vraiment arrêté. J’ai étudié en théâtre au Cégep de Saint-Laurent, avant d’être admis au Conservatoire.

Te trouvais-tu bon acteur dès le départ?

C’est drôle, un jour, mon grand frère m’a fait un commentaire sur ma performance dans une pièce, en me disant que je chantais plus fort que les autres. Et ça m’avait tellement blessé! J’ai longtemps cru que je n’étais pas bon, même si j’aimais vraiment ça. Avec le temps, j’ai compris qu’être bon, ce n’est pas seulement un talent brut. C’est s’impliquer dans un projet et travailler vraiment fort. Moi, les acteurs que j’aime sont ceux qui sont sincères et qui bûchent.

Pourquoi as-tu voulu en faire un métier?

C’est un mélange de rêve et d’inconscience. Mes parents avaient des métiers assez straight – ma mère est médecin généraliste et mon père est un avocat à la retraite – et ils ne m’ont jamais fait sentir que le théâtre était un choix risqué. Ils nous ont toujours fait comprendre qu’on pouvait faire ce qu’on voulait, si y mettait les efforts. Rendu à 16 ans, j’ai compris que je payais pour suivre des cours de théâtre, mais que certaines personnes étaient payées pour en faire : je trouvais qu’il y avait quelque chose de merveilleux là-dedans! J’ai donc décidé de tenter ma chance, en me disant que la vie me ferait signe de changer de branche au besoin.

Tu t’es d’abord fait remarquer dans des rôles de jeunes premiers, alors que plusieurs acteurs apprécient moins ces personnages, parce qu’ils les trouvent moins riches. Comment y trouves-tu ton compte?

Je ne trouve pas que ce sont des rôles moins intéressants. Roméo est d’une violente candeur, à s’en crisser par les fenêtres! Il a une telle intensité dans ses émotions qu’il en devient parfois pénible pour ses amis. Mais quand il rencontre Juliette, tout son « avant » disparaît et il ressent une espèce d’amour sans compromis. D’Artagnan et Danceny était hyper riches eux aussi. Pour moi, la subtilité se trouve dans le texte, dans le délire qu’on crée avec le metteur en scène et dans le projet lui-même.

Était-ce vertigineux de tenir le premier rôle des mégas productions théâtrales des deux derniers étés?

Je n’étais pas nerveux, parce que j’ai gardé une part d’insouciance de mon adolescence. Si je pensais au fait que j’avais le rôle-titre dans un projet dans lequel le TNM et Juste Pour Rire avaient investi énormément d’argent, et une pièce que tout le monde dans la salle connait, c’aurait été difficile d’être libre sur scène et d’avoir du plaisir. De toute façon, je faisais confiance à l’équipe qui m’entourait et à mon travail. Sans être trop confiant, je m’assure de travailler fort et de jouer le rôle le plus honnêtement possible, pour ensuite me dire que je n’ai plus de pouvoir sur le reste.

À la télé, on te voit aussi dans Unité 9. Est-ce que ton personnage de Justin Boileau va prendre plus de place?

Je n’ai pas reçu encore les textes de la prochaine saison, alors j’ignore si on va suivre de près le procès de Caroline (Salomé Corbeau) que Justin défend ou si on va en découvrir plus sur le lien qui l’unit à Kim Vanier (Élise Guilbault). Mais dans les informations qu’on a reçues au départ sur nos personnages, il y a encore énormément de choses qui n’ont pas été exploitées.

En février, tu joueras avec Rachel Gratton et Francis La Haye dans Assoiffés, un texte de Wajdi Mouawad, dans une mise en scène de Benoit Vermeulen. Dans la pièce, Boon, un anthropologue judiciaire évoque la découverte de deux corps enlacés au fond des mers : celui de ton personnage, Murdoch, un adolescent disparu il y a 15 ans, et celui de Norvège, une jeune femme. Comment décrirais-tu Murdoch?

C’est un ado qui se réveille un matin en sentant que toute sa facilité de l’enfance a disparu. Il se demande à quoi ça sert d’aller à l’école, de se bourrer le crâne d’informations, de revenir à la maison pour avoir des conversations futiles avec ses parents, d’aller se coucher et de tout recommencer chaque jour, jusqu’à ce qu’il travaille et qu’il finisse par crever. Il est dans un état de panique et il essaie de sortir de son incompréhension. En répétitions, j’apportais beaucoup de rage à mon personnage. Je le jouais dans la confrontation. Mais le metteur en scène voulait qu’on sente plus désespoir et qu’il désire des réponses à ses questions pour immerger de son mal-être. Je pense aussi que c’est plus vrai et touchant de dire « je suis en train de couler, aidez-moi. »

Donc, la pièce s’attarde à la vie des deux jeunes et à l’adolescence de Boon?

Exact. Boon raconte son adolescence en parallèle avec celle de Murdoch, un étudiant avec qui il allait au secondaire. Un jour qu’il essayait de faire un travail sur la beauté, sans y arriver, il a rencontré Murdoch, qui était en pleine quête de sens, et ça l’a inspiré. Et quand Murdoch découvre le travail, ça l’éveille au monde et ça lui donne certains débuts de réponses sur la vie. Ensuite, le travail de Boon sur la beauté finit par se matérialiser sous la forme de Norvège, la jeune fille. Murdoch sent alors qu’il a trouvé un sens à la vie et il ne veut pas perdre Norvège. Il essaie de tout cristalliser. Le texte de Wajdi est jouissif à jouer. C’est tellement beau!

La pièce Assoiffés sera jouée au Théâtre Denise-Pelletier du 8 au 25 février 2017. Cliquez ici pour plus de détails : http://www.denise-pelletier.qc.ca/spectacles/56/

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