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Alexandre Taillefer offre un vibrant plaidoyer contre le suicide à «Tout le monde en parle»

TLMEP: Alexandre Taillefer offre un vibrant plaidoyer contre le suicide

Porte-parole de la 27 Semaine nationale de la prévention du suicide après que son fils Thomas se soit enlevé la vie il y a 13 mois, l’homme d’affaires Alexandre Taillefer était de passage à Tout le monde en parle, dimanche, où il a débité plusieurs statistiques inquiétantes.

Ainsi, chaque jour, trois personnes, en moyenne, se suicident au Québec. C’est plus de 1150 personnes par année qui mettent fin à leurs jours, un chiffre trois fois plus élevé que le nombre de gens qui décèdent dans un accident de la route. On dénombre en outre 28 000 tentatives de suicide par année dans la province, ce qui signifie qu’une personne sur 24 réussira à s’enlever la vie. Citant un article du Devoir, Alexandre Taillefer a souligné qu’environ 150 000 personnes ont songé au suicide de façon active l’an dernier.

«Le suicide n’est pas une option», voilà le slogan de la Semaine nationale de la prévention du suicide 2017. Et Alexandre Taillefer a abondé dans le même sens en détaillant à quel point le suicide peut causer des ravages.

«Ce n’est pas simple, parce que les gens ne parlent pas nécessairement de cette intention-là, a relevé d’entrée de jeu l’ex-Dragon. Dans le cas de Thomas, on a rencontré de nombreuses personnes, on a fait de nombreux tests, et son côté suicidaire n’a pas été décelé. On a trouvé des messages par la suite, qui avaient été écrits, qui faisaient référence à ce désir-là.»

«Les gens vont beaucoup s’ouvrir à quelqu’un qui n’est pas nécessairement proche d’eux, a poursuivi Alexandre Taillefer. À la base, c’est souvent un problème de maladie mentale, une dépression, et les gens sont encore honteux de parler de cette condition, de choses qu’ils ressentent. Au Québec, entre autres, tous les centres de prévention du suicide ont une ligne, les gens appellent quand même beaucoup.»

Repenser la prévention

Le fondateur de Téo Taxi a déploré le fait que l’utilisation du téléphone et des SMS soit désormais en «chute libre», les jeunes préférant désormais diverses applications web pour communiquer, ce qui complique les façons de rejoindre les personnes en détresse et de les convaincre d’aller chercher de l’aide. Il faudra s’adapter, a-t-il insisté.

«Il est temps de revoir les outils qu’on va offrir pour que les gens puissent communiquer avec des spécialistes qui vont les aider à comprendre ce qui se passe dans leur tête», a martelé Alexandre Taillefer.

Son propre garçon avait fait part de ses intentions sur la plateforme Twitch, une propriété d’Amazon. D’ailleurs, lors de son dernier arrêt à Tout le monde en parle, Alexandre Taillefer avait indiqué qu’il contacterait l’administration d’Amazon pour faire la lumière sur les propos tenus par son fils et le peu d’attention que le site y avait porté.

«C’a été une décision très difficile. À la base, j’ai essayé de mettre mes avocats là-dessus. Et d’avoir un ton qui était américain, peut-être même «Trumpien». Et c’a été un sujet de discussion important, entre Debbie, mon épouse, et moi. Et on a décidé d’adopter une stratégie autre, essayer d’y aller avec une approche empathique, essayer de les convaincre de participer à cet effort, d’un point de vue très différent.»

Alexandre Taillefer estime qu’une oreille attentive devrait constamment être déployée sur ce genre de réseaux, ce qui inciterait peut-être les personnes à risque à se confier davantage.

«Il y a une barrière qui s’établit derrière l’ordinateur, qui est propice, je pense, à ce genre d’échange-là».

Gabrielle Boulianne-Tremblay

«Tout le monde en parle»: 29 janvier 2017

Trop d’appareils électroniques

Celui qui vient de se porter acquéreur du magazine L’Actualité a milité, dimanche, pour un investissement massif du gouvernement dans des initiatives en santé mentale.

«Pour moi, il y a un enjeu fondamental : on ne considère pas les maladies mentales adéquatement en termes de sérieux (…) S’il y a une chose qu’on peut faire dans notre société aujourd’hui pour diminuer les coûts de santé, qui sont en train d’exploser, c’est d’investir en psychiatrie, mettre plus d’argent dans la prévention, en santé physique et en santé mentale. On est une gang de cabochons de ne pas le faire», a-t-il argué sous les applaudissements de la foule.

Alexandre Taillefer a dit blâmer sévèrement l’omniprésence d’appareils électroniques dans nos vies et les contacts humains qui diminuent sans cesse.

«Je veux que les gens comprennent que de passer 40 heures par semaine devant un ordinateur, ce n’est pas un comportement normal», a-t-il décrété, avant de servir un avertissement à son épouse.

«Debbie, je te le dis, plus de téléphone dans la chambre à partir de 21h, that’s it

Parmi les symptômes à surveiller lorsqu’on soupçonne des idées suicidaires chez quelqu’un, l’impulsivité et les changements de comportements sont des indices notables, a énuméré Alexandre Taillefer.

«Perdre un enfant, il n’y a rien de pire au monde», a déclaré l’homme, avec sensibilité et aplomb, avant de prodiguer un conseil important aux gens qui survivent à ce geste fatal.

«La première chose qu’il faut faire, c’est de s’assurer qu’on ne se sente pas coupable. Ça ne veut pas dire que je pense que je n’aurais pas pu faire mieux ; j’aurais pu faire mieux. Mais de le vivre avec un sentiment de culpabilité le restant de tes jours, d’avoir des pensées noires, des idées noires, tu vas ruiner ta vie, ruiner la vie des gens autour de toi. Ce sont des conditions qui sont difficilement détectables, et ce sont des conditions qui n’ont rien à voir avec le fait qu’un papa soit parti en Chine pendant une semaine avant que ça arrive. Ce n’est pas parce que j’étais en Chine que mon fils s’est enlevé la vie. Il avait une dépression profonde et il faut comprendre ça, ne pas se sentir coupable.»

Taillefer l’a admis à une question de Guy A.Lepage, il s’étourdit dans le travail depuis la disparition de son fils.

«Certaines personnes vont tomber dans autre chose. Moi je suis tombé dans le travail. Je m’en donne à cœur joie aujourd’hui. Parce que j’essaie de ne pas faire reposer mon hamster trop, trop. Parce que, quand le petit hamster commence à tourner tout seul dans sa cage, c’est pas mal moins drôle…»

«Et Éric, je ne peux plus écouter tes tunes, tabarouette! Surtout pas Loadé comme un gun… Parce que ça me chamboule, ça n’a pas de bon sens», a-t-il ajouté, en se tournant vers Éric Lapointe qui était assis près de lui. Ce à quoi le chanteur a spécifié que Loadé comme un gun parle essentiellement de suicide assisté.

«Détestable» Jeff Fillion

En terminant, Alexandre Taillefer a commenté les agissements de Jeff Fillion, qui avait tweeté un commentaire méprisant à son égard le soir de son entrevue à Tout le monde en parle, au printemps dernier. À la suite de la controverse, Jeff Fillion avait perdu son micro à Énergie 98,9, à Québec.

«Malheureusement, Jeff Fillion est un personnage qui est vraiment détestable. C’est quelqu’un qui m’a pris comme tête de Turc, un gars vraiment méchant. Quand j’ai lu ça, ca faisait déjà 3 ou 4 mois, à chaque semaine, qu’il se moquait de moi. Et c’a été tout simplement la suite de ça. Quand il s’est fait remercier, je l’ai contacté, je lui ai envoyé un courriel. Je lui ai dit : «Je suis désolé, par rapport à qui se passe, je pense que la liberté d’expression, c’est important.» Et, quand il s’est retrouvé une job, il a recommencé exactement le même cirque. Aujourd’hui, c’est trois fois par semaine, des commentaires à mon égard, à l‘égard de mes entreprises…»

Aux dires de Taillefer, Jeff Fillion est un «mange-Québécois», «qui vénère Trump».

«On a tendance à associer ce moron-là (…) cet imbécile-là, cet analphabète de l’économie, à associer ça à la population de Québec. Et ce n’est pas vrai. C’est un gars qui est contesté à Québec, les gens l’ont en horreur. (…) On en a assez parlé. Il ne faut pas en parler de ces imbéciles-là, c’est tout», a conclu Alexandre Taillefer.

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