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«Humeurs d'une femme mûre et divertissante»: conversations comiques avec Lise Dion

«Humeurs d'une femme mûre et divertissante»: conversations comiques avec Lise Dion
Julien Faugère

Tranches de vie, réflexions humoristiques, anecdotes : les Humeurs d'une femme mûre et divertissante de Lise Dion pourraient porter plusieurs appellations, mais l'humoriste leur préfère le terme «conversations».

«J'aurais pu nommer ça Conversations avec mes amies, déclare l'humoriste, qui lançait mardi ce sympathique recueil de courtes capsules comiques de deux pages et moins, son deuxième livre en carrière. C'est vraiment une conversation entre femmes.»

À l'intérieur de quatre grands chapitres baptisés selon les saisons, la dame jase des résolutions qu'on a du mal à tenir, de la charrue qui l'ensevelit sous la neige, du magasinage, des sacres, des convictions, de l'homme de ses rêves, de ses fantasmes de loteries, de ses arrêts aux douanes, de son chien, de son entourage aussi coloré qu'elle, de technologie, de mammographie, des odeurs, du temps qui passe, de ses petits péchés, et même du sperme.

Bref, de mille et une perles du quotidien auxquelles on s'arrête trop ou pas du tout, avec de petits punchs et mots d'esprits de son cru. Humeurs d'une femme mûre et divertissante, c'est du pur Lise Dion, dans le style accessible, pimpant, lucide et plein d'autodérision qu'on lui connaît. Plusieurs personnes, surtout les femmes de son âge, au tournant de la soixantaine, s'y reconnaîtront.

«Je ne veux pas être le porte-étendard de ce que les femmes de mon âge vivent, mais je sais que, même si mes propos sont parfois exagérés, on est souvent toutes sur la même longueur d'ondes. J'avais envie de partager ça avec elles. Je voulais faire un peu de correspondance avec mon public, je les imaginais en train de lire ça», explique Lise Dion, précisant du même souffle qu'elle a elle-même vécu environ 25% de ce qu'elle raconte dans le bouquin.

«J'ai écrit sur les sujets qui m'inspiraient le plus dans ce que j'ai vécu. Le reste, ce sont des amies qui m'ont raconté des anecdotes. J'ai puisé un peu partout dans mon entourage, mais aussi dans les livres de croissance personnelle, de «comment organiser sa maison», «comment être heureuse». Je voulais montrer que ce n'est pas toujours ça qui arrive (rires) Même si on a 150 livres pour trouver le bonheur, ce n'est pas nécessairement comme ça que ça se passe...»

«C'est un livre pour sourire, pour se changer les idées. C'est proche des gens, c'est ce que j'aime, et j'espère qu'il va traîner partout pour faire rire le plus de monde possible», complète Lise Dion.

L'amour du livre

Il aurait fallu plus que la neige et les rues glacées de Montréal pour freiner l'enthousiasme de Lise Dion mardi, à la veille de la sortie en librairies de son dernier-né.

«C'est excitant, un livre, s'enthousiasme-t-elle. Ce n'est pas aussi «traquant» qu'un spectacle, mais ça provoque plus d'émotions. Un livre, c'est un aboutissement. C'est génial de voir la pochette, les pages imprimées. Ça ferme une boucle. Ça m'émeut beaucoup.»

La première œuvre littéraire de Lise Dion, parue au début 2011, Le secret du coffre bleu, qui relate l'histoire de sa maman dans les camps de concentration nazis, s'est écoulée à plus de 75 000 exemplaires. Or, malgré l'exploit, en ces années de vaches maigres pour le livre au Québec, et malgré les centaines de pages de textes pondues pour ses propres spectacles et ceux d'autres humoristes, l'artiste refuse de se définir comme une auteure.

Elle ressent bien un frisson de fierté la parcourir lorsqu'elle aperçoit le numéro d'attribution de la Bibliothèque nationale dans les premières pages de son ouvrage - le détail qu'elle regarde en premier -, mais elle soutient souffrir encore du syndrome de l'imposteur.

«Pour moi, un auteur, c'est Michel Tremblay et Marie Laberge, échappe-t-elle sans détour. J'ai tellement consommé de livres dans ma vie que j'ai de la misère à me voir comme une auteure.»

Consommatrice assidue de romans québécois, Lise Dion cite Douglas Kennedy parmi ses plumes favorites, et affirme avoir été grandement marquée par Il pleuvait des oiseaux, de Jocelyne Saucier.

«J'aime entrer dans différents univers. J'aime sentir un livre, c'est un objet que je respire avant de commencer à lire. Mais je n'ai pas le temps autant que je le voudrais, de lire, sans arrière-pensée. C'est-à-dire que je lis beaucoup de livres qui vont me donner des idées pour écrire, mais j'ai du mal à me relaxer, à ne penser à rien et à lire seulement pour le plaisir. J'ai plusieurs livres qui sont remplis de post-it, je note des idées, mais ça me manque de lire pour me détendre.»

Un nouveau spectacle

Les thèmes abordés dans Humeurs d'une femme mûre et divertissante, Lise Dion aurait pu en traiter sur scène. D'ailleurs, celle à qui Wyclef Jean a fait les yeux doux à Tout le monde en parle, dimanche, consacrera les prochains mois à mettre la table en vue de son quatrième one woman show, qu'elle compte commencer à écrire officiellement en mai ou juin.

Des représentations de rodage sont prévues pour le début 2018, après quoi la tournée devrait s'enclencher vers l'automne de la même année.

«Je veux me nourrir, aller voir le plus de spectacles possibles, voir ce qui se fait côté technique, pour déterminer comment on pourrait monter le prochain show. Je veux voir où on est rendus, en humour ; j'ai tellement vu de belles choses en projections! Il paraît qu'il y a 22 humoristes qui vont sortir des spectacles, cette année (rires). Alors, je veux observer comment le public réagit, les sujets abordés. Je suis curieuse. Je veux lire le plus possible, aller au cinéma, me remplir d'images pour m'aider à former le squelette du spectacle qui s'en vient et m'inspirer.»

Après toutes ses années de métier, on peut dire que Lise Dion a gagné un public fidèle - elle a vendu plus d'un million de billets à travers ses trois tournées -, mais la travailleuse acharnée ne s'assoit pas sur ses lauriers et bosse fort pour ne pas se faire dépasser par les tendances. Sa hantise? Qu'on la catégorise «matante».

«J'ai vraiment l'intention de me mettre en danger avec mes gags. Je vais aller tester un numéro ou deux au Bordel. Je l'ai fait avant chaque show que j'ai fait, jouer dans des places avec un public jeune, pour voir si j'atteins encore tout le monde, si je suis up to date (rires), si mes jokes ne sont pas trop «matantes». Je ne me suis jamais assise sur les acquis que j'ai avec mon public. J'ai toujours travaillé avec des metteurs en scène qui m'ont forcée à me dépasser, qui ne m'ont pas fait de cadeaux. Et, en général, ça porte fruit», conclut Lise, qui n'aspire pas à rejouer à la télévision ou au cinéma dans un avenir rapproché, et qui ne projette pas non plus écrire de suite à Humeurs d'une femme mûre et divertissante.

Humeurs d'une femme mûre et divertissante - Lise Dion - Éditions Libre Expression - 208 pages. En vente mercredi, le 25 janvier.

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