Après avoir fait la pluie et le beau temps avec ses entrevues coup de poing
à TVA au tournant des années 2000, Paul Arcand se lance dans un nouveau
projet, à la même antenne.
L’homme de confiance des matins du 98,5 FM mènera à nouveau de grandes
entrevues, dès l’automne prochain, dans Conversation secrète, une
série de tête-à-tête événementiels réalisée par Jean Lamoureux et produite
par Guy Villeneuve, du groupe Fair Play.
C’est ce qu’on a annoncé lors d’une conférence de presse très courue, mardi
matin. Une dizaine de rencontres de 60 minutes sont prévues, mais aucune
date de diffusion n’a encore été arrêtée. Ces «conversations secrètes»
pourraient donc être toutes condensées à l’automne 2017, ou alors étalées
un peu partout en 2017-2018, c’est à voir.
Politiciens, athlètes, artistes, gens d’affaires, personnalités de tous
horizons qui ont envie de faire le point sur leur vie et de se vider le
cœur, bref, invités qui veulent vraiment parler, qui ont des choses à dire,
qui n’ont besoin que d’une tribune pour le faire à grande échelle, sans
multiplier les passages dans tous les médias : Paul Arcand souhaite
s’entretenir avec des voix qui ont le goût de se confier et qui, surtout,
n’ont pas la langue de bois.
Il ne sera absolument pas question, ici, de marteler des dates de
spectacles ou de promouvoir livres ou albums. On ne sera ni dans la
complaisance, ni dans l’attaque mais, fidèle à lui-même, Arcand tentera
toujours d’obtenir de vraies réponses. Par exemple, Guy Cloutier serait un
excellent candidat à interviewer à Conversation secrète.
«Je veux faire des entrevues avec des gens qui en donnent peu, qui,
parfois, ne veulent en donner qu’une seule, a illustré Paul Arcand. Je sais
qu’on est au Québec et que ce n’est pas toujours facile, mais je pense que
ça peut se faire.»
«On ne fait pas une entrevue de la même façon avec quelqu’un qui est dans
une controverse et avec, par exemple, un père qui a oublié son enfant dans
sa voiture. Il y a des entrevues où il faut amener une personne hors de son
terrain habituel ; dans d’autres cas, il faut confronter gentiment. Ce ne
sera pas un hot seat de 30 minutes sur l’actualité avec un
ministre ; ça, je le fais à la radio tous les jours. L’idée, c’est de bien
cibler les gens. J’ai des noms en tête, mais la liste peut changer le mois
prochain», a ajouté le communicateur.
Est-ce que Conversation secrète heurtera Tout le monde en parle
et enlèvera quelques convives possibles à Guy A.Lepage? On verra bien.
En mouvement
Pourquoi «secrète»? Parce qu’avec les 10 caméras cachées qui capteront
l’entretien – la signature de Jean Lamoureux, maître d’œuvre de grands happenings
de variétés tels Star Académie, Sur invitation seulement et les spectacles de
Céline Dion, se fera certainement sentir -, les interlocuteurs de Paul
Arcand n’auront pas l’impression d’être scrutés comme d’ordinaire sur un
plateau de télévision. On suppose que, le stress de la lentille en moins –
toujours présent, même chez les plus habitués -, les confidences couleront
plus facilement.
Autre caractéristique de Conversation secrète, les entrevues y
seront réalisées en déplacement, à pied, dans les rues de Montréal ou d’une
autre ville, dans un lieu significatif pour l’invité(e) du jour. Il n’y
aura en principe qu’un long échange par épisode.
Cette nouveauté est l’adaptation d’un format français d’envergure qui a
porté le même nom sur Canal+, entre 2013 et 2016. Vincent Cassel, Gérard
Depardieu, Omar Sy, Tony Parker, Arnaud Lagardère et les politiciens Alain
Juppé, Christiane Taubira et Manuel Valls s’y sont ouverts à l’animateur
Michel Denisot.
À la télévision, Paul Arcand a fait ses débuts à TQS, dans les années 1980,
dans un «show weird en tabarouette», a rigolé le principal
intéressé. Il menait alors une ligne ouverte devant la caméra. «Ce n’était
pas bien bon, c’était vraiment mauvais, vraiment nul.» Une minisérie plus
tard, toujours à TQS, il a ensuite abouti à TVA, où il a piloté Arcand,
de 2000 à 2005. On se souvient qu’il discutait alors avec
les acteurs de l’actualité brûlante du moment. Il est ensuite revenu sur la
chaîne à quelques reprises pour des spéciaux épisodiques liés à divers
sujets.
Paul Arcand l’a précisé d’entrée de jeu mardi, il ne tenait pas à refaire
de la télé simplement pour le plaisir de voir son visage à l’écran.
«J’avais un certain nombre de critères», a-t-il avoué. Il attendait une
formule qui l’interpellerait et a quand même hésité lorsque la proposition
de Conversation secrète est venue à lui, au printemps dernier, à
la fin de sa saison de radio. Il lui a d’abord fallu visionner quelques
tranches de la mouture originale, et qu’on lui confirme qu’il allait
travailler avec Fair Play et Jean Lamoureux, avant qu’il plonge dans
l’aventure.
«La liberté, la marge de manœuvre, c’est important pour moi. Il faut avoir
du plaisir dans ce qu’on fait. J’ai du plaisir à la radio, et je voulais
faire de la télé avec des gens avec qui j’avais envie de travailler.»
Le fait que ce nouvel engagement ne se déploie pas à un rythme hebdomadaire
a contribué à convaincre celui qui a signé un contrat à long terme avec
Cogeco, et qui est donc au 98,5 pour y rester, malgré sa collaboration à
TVA.
«Un contrat à long terme… signé il y a longtemps», a-t-il ricané, mardi,
avant de préciser : «On est encore là pour quelques années».
Les tournages de Conversation secrète commenceront au printemps.
La direction de TVA a profité de l’annonce de mardi pour indiquer que Virages, la série de Marie-Claude Barrette, n’a pas été renouvelée pour l’instant, mais pourrait revenir de façon sporadique.
Quelques faits sur Paul Arcand
- Né à Saint-Hyacinthe au début de la Révolution tranquille
- Bachelier en Science politique de l’Université de Montréal
- A débuté sa carrière à la station de radio CKBS, dans sa région natale,
où il a livré ses premiers bulletins de nouvelles dans les années 1970
- Est parti pour Montréal en 1980 pour devenir journaliste à CKVL
- S’est joint à l’équipe de reporters de CJMS l’année suivante et est
devenu directeur des nouvelles et directeur du groupe Radiomutuel en 1985
- A intégré l’équipe de CKAC en 1994 et y a été chef d’antenne de Bonjour Montréal, jusqu’à son entrée au 98,5 FM, en 2004
- En 2005, il a proposé le documentaire Les voleurs d’enfance, qui
a généré 1,7 million de dollars aux guichets, un record pour le genre
- En 2007 et 2012, il dévoilait deux autres documentaires, Québec sur ordonnance et Dérapages
- Récipiendaire du Métrostar du Meilleur animateur d’émission d’affaires
publiques de 2002 à 2005 et du Prix Artis dans la même catégorie, en 2007
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