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«La bonne âme du Se-Tchouan» au TNM: Isabelle Blais incarne la dualité humaine (ENTREVUE)

«La bonne âme du Se-Tchouan»: Isabelle Blais incarne la dualité humaine
Yves Renaud

Dans une Chine imaginaire, Shen Té la prostituée essaie de transformer son existence en achetant un petit commerce de tabac, un lieu où hommes et femmes tenteront de profiter de sa bonté et de lui voler son cœur, pour mieux vider ses poches. Jusqu’au jour où son cousin Shui Ta surgira et se débarrassera de ces parasites humains en mettant à profit sa dureté en affaires. Les deux personnages, qui sont en réalité deux côtés d’une même personne, seront interprétés par Isabelle Blais dans La bonne âme du Se-Tchouan au Théâtre du Nouveau Monde.

«La bonne âme du Se-Tchouan» au TNM

Si elle croyait d’abord jouer les deux versants de la moralité, le bien et le mal, la comédienne a découvert une bonne dose de nuances en cours de travail.

«Évidemment, on sent une certaine naïveté et un désir de faire le bien chez Shen Té, mais aussi une incapacité à y parvenir en raison des circonstances, de la misère où elle a grandi et de tous ceux qui veulent profiter d’elle. Elle est capable d’une grande froideur et elle essaie de ne pas se laisser écraser par les autres.»

Tout au long de la pièce, le public assistera à une valse entre Shen Té et l’alter ego qu’elle a créé pour éviter de couler avec la misère du monde. «Shui Ta incarne l’économie à la dure. On pourrait le croire sans émotion, mais la vie l’a poussé à aller jusque-là. Il/elle doit se protéger pour éviter de se ruiner.»

La fable théâtrale est également le terrain d’un amour entre Shen Té et Yang Sun l’aviateur (Émile Proulx-Cloutier), un autre personnage au profil nuancé. «Il semble surtout intéressé par son argent et ce qu’elle possède, mais éventuellement, une complexité s’installe. Il veut la voler, sauf qu’on ne peut pas affirmer qu’il est indifférent...»

Les deux âmes désœuvrées se rejoignent en effet plus qu’on pourrait le croire. «Shen Té comprend Yang Sun. Elle reconnait son désespoir. Il est aviateur, mais sans avion, dont il ne peut pas réaliser son rêve, comme elle avec son petit commerce qui lui évite la prostitution, mais qui ne l’emballe pas. Elle a de l’empathie pour sa détresse et souhaite le sauver.»

Réflexion sur la charité, l’économie et l’humanité, le texte écrit par Bertolt Brecht en 1940 est très proche de certaines préoccupations actuelles, selon l’actrice.

«On veut tant bien faire. Il existe des tas de projets, d’organismes et de gens qui veulent changer les choses, mais en même temps, il y a tellement de guerres et de misère autour de nous qu’on a parfois l’impression que ça ne donne rien. On ne croit plus en la politique et on pense que rien ne va changer. Le regard de Brecht n’est pas très positif. En fin de compte, la bonté ne gagne pas…»

En entrevue, Isabelle Blais raconte que la pièce est l’un des plus grands défis qu’elle a eu à jouer sur scène. Non seulement en raison des multiples métamorphoses qu’elle doit rendre crédible, mais également en raison de la plume bien particulière du dramaturge.

«Il a un côté stylisé qui se répercute jusque dans notre corps et dans notre jeu. Il faut être vrai sans être réaliste, incarné, mais pas instinctif. Comme s’il fallait se détacher émotivement en partie pour jouer. Ça m’interpelle beaucoup!»

La metteure en scène Lorraine Pintal s’est inspirée des cabarets allemands pour créer un espace ouvert où les personnages commentent l’action qui se déroule en son centre. La distribution est d’ailleurs composée de quatre musiciens et de quinze acteurs-chanteurs (dont Louise Forestier, France Castel, Jean Marchand, Daniel Parent, Linda Sorgini et Marie Tifo) qui interpréteront 19 passages chantés, cinq chansons et plusieurs transitions, enveloppés de la musique de Philippe Brault.

«Sa musique sonne cabaret et baroque, avec de petites touches asiatiques», révèle Isabelle Blais, qui a l’habitude du théâtre musical, elle qui a offert des dizaines de représentations de la pièce Midsummer avec l’acteur Pierre-Luc Brillant, devenu son amoureux. Le couple partira d’ailleurs en tournée ce printemps avec les chansons de leur album « Comme dans un film », sorti l’automne dernier.

La Bonne Âme du Se Tchouan sera présentée du 17 janvier au 11 février 2017. Cliquez ici pour plus de détails.

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Tapis rouge de la grande première de La Bonne Âme du Se-Tchouan au TNM

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