Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Le Canada se dirige-t-il vers des décennies de déficits annuels?

Le Canada se dirige-t-il vers des décennies de déficits annuels?
Canada's Finance Minister Bill Morneau pauses while speaking during Question Period in the House of Commons on Parliament Hill in Ottawa, Ontario, Canada October 31, 2016. REUTERS/Chris Wattie
Chris Wattie / Reuters
Canada's Finance Minister Bill Morneau pauses while speaking during Question Period in the House of Commons on Parliament Hill in Ottawa, Ontario, Canada October 31, 2016. REUTERS/Chris Wattie

Des données fédérales publiées discrètement avant les Fêtes brossent un portrait plutôt sombre de l'avenir des finances publiques au Canada, avec en toile de fond des décennies de déficits budgétaires annuels.

Le rapport, publié sur le site du ministère des Finances deux jours avant Noël, prédit que si les politiques du gouvernement fédéral ne changent pas, le Canada pourrait afficher des déficits annuels pendant encore au moins 35 ans, jusqu'en 2050-2051.

Si ce scénario devait se concrétiser, le rapport prévoit que la dette du gouvernement fédéral pourrait doubler d'ici 2050-2051 et dépasser les 1500 milliards de dollars.

À long terme, la trajectoire fiscale du pays est radicalement différente du portrait présenté dans un rapport publié en novembre 2014 par l'ancien gouvernement conservateur. Ces projections avaient été dévoilées alors que les prix du pétrole commençaient tout juste leur chute fulgurante.

Les auteurs du rapport préviennent toutefois que ces projections ne sont pas destinées à représenter une base de référence plausible,et ne constituent pas à proprement parler des prévisions économiques, puisque toute estimation à long terme est par essence incertaine.

« Elles [les projections] visent à fournir une analyse globale de la situation fiscale du gouvernement, pour permettre à celui-ci de répondre plus efficacement aux défis à venir et de protéger la pérennité à long terme des finances publiques », est-il écrit dans le document daté du mois de décembre.

Cette prédiction est notamment attribuable au départ graduel à la retraite des baby-boomers, phénomène qui pose un défi majeur pour l'économie canadienne, selon le rapport.

Ce « tournant démographique » se traduira par une baisse de la main-d’œuvre active, par une érosion de la productivité et par une hausse des dépenses publiques telles que les prestations aux aînés.

La donne démographique

Pour la première fois dans l'histoire du pays, il y a davantage de personnes âgées de 65 ans et plus que d'enfants âgés de 15 ans et moins, souligne-t-on dans le document, qui rappelle une fois de plus que le portrait pourrait changer positivement ou négativement selon la conjoncture.

Par exemple, le document estime que les politiques susceptibles de soutenir la productivité et la participation au marché du travail au cours des décennies à venir pourraient être responsables d'une hausse pouvant atteindre 22 % de la croissance économique d'ici 2055, et ainsi améliorer le tableau général des finances publiques.

Le rapport prédit que le gouvernement fédéral enregistrera des déficits de 25 milliards de dollars en 2025-2026, de 36,4 milliards en 2030-2031, de 38,8 milliards en 2035-2036, de 33,9 milliards en 2040-2041, de 21,6 milliards en 2045-2046, puis de 2,2 milliards en 2050-2051.

Selon ces projections, Ottawa produira un surplus budgétaire de 26,5 milliards de dollars en 2055-2056.

Les projections de 2014 étaient beaucoup plus optimistes. Le gouvernement devait enregistrer des surplus annuels jusqu'en 2050-2051, année durant laquelle le gouvernement enregistrerait un excédent de 220,4 milliards de dollars. La « dette fédérale » devait quant à elle se chiffrer à 1700 milliards.

Les libéraux de Justin Trudeau ont remporté les élections de 2015 en promettant d'enregistrer de modestes déficits dans leurs premières années au pouvoir afin d'investir des milliards de dollars dans les infrastructures pour relancer la croissance économique. Ils souhaitaient ainsi équilibrer le budget d'ici 2019-2020.

En arrivant au pouvoir, le gouvernement libéral a abandonné cet objectif, l'économie continuant à encaisser les effets négatifs de la chute des prix du pétrole. Il s'est plutôt engagé à diminuer le ratio de la dette par rapport au produit intérieur brut (PIB) - une mesure pour calculer le fardeau de la dette publique - d'ici 5 ans.

En novembre, dans sa mise à jour économique, le ministre des Finances, Bill Morneau, a prédit un déficit de 25,1 milliards de dollars cette année. Les déficits annuels devraient ensuite décroître dans les prochaines années, pour atteindre 14,6 milliards en 2021-2022.

La publicité soudaine autour de ces projections a soulevé la colère des conservateurs, jeudi.

En 2015, Justin Trudeau a fait campagne en promettant de la transparence, de l'ouverture et avec l'engagement d'arriver à un surplus en 2019. Maintenant, après un peu plus d'un an avec Justin Trudeau, les Canadiens voient des déficits aussi loin qu'ils peuvent voir. - Gérard Deltell, porte-parole conservateur en matière de finances

VOIR AUSSI:

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.