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Le Centre jeunesse de Laval prêt à affronter le problème des fugues en 2017

Le Centre jeunesse de Laval prêt à affronter les fugues en 2017
Rex Ziak via Getty Images

L'année 2016 a été mouvementée au Centre jeunesse de Laval : de nombreuses fugues ont vivement inquiété le public et les politiciens. Le Centre lance un avertissement en cette fin d'année : d'autres fugues sont à prévoir. Mais le centre se dit prêt à une telle éventualité.

Un texte de Francis Labbé

Près d'un an après une première vague de fugues fortement médiatisée, la direction du Centre jeunesse de Laval se dit encore mieux préparée à faire face à un tel phénomène s'il devait se reproduire.

« On ne craint pas de voir arriver le mois de janvier… des fugues, on en a à l’année », dit Julie Vaillancourt, directrice des programmes jeunesse. « Il n'y a pas plus de fugues à Laval. La différence, c'est qu'ici, elles sont plus médiatisées. Selon moi, il faut travailler sur la source du problème. »

Mme Vaillancourt ajoute que le nombre de fugues a monté en flèche lorsque la situation est devenue extrêmement médiatisée.

En janvier et février 2016, au moins cinq jeunes filles ont fait une fugue alors qu'elles étaient sous la responsabilité du Centre jeunesse de Laval. Certaines d'entre elles seraient allées rejoindre des organisations criminelles.

À l'époque, la ministre déléguée à la Jeunesse, Lucie Charlebois, avait même affirmé en conférence de presse, que le Centre jeunesse de Laval était « infiltré par une organisation criminelle ».

En février 2016, Québec charge l'observateur André Lebon de faire la lumière sur la situation. Dans son rapport, publié en mars, André Lebon ne blâme pas le Centre jeunesse de Laval.

Il rappelle que près de 70 % des jeunes qui se trouvent en centre ne fuguent pas. Il propose tout de même des améliorations, notamment d'ajouter une transition entre l'encadrement intensif et la liberté totale.

En pleine crise des fugues à Laval, Québec crée le programme Prévention jeunesse, assorti d'un budget de trois millions de dollars sur cinq ans. Un agent de liaison, dont le mandat est de faire le lien entre le Centre jeunesse, les services policiers et les familles, avant et pendant les fugues, a été embauché dans les mois qui ont suivi.

« C'est une personne qui rassemble toutes les informations qui peuvent circuler entre les jeunes et que les éducateurs entendent », précise Marie-Josée Bourdon, coordonnatrice des services de réadaptation et d'hébergement spécialisé. « Cette personne retransmet ses informations aux policiers et aux éducateurs, de manière à être encore davantage en mode prévention. »

Le Centre jeunesse de Laval a aussi embauché une coordonnatrice, chargée de s'assurer que toutes les actions vont dans le même sens.

D'autres fugues à prévoir

Malgré tous ces efforts, la direction prévient qu'il y aura d'autres fugues dans la prochaine année. « Notre but premier, c'est de réintégrer les jeunes dans leur famille. Mais c'est évident qu'il y aura des fugues », affirme Marie-Josée Bourdon, qui ajoute que les centres doivent toujours gérer ce risque.

Les adolescents sont plus susceptibles de prendre des risques, ajoute Julie Vaillancourt. « C'est dans le développement de l'individu. Certains vont prendre plus ou moins de risques; une conduite automobile dangereuse, des activités qui font monter l'adrénaline, ou encore des activités sexuelles à risque. C'est là qu'il peut survenir ce glissement et la fugue elle-même devient une activité à risque. »

Marie-Josée Bourdon, coordonnatrice du Service de réadaptation et hébergement spécialisé au Centre jeunesse de Laval. Photo : Radio-Canada

Les fugues, notamment celles reliées à l'exploitation sexuelle, sont un problème qui compte de multiples facettes, dit Mme Vaillancourt. « On aura beau contrôler tous les accès, mettre toutes les caméras, mettre en place toutes les mesures de contrôle, c'est un filet social qu'il faut mettre autour de la problématique. »

En matière d'exploitation sexuelle, Mme Bourdon affirme que tous doivent faire leur part. « S'il n'y a pas de demande, il n'y aura pas d'offre non plus », ajoute Mme Bourdon. « Je ne dis pas qu'il ne se fait rien ailleurs, mais il faut travailler sur la source du problème. »

Pas une prison

Selon Julie Vaillancourt, les centres jeunesse ne sont pas une prison. Les jeunes doivent pouvoir retomber sur leurs pieds, avoir accès aux services dont ils ont besoin et poursuivre leur éducation. « Ce que nous voulons, c'est que ces jeunes s'épanouissent et deviennent des adultes responsables. Notre travail, dans les centres jeunesse, c'est de les accompagner et de les amener à actualiser leur potentiel. Mais pour y arriver, il faut que ce soit dans le laboratoire de la vraie vie. »

«Nous ne leur rendrions pas service de les garder ici jusqu'à leurs 18 ans et qu'ensuite, on les retourne dans la société. Ça ne serait pas gagnant pour eux.»

- Marie-Josée Bourdon, Centre jeunesse de Laval

De l'aide pour lutter contre les réseaux de prostitution

Justement, l'année qui vient risque de sourire davantage au Centre jeunesse de Laval, alors que l'aide à la lutte contre la traite de personne s'intensifiera. Lors de la présentation de son budget 2017, la Ville de Laval a annoncé la création d'une escouade policière spécialisée dans la lutte contre le proxénétisme et la traite de personnes.

Aussi, le premier ministre Justin Trudeau, a annoncé son intention de soumettre au Parlement une nouvelle mouture du projet de loi C-452, qui vise à faciliter la lutte contre le proxénétisme.

Deux annonces qui ont plu à la direction du Centre jeunesse. « L’exploitation sexuelle est un phénomène national et c’est en agissant sur plusieurs fronts que nous allons pouvoir non seulement mieux protéger les jeunes de ce fléau, mais également intervenir au niveau des proxénètes et des clients », peut-on lire dans un communiqué de presse du Centre.

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