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Pour passer une bonne année en 2017, quand vous ferez du sport, parlez-vous en même temps

Pour passer une bonne année en 2017, quand vous ferez du sport, parlez-vous en même temps
Woman running outdoor using a smart watch to track data.
Guido Mieth via Getty Images
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S'encourager face à un miroir, c'est un peu ridicule. S'auto-congratuler en faisant du sport et à voix haute, c'est encore pire. Et pourtant, c'est ce que conseille, expériences scientifiques à l'appui, Wendy Suzuki, une neuroscientifique qui enseigne à l'Université de New York.

À quarante ans, elle est une scientifique accomplie, reconnue par ses pairs et dont les découvertes ont été primées mais elle s'ennuie terriblement à côté de son travail. Peu de vie sociale, pas de vie amoureuse, un corps qu'elle ne reconnaît plus et une humeur massacrante. Alors, elle décide de se lancer dans un test grandeur nature, mettre ses connaissances sur le cerveau au profit de sa propre vie.

Dans un livre passionnant, "Bouge ton cerveau" traduit en français à l'automne 2016 chez Marabout elle explique son cheminement et surtout ses découvertes. Voici une bonne résolution pour bien vivre l'année 2017! Pendant plusieurs mois, Wendy a en effet voulu répondre à la question suivante: quand on fait du bien à son corps et qu'on cultive la joie, est-ce que le cerveau en profite?

Faire du sport... dans son cerveau

L'une des plus étonnantes découvertes concerne sa pratique sportive. Après un séjour sportif au Pérou en 2002, Wendy, déprimée par ses kilos en trop et sa mauvaise condition physique, décide à son retour de New York de se remettre au sport. Cela commence par une inscription dans une salle de sport et quelques cours de fitness. Rien de bien extraordinaire.

A son rythme et étant plus consciente de ce qu'elle mange, la neuroscientifique remplit son objectif de poids. Elle décide alors d'élargir ses horizons sportifs et passe par hasard la porte d'un cours d'Intensati, une discipline dont elle n'a jamais entendu parler. Ce hasard va la conduire non seulement à améliorer son état d'esprit, sa vision de l'existence et même à faire évoluer ses recherches en neurosciences.

L'Intensati, une discipline pour l'instant encore inédite en France, mêle des mouvements de kick boxing, de danse, du yoga et des arts martiaux tout en criant des affirmations positives. Une activité qui a très rapidement passionné la scientifique par le lien qu'elle établissait entre le cerveau et le corps. Travail de mémorisation et de coordination, l'intensité de cet exercice se répercute aussi bien sur le cerveau qui fait travailler des aires généralement peu sollicitées pendant le sport que sur le reste du corps.

Mais surtout tout est une question d'intention: chaque affirmation est associée à un seul et unique mouvement qui l'incarne. L'idée n'est pas seulement de pouvoir parler et bouger en même temps mais d'y croire en le disant. En voici une courte démonstration en français:

Amélioration de l'humeur et ouverture au monde

La pratique du sport améliore l'humeur grâce entre autres à la libération d'endorphines, cela est assez connu. Cependant dans l'Intensati, cela s'ajoute aux affirmations vocales, pour des conséquences plus bénéfiques encore. "Nous ne connaissons pas les changements cérébraux et neurochimiques associés à ces auto-affirmations, mais les preuves comportementales sont tout à fait claires: les affirmations positives améliorent l'humeur", écrit-elle.

Au fil des cours, les effets ont dépassé une simple amélioration de son humeur. "Je sentais ces exercices modifier peu à peu des facettes de mon estime de moi-même, restées depuis longtemps enfouies, en particulier ma vulnérabilité dans les relation sociales." Et cela a eu aussi des conséquences sur son travail de chercheure et d'enseignante. Forte de cette expérience, elle enseignait par exemple le fonctionnement de la mémoire à ses élèves en leur faisant retenir et danser une chorégraphie de hip hop.

Purestock

Outre la créativité dans sa salle de classe, Wendy avait aussi remarqué une productivité assez inédite dans ses activités de recherche. Pourquoi? Il a été prouvé que l'exercice en tant que tel est "responsable de la majorité des changements cérébraux positifs" comme l'accroissement de la taille du cortex par exemple. Cela encourage aussi la naissance de nouvelles cellules cérébrales.

Du sport + des affirmations et c'est tout

Malheureusement, la plupart des études menées sur le sujet se sont intéressées à l'effet de l'exercice sur des personnes âgées. Wendy Suzuki a donc décidé d'organiser une expérience au sein de ses étudiants dans un cours baptisé "L'exercice peut-il transformer le cerveau?". Nous sommes en septembre 2009 et l'enseignante vient de passer six mois à se former à l'Intensati pour pouvoir mener ce cours dans une tenue en lycra.

Les résultats sur les élèves ne se font pas attendre, après quelques séances, leur attention sur les concepts développés en cours s'est améliorée et parfois même leur mémoire. Les mêmes séances ont des effets très bénéfiques sur un groupe de malades que la chercheure suit en parallèle, en particulier concernant leur humeur et leur bien-être.

Comment faire pour pouvoir atteindre les mêmes résultats sans suivre des cours d'Intensati? Il est possible de donner à n'importe quelle activité physique un caractère intentionnel, "simplement en apportant ses propres intentions, affirmations ou mantras positifs dans le cadre du cours et en se concentrant dessous tout en exécutant ses mouvements". Vous êtes un adepte de la course à pieds, choisissez une affirmation et répétez-là à certains moments. Même chose, si vous suivez un cours de fitness, pratiquez de la natation, de la boxe ou de la randonnée.

Getty Images/iStockphoto

Il faut passer la gêne de se répéter à voix haute une certaine phrase en public. Selon Wendy Suzuki, il est possible de le dire très bas ou dans sa tête mais l'intensité de la voix semble avoir un effet aussi sur l'intention que l'on donne au mouvement et sur l'impact qu'a cette affirmation.

Devenons des neuroscientifiques de notre propre cerveau

Nous en sommes à cette période de l'année où les bonnes résolutions se chevauchent, bien souvent trop radicales pour être tenues sur le long terme. Wendy Suzuki montre qu'il suffit parfois d'un petit changement pour que notre monde change et que l'on puisse à son tour changer le monde. Se répéter que "je suis fort", "je suis inspiré", "je n'ai pas peur de mes erreurs" et y croire.

Contrairement à ce que l'on croit trop souvent, notre cerveau n'arrête pas de grandir, d'apprendre de nouvelles choses lorsque nous devenons adulte. C'est ce que l'on appelle la plasticité cérébrale et cela "nous dote d'une énorme capacité de nous transformer et d'accéder à la meilleure version possible de ce que nous sommes", conclut la chercheuse. Pour cela il faut en connaître le mode de fonctionnement. Au terme de ces 300 pages, difficile de ne pas partager sa passion pour le cerveau et le corps humain dans son ensemble. Et si nous devenions tous des neuroscientifiques de notre propre cerveau?

Pour les anglophones qui voudraient se lancer, Patricia Moreno qui a formé Wendy Suzuki et qui a inventé l'Intensati a mis en ligne quelques cours dont celui-ci sur YouTube:

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