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Rétrospective: six clés pour comprendre 2016

Six clés pour comprendre 2016

Que faut-il retenir de 2016? Au-delà des rétrospectives habituelles, voici six thèmes pour nous aider à comprendre les événements en politique provinciale au cours de la dernière année.

L’ombre de Charest
PC
Il a beau avoir quitté la politique active en 2012, l’ex-premier ministre Jean Charest cause encore bien des maux de tête à son successeur, Philippe Couillard. L’UPAC a choisi le dépôt de son premier budget équilibré, en mars dernier, pour arrêter Nathalie Normandeau, vice-première ministre de l’ère Charest.

Les soupçons entourant Sam Hamad dans l’affaire Premier Tech datent également de l’ancien régime libéral. L’ex-ministre aurait aidé son ami et ex-argentier du PLQ à bonifier la subvention accordée à l’entreprise de Rivière-du-Loup. Idem pour les allégations de lobbyisme illégal de l’ex-conseiller politique du ministre Lessard, Yvon Nadeau, et pour le scandale de la vente d’immeubles par la SIQ.

Cette année, le PLQ a aussi dû rembourser au DGEQ plus de 600 000$ de dons illégaux reçus avant 2011.

Même si le premier ministre rappelle souvent que ces gestes ne se sont pas produits sous sa gouverne, l’impression de problèmes éthiques demeure : au mois de novembre, un sondage Léger commandé par la CAQ affirmait que 79% des Québécois francophones croient que les problèmes de corruption sont «aussi importants» ou «plus importants» que sous les gouvernements précédents. «Je suis chef du Parti libéral depuis mars 2013. Je suis premier ministre du Québec depuis avril 2014, a répliqué Philippe Couillard. Je défie qui que ce soit de me citer un exemple, un exemple, autant du parti que du gouvernement, qui va ailleurs que dans une direction irréprochable et la plus grande rectitude.»
L’effet Trump
WIN MCNAMEE VIA GETTY IMAGES
L’élection du populiste Donald Trump à la présidence américaine aura eu des effets inattendus de notre côté de la frontière. Dès le lendemain de l’élection, le chef caquiste François Legault a dénoncé les «élites» qui prennent «de haut les préoccupations et les inquiétudes de la population», un discours souvent entendu dans la bouche de Trump. Tout comme le président désigné, François Legault a rappelé qu’il souhaite offrir des baisses d’impôts et baliser l’immigration.

Mais c’est surtout Bernard «Rambo» Gauthier, l’anti-politicien par excellence, qui s’est attiré les comparaisons avec Trump. Lors de sa première conférence de presse, le syndicaliste de la Côte-Nord s’en est notamment pris à «l’establishment» et aux immigrants, qu’il a comparés à un «envahisseur».

Plus largement, l’élection de Donald Trump, tout comme le Brexit, a amené une prise de conscience chez nos élus de l’insatisfaction de la classe moyenne face à la mondialisation. «Il y a clairement un sentiment, chez nos peuples, devant le phénomène de globalisation, un sentiment d’aliénation et de non-participation aux bénéfices de la globalisation», analysait Philippe Couillard en juin dernier. Le premier ministre Justin Trudeau dressait un constat similaire au quotidien The Guardian récemment en affirmant : «La mondialisation ne fonctionne pas pour les gens ordinaires.» Trump et lui diffèrent toutefois sur les remèdes à utiliser.
Député : un simple boulot?
Alice Chiche
Où est le feu sacré? Le sens du devoir? Le respect du mandat? Cette année, les départs de Pierre-Karl Péladeau, Bernard Drainville et Jacques Daoust ont porté à douze le nombre de députés démissionnaires depuis l’élection de 2014 (une treizième élue, Sylvie Roy, est également décédée).

Si PKP s’est retrouvé «devant une absence d’alternative» en raison de son divorce, plusieurs élus ont simplement quitté pour un meilleur emploi. Ce fut le cas notamment pour Bernard Drainville, Élaine Zakaïb, Robert Dutil et Christian Dubé, qui ont tous démissionné depuis le début du mandat.

D’autres, comme Stéphane Bédard et Marguerite Blais ont quitté parce qu’ils étaient déçus de ne pas obtenir un meilleur poste au sein de leurs équipes parlementaires. Martine Ouellet, elle, songe à devenir chef du Bloc québécois, tout en demeurant députée de Vachon. Est-il temps de revoir le rôle des députés?
Identité
AP
Huit ans après le dépôt du rapport Bouchard-Taylor, le débat identitaire fait toujours rage au Québec. La CAQ et le PQ rivalisent d’ailleurs pour attirer les électeurs inquiets de la montée des demandes d’accommodements raisonnables.

De son côté, le gouvernement Couillard a déposé le projet de loi 62, qualifié de minimaliste par plusieurs, qui prévoit uniquement que les services de l’État doivent être donnés et reçus à visage découvert. D’ailleurs, la pièce législative prévoit que des accommodements peuvent être offerts dans de nombreuses situations.

Malgré cette tentative de régler le dossier, le projet de loi pourrait tomber à l’eau si le premier ministre proroge le parlement, comme le rapportait récemment Radio-Canada. Le débat est donc loin d’être clos!
Uber impose sa loi
AP
Uber était illégal et sa pratique de l’évitement fiscal bien connue. Pourtant, l’entreprise s’est imposée par la force. L’entreprise a d’abord opéré illégalement sur le territoire québécois en payant les constats d’infraction et les frais de cour de ses chauffeurs.

Uber a aussi créé un mouvement populaire plus ou moins spontané en offrant des canevas de lettres à envoyer aux députés et en organisant des manifestations de partisans, souvent des chauffeurs de la compagnie. Une fois imposée de facto, l’entreprise a obtenu du gouvernement Couillard un projet-pilote qui met fin au protectionnisme dans l’industrie du taxi.

Certains y verront l’avancée inexorable de la technologie, d’autres, le pouvoir irrésistible des grandes entreprises supranationales.
Où sont les voies ensoleillées?
Le jour de son élection, le premier ministre Justin Trudeau a promis des «voies ensoleillées», annonçant ainsi une approche positive de la politique. L’expression, d’abord utilisée par Wilfrid Laurier, fait référence à la fable d’Ésope : le vent et le soleil se disputent pour savoir lequel pourra faire retirer à un homme son manteau. Alors que le souffle du vent force l’homme à serrer sa veste contre lui, la chaleur des rayons du soleil le mène naturellement à la retirer. À l’époque, Wilfrid Laurier voulait ainsi trouver un compromis acceptable dans le dossier des écoles francophones au Manitoba, plutôt que la solution imposée à la province par son prédécesseur conservateur.

Pourtant, dans ses relations avec les provinces, le premier ministre Trudeau tente régulièrement d’imposer des solutions pancanadiennes. Mi-décembre, un article du projet de loi C-29, qui aurait permis aux banques de contourner la Loi sur la protection du consommateur du Québec, a dû être retiré en catastrophe devant l’opposition du premier ministre Couillard. Ottawa a aussi fait la sourde oreille lorsque Québec lui a demandé de nommer les futurs sénateurs à partir d’un comité formé à parts égales par les deux paliers de gouvernement.

Et bien sûr, la question des transferts en santé demeure une pomme de discorde, alors que le gouvernement Trudeau veut imposer ses conditions dans ce champ de compétences exclusif des provinces. Cet automne, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, y voyait une question de principe. «[Le fédéralisme asymétrique], c’est une relation qui a été admise par le gouvernement fédéral il y a maintenant des années. Et pour nous, il n’est pas question de reculer sur ce principe-là, disait-il. […] C’est une bataille qui a été faite par le Québec, qui a été gagnée, on ne va pas revenir en arrière, point à la ligne.»

Nous en avons forcément oublié. Quelles sont, pour vous, les clés pour décortiquer l’année 2016 à Québec?

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