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Bardish Chagger dit que la Chambre des communes n'est pas l'endroit pour débattre des soirées de financement

Elle laisse aussi entendre que les questions de l'opposition à ce sujet sont inutiles.

OTTAWA – La Chambre des communes n’est pas la place pour discuter des affaires internes d’un parti, comme les soirées de financement du Parti libéral du Canada, a fait valoir la leader parlementaire du gouvernement Bardish Chagger dans une entrevue de fin d’année avec le Huffington Post Canada.

«Vous savez, dans cet endroit, ce n’est pas où nous parlons de financement politique. Nous pouvons parler de législation. Nous pouvons parler des règles qui gouvernent notre travail, mais je dirais que c’est la place pour vraiment réfléchir aux défis auxquels les Canadiens font face, les préoccupations auxquelles ils font face», a-t-elle dit au HuffPost.

La députée de Waterloo, en Ontario, et ministre de la Petite entreprise et du Tourisme a passé les dernières semaines debout aux Communes, à répondre à des questions des partis d’opposition à propos des soirées de financement privées du premier ministre Justin Trudeau. Ce dernier est accusé de tendre l’oreille aux donateurs qui sont prêts à débourser 1500$ pour passer du temps en sa présence.

La leader parlementaire de l’opposition officielle, Candice Bergen, estime que les commentaires de Chagger sont une preuve de son manque d’expérience.

«La Chambre des communes et la période de questions sont définitivement [l’endroit] où l'on doit répondre à ces questions, a-t-elle dit. Et ce qui est honteux, ce sont leurs points répétitifs où ils ne répondent pas aux questions à propos des directives [du premier ministre], ils ne parlent que des lois d’Élections Canada. »

Trudeau a lui-même instauré des directives éthiques, en grande pompe, qui ont été dévoilées par le Bureau du Conseil privé et le bureau du premier ministre, explique Bergen. «C’est le gouvernement, c’est connecté, et la période de questions est définitivement l’endroit pour répondre à ces questions.»

Même si ce n’est pas illégal, la nature privée des soirées de financement des libéraux fédéraux semble aller à l’encontre des normes de conduite que Trudeau impose à ses ministres.

Dans son guide Pour un gouvernement ouvert et responsable, publié en novembre 2015, Trudeau dit: «Il ne doit y avoir aucun accès préférentiel au gouvernement, ou apparence d’accès préférentiel, accordé à des particuliers ou à des organismes en raison des contributions financières qu’ils auraient versées aux politiciens ou aux partis politiques».

Le quotidien The Globe and Mail, en particulier, s’est penché sur le sujet et a écrit bon nombre d’articles qui illustrent la relation étroite entre Trudeau et des individus fortunés, dont des membres de la communauté chinoise qui font affaire avec le gouvernement fédéral.

Avant que les députés quittent pour les Fêtes, Trudeau a dit aux journalistes qu’à aucun moment, les invités à ces soirées n’ont eu un accès privilégié pour influencer les politiques du gouvernement. Mais le premier ministre a également admis que certaines personnes lui faisaient du lobbying dans ce contexte.

«Je peux dire que dans une variété d’événements du Parti libéral, j’écoute les gens, comme je le ferais dans toutes les situations, mais les décisions que je prends au gouvernement se basent sur ce qui est bon pour les Canadiens et pas sur ce qu’un individu à une soirée de financement dirait.»

Les libéraux respectent la loi, dit Chagger

Chagger a patiné lorsqu’on lui a demandé si elle pense que le gouvernement Trudeau répondre à ses propres standards – éviter l’apparence de conflits d’intérêts. Elle préfère répondre que le Parti libéral du Canada respecte la loi à la lettre.

«Les règles disent clairement que seuls les Canadiens peuvent donner à des partis politiques canadiens, c’est vrai, dit-elle. Quant au financement politique, il est important que les [Canadiens] sachent que nous avons certaines des règles les plus strictes – vous devez déclarer qui a donné, tout cela est public.»

Comme leader parlementaire du gouvernement, Chagger est en charge d'implémenter plusieurs réformes promises par les libéraux pour rendre le Parlement plus ouvert, plus responsable et plus transparent.

Au haut de sa lettre de mandat, il est inscrit qu’elle doit «travailler avec les députés afin de réformer la période des questions de manière à ce que tous les ministres, y compris le premier ministre, soient davantage obligés de rendre des comptes.»

Questionnée à savoir si Trudeau – qui cumule plus d’absences que de présences à la période de questions pendant sa première année en poste, selon les données du HuffPost, et qui évite de répondre aux nombreuses questions sur les activités de financement – atteint cet objectif, Chagger répond oui.

Inutiles, les questions de l’opposition?

La leader du gouvernement suggère également que les partis d’opposition posent des questions qui ne sont pas importantes aux Canadiens.

«La période de questions, c’est la période de questions. C’est une créature en soi, dans le sens qu’on ne sait jamais quelles questions sont à venir et ce qui est important pour les partis d’opposition», a-t-elle dit.

«Différents partis vont avoir des priorités différentes. Ce qui est clair, c’est que les priorités de l’opposition et nos priorités sont très différentes. Notre priorité est de travailler pour les Canadiens.»

Elle poursuit également en disant que Trudeau va à la rencontre des Canadiens et leur offre un «niveau d’accès sans précédent» à son gouvernement.

«Le premier ministre est présent pour s’assurer qu’il rend davantage de comptes. Le premier ministre est présent dans les communautés canadiennes sur une base régulière, dans leurs cours arrières, parlant aux Canadiens ordinaires pour qu’ils aient accès à lui.»

Ce texte initialement publié sur le Huffington Post Canada a été traduit de l'anglais par Catherine Lévesque.

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