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L'actrice française Michèle Morgan est décédée: «T'as d'beaux yeux, tu sais»

Michèle Morgan est décédée: «T'as d'beaux yeux, tu sais»
FRANCE  1974: French actress Michèle Morgan at home in France, in 1974 . (Photo by Giancarlo BOTTI/Gamma-Rapho via Getty Images)
Giancarlo BOTTI via Getty Images
FRANCE  1974: French actress Michèle Morgan at home in France, in 1974 . (Photo by Giancarlo BOTTI/Gamma-Rapho via Getty Images)

"Les plus beaux yeux" du cinéma français sont disparus. L'actrice Michèle Morgan est décédée mardi, a annoncé sa famille dans un communiqué repris par les médias français.

"Dans sa 97e année, les plus beaux yeux du cinéma se sont fermés définitivement ce matin, le mardi 20 décembre", ont indiqué ses proches.

Le nom de Michèle Morgan appartient à la légende dorée du grand écran. Parvenue au firmament avant la guerre, elle restera l'immortelle Nelly de "Quai des brumes", aimée pour sa photogénie et son talent. C'est dans ce film que Jean Gabin lui avoue amoureusement: "T'as d'beaux yeux, tu sais", devenue une réplique culte du cinéma.

Simone Roussel, de son vrai nom, naît le 29 février 1920 à Neuilly-sur-Seine. Très jeune, elle se destine à la carrière d'artiste dramatique et entre, dès sa sortie du collège de Dieppe, au cours René Simon, où le réalisateur Marc Allégret la déniche en 1936. Après un bout d'essai dans "La Mioche" (1936) de Léonide Moguy, elle fait ses grands débuts dans "Gribouille" (1937), où Allégret l'oppose à Raimu, puis elle donne la réplique à Charles Boyer dans "Orage" (1937).

Mais sa légende date de "Quai des brumes" (1938), film mythique de Marcel Carné, où son regard fait sensation. Les amours de Nelly et de Jean (Gabin) feront le tour du monde et la propulseront au rang de star. Jusqu'à la guerre, elle enchaîne film sur film, de "L'Entraîneuse" (1938) d'Albert Valentin, aux "Musiciens du ciel" (1939) de George Lacombe, en passant par "Le Récif de corail" (1938) de George Gleize.

En 1939, elle tourne également "La Loi du Nord" de Jacques Feyder. Présenté en 1942, ce film remportera un grand succès, tout comme "Remorques" (1939-1941), son troisième film au côté de Gabin, devenu par ailleurs son compagnon dans la vie.

Contrat oblige, l'actrice s'exile alors à Hollywood, où elle passera le reste de la guerre. De ses films américains, seuls "Higher and Higher" (Amour et Swing, 1943), comédie musicale avec Frank Sinatra, et surtout "Passage to Marseille" (1944) de Michael Curtis, avec Humphrey Bogart, méritent d'être mentionnés.

En 1946, sa composition d'aveugle dans "La Pastorale" de Jean Delannoy lui vaut le prix d'interprétation féminine du tout premier Festival de Cannes. Suivra une longue série de films où ses partenaires seront les jeunes premiers de l'époque.

Henri Vidal, tout d'abord, rencontré dans "Fabiola" (1949) de Blasetti, et pour lequel elle divorce de Bill Marshal. Ensemble, ils joueront dans "La Belle que voilà" de Jean-Paul Le Chanois, puis dans "L'Étrange madame X" (1950) de Grémillon et, après leur séparation, dans "Pourquoi viens-tu si tard" (1959) de Henri Decoin.

Avec Jean Marais, elle tourne "Aux Yeux du souvenir" (1948) de Delannoy, puis "Le Château de verre" (1950), avant de retrouver Gabin dans "La Minute de vérité" (1952) de Delannoy encore. Elle rencontre ensuite Gérard Philipe lors des "Orgueilleux" (1953) d'Yves Allégret. Leur couple sera idéalement employé dans "Les Grandes manoeuvres" (1955) de René Clair, où Michèle Morgan incarne une belle modiste qu'un dragon fait le pari de conquérir. De loin le meilleur rôle de sa carrière.

La même année, elle est "Marguerite de la nuit" de Claude Autant-Lara et "Marie-Antoinette" de Delannoy. Mais après l'étonnant "Miroir à deux faces" (1958) d'André Cayatte et "Maxime" (1958) d'Henri Verneuil, sa carrière connaît un flottement: la Nouvelle vague commence à déferler.

Les cinéastes changent, ses partenaires aussi. L'un d'eux, Gérard Oury, deviendra son compagnon dans l'existence. C'est l'époque des "Lions sont lâchés" (1961) de Verneuil et du "Landru" (1962) de Claude Chabrol, deux films où elle est associée à son ex-rivale Danielle Darrieux.

Entre-aperçue dans "Les Centurions" (1966) de Mark Robson, elle effectue son retour en 1967 avec "Benjamin", de Michel Deville, jolie comédie où elle rivalise de charme avec Catherine Deneuve. Ce succès restera pourtant sans suite. On ne la reverra que huit ans plus tard, dans "Le Chat et la Souris", de Claude Lelouch, mais ses rôles se réduisent dès lors à de fugaces apparitions.

Sa revanche viendra du théâtre: malgré ses débuts tardifs, elle triomphe à nouveau avec "Chéri" (1982) de Colette, "Une femme sans histoire" (1988), "Les Monstres sacrés", au côté de Jean Marais, en 1993...

On l'a vue aussi à la télé dans une minisérie très populaire, "Le Tiroir secret", créée par Danièle Thompson. C'est Diane Dufresne qui en interprétait la chanson thème, "Un souvenir heureux", sur une musique de Vladimir Cosma.

Son mari Gérard Oury décède le 19 juillet 2006: Michèle Morgan, qui avait perdu son fils Mike un an plus tôt, en juin 2005, passe une nouvelle fois par le deuil. Dix ans après la disparition de celui qu'elle a aimé pendant 50 ans, Michèle Morgan est partie le rejoindre. Elle laisse derrière elle une impressionnante filmographie où ses "beaux yeux" seront archivés à tout jamais.

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