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Bilinguisme à Gatineau? Justin Trudeau «avoue» avoir été «baveux» (VIDÉO)

Bilinguisme à Gatineau? Justin Trudeau «avoue» avoir été «baveux»

OTTAWA _ Le premier ministre Justin Trudeau "avoue" qu'il a été "baveux" en passant un commentaire sur le bilinguisme qui en a fait sourciller plus d'un, jeudi dernier.

À la question de l'animateur Patrice Roy, qui lui demandait s'il appuyait l'idée de désigner Ottawa ville bilingue, il a répliqué en demandant si Gatineau serait prête à en faire autant.

"Est-ce que la Ville de Gatineau serait ouverte à devenir une ville bilingue, elle?", a-t-il lâché, sourire en coin.

Le premier ministre s'attendait à ce que cette boutade lâchée sur le plateau de la télévision de Radio-Canada revienne le hanter.

"Je le savais", a-t-il laissé tomber lors d'une entrevue de fin d'année avec La Presse canadienne, lundi après-midi.

"J'étais en train d'être baveux, là. Ça, je l'avoue", a candidement poursuivi M. Trudeau.

Il a tenu à assurer qu'il ne fallait pas y voir une critique de la politique du Québec en matière de langues officielles.

"Pas du tout, pas du tout! Non, non, non. Le Québec doit être français d'abord pour que le Canada puisse être bilingue", a insisté le premier ministre, se présentant comme un ardent défenseur et promoteur de la dualité linguistique.

"J'ai été prof de français à Vancouver, je sais à quel point c'est important, le bilinguisme", a-t-il fait valoir.

Justin Trudeau a réitéré que la décision entourant la désignation bilingue de la capitale nationale appartenait aux élus municipaux d'Ottawa et non au gouvernement fédéral.

"L'idée de faire une ville ou une autre une ville bilingue, ça appartient à la ville elle-même", a-t-il soutenu.

En vertu de la Charte de la langue française, les municipalités peuvent être reconnues bilingues lorsque plus de la moitié des résidants de leur territoire sont de langue maternelle anglaise.

La Ville de Gatineau est bien loin du compte. Selon les données du dernier recensement de 2011, 11 pour cent de la population a déclaré l'anglais seulement comme langue maternelle.

En Ontario, les municipalités peuvent être administrées seulement en anglais ou dans les deux langues.

Le débat entourant la désignation officielle d'Ottawa comme ville bilingue refait surface périodiquement.

Il s'est de nouveau imposé dans le cadre des célébrations du 150e anniversaire de la Confédération.

Le maire d'Ottawa, Jim Watson, s'est prononcé contre l'idée à plusieurs reprises.

Justification insuffisante

Les explications de Justin Trudeau ont laissé sur leur appétit les porte-parole néo-démocrate et bloquiste en matière de langues officielles.

"Ça ne me satisfait pas du tout. Qu'il avoue avoir été baveux, c'est une chose, mais ce que je vois dans sa réaction, c'est qu'il n'a pas l'air de comprendre ce qu'est le statut bilingue au Québec", a tranché en entrevue le député Mario Beaulieu, député du Bloc québécois.

Pour le député François Choquette, du Nouveau Parti démocratique (NPD), ce que le premier ministre a présenté comme une moquerie est plutôt un symptôme de sa méconnaissance du dossier.

"Ma perception, c'est qu'il s'est retrouvé devant une question à laquelle il ne savait pas quoi répondre. La question est pourtant très importante et très d'actualité à l'aube du 150e", a-t-il regretté à l'autre bout du fil.

Le député de Drummond convient que la décision sur la désignation bilingue revient aux élus municipaux d'Ottawa, mais il considère que cela ne devrait pas dispenser Justin Trudeau de sa responsabilité de "faire preuve de leadership" dans le dossier des langues officielles.

La réplique "baveuse" du premier ministre avait été fort mal reçue par l'Association des communautés francophones (ACFO) d'Ottawa.

Sa directrice générale, Isabelle Miron, avait déclaré à Radio-Canada qu'il avait "réussi en une seule phrase à s'aliéner absolument tout le monde, à la fois les francophones et les gens de Gatineau".

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