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Porter un masque pour se protéger de la pollution, c'est efficace?

Porter un masque pour se protéger de la pollution, c'est efficace?

Ne pas faire de sport et éviter de prendre sa voiture, les conseils des autorités en cas de pic de pollution atmosphérique sont bien connus. Mais, pour ne pas complètement arrêter votre vie, vous faites avec. Ainsi, sur votre vélo, sur le trottoir ou même dans votre voiture, l'idée d'acheter un masque antipollution a peut-être fait son chemin.

Mais vers quel modèle se tourner et sont-ils vraiment efficaces? "C'est une question délicate", assure Christian George, directeur de recherche au CNRS, spécialiste de la pollution atmosphérique et des nanoparticules. "Une chose est sûre, si les particules fines sont difficiles à filtrer, ce n'est pas impossible. C'est en Chine que la recherche sur le sujet est la plus performante".

Porter un simple foulard, c'est inutile?

Les particules fines ont des tailles très différentes. Les plus grandes mesurent jusqu'à 2,5 micromètres et les plus petites peuvent être jusqu'à 1000 fois plus fines. "Dans les épisodes de pollution, assure Véronique Riffault, Professeure en sciences de l'atmosphère à l'École nationale supérieure des Mines de Douai, la majeure partie n'excède pas la taille d'un micromètre." Les particules fines ne sont donc pas du tout filtrées avec un simple foulard. Cette méthode parce qu'elle limite les odeurs donne l'impression qu'elle est efficace, mais les mailles des tissus sont beaucoup trop épaisses".

Pour vous en convaincre, voici la taille des particules par rapport au diamètre moyen d'un cheveu ou à la taille d'un grain de sable, selon une infographie en anglais de l'agence de protection environnementale des États-Unis.

Puis-je porter un masque de chirurgien?

Ces masques grand public peuvent être achetés en pharmacie et en magasin de bricolage. "Ce sont les masques médicaux, comme ceux portés par les chirurgiens", détaille Véronique Riffault. Mais leur rôle se résume "à réduire l'émission de gouttelettes vers les personnes qui vous entourent et non de vous protéger de l'extérieur".

Un masque qui filtre les particules, ça existe ?

Pour les autres masques, il faut s'intéresser à ceux dits "FFP". Ils sont siglés FFP1, FFP2 et FFP3. Les masques FFP ou "filtering facepiece particles" (littéralement "pièce faciale filtrante contre les particules") couvrent le nez, la bouche et le menton et répondent aux exigences de la norme EN149.

"Les masques FFP3 sont les plus filtrants. Ils filtrent 98% des particules. Attention cependant, impossible de les porter longtemps. Au bout de quelques dizaines de secondes, on accumule la respiration et la chaleur donc la transpiration. Ce n'est vraiment pas agréable", explique Véronique Riffault qui en porte en laboratoire. Denis Charpin, chef du service des maladies respiratoires au CHU de Marseille interrogé sur Le Plus confirme: "Ils sont difficilement supportables, au bout de quelques dizaines de secondes on transpire beaucoup. Il est impossible de les porter toute une journée."

Mais attention, si leur pouvoir filtrant est réel, ils peuvent parfois être totalement inutiles. "La forme du visage, la présence ou non d'une barbe, tout cela pose des problèmes d'étanchéité", rappelle encore Véronique Riffault. Et leur coût peut être assez élevé surtout qu'ils sont jetables.

Un avis que ne partage visiblement pas le médecin généraliste Jean-Luc Saladin au Havre. Lui-même cycliste porte un "confortable" masque FFP3. Il l'explique sur le blogue Vélib de la ville de Paris: "Ceux qui le souhaitent peuvent comme moi investir dans un masque filtrant professionnel (norme FFP3). Confortable, il protège des particules polluantes, mais pas des gaz et notamment des nitreuses qui relèvent d'une question plus globale de santé publique."

Attention, ces masques ne filtrent pas les particules plus fines, celles qui sont capables de passer dans le sang.

Existe-t-il de mauvais masques?

Si certains masques ne protègent pas contre les particules fines, "ils sont au pire inefficaces", assure Véronique Riffault.

Ainsi donc difficile de conseiller le port d'un masque. "Pour prendre soin de notre système respiratoire et cardio-vasculaire, mieux vaut éviter au maximum les efforts. L'activité physique augmente les inspirations et donc l'ingestion de particules fines dans tous les cas. Il faut fonctionner à bas régime en période de pic", préconise donc la spécialiste. "Si vous tenez vraiment à porter un masque et que vous trouvez un FFP3, mieux vaut également l'essayer hors des pics de pollution pour ne pas prendre de risques".

Christian George précise aussi que ce n'est pas pendant les pics qu'il faut seulement s'inquiéter de cette pollution.

"L'exposition aux particules fines à faible dose et en continu pose de vrais problèmes". Les particules fines ne posent pas seulement problème pour notre système respiratoire, mais pour tout notre corps. Les plus fines d'entre elles parviennent en effet à passer dans le sang.

Selon le dernier rapport de l'Agence Européenne de l'Environnement publié en novembre 2016, 10% des citoyens européens en zones urbaines sont exposés à des concentrations supérieures aux valeurs limites. "Selon les recommandations de l'OMS, c'est environ 80% de la population urbaine qui subit des concentrations trop importantes", rappelle Véronique Riffault.

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