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Période de questions: Justin Trudeau cumule plus d'absences que de présences pour sa première année

Il a manqué 58 pour cent des périodes de questions lors de sa première année comme premier ministre.

OTTAWA – Le premier ministre Justin Trudeau cumule plus d’absences aux périodes de questions que de présences pendant sa première année en poste. Il a manqué 58 pour cent des sessions quotidiennes où le gouvernement doit rendre des comptes à l’opposition, selon une analyse du Huffington Post Québec.

Le chef libéral a raté 69 des 118 périodes de questions tenues entre le 7 décembre 2015 et le 3 décembre 2016. C’est plus que les absences de l’ancien premier ministre Stephen Harper pendant sa première année de son mandat majoritaire. Harper était absent lors de 46 pour cent – 60 sur 130 – des périodes de questions tenues entre le 6 juin 2011 et le 1er juin 2012.

Trudeau se pointe habituellement à deux périodes de questions par semaine, même s’il lui est arrivé de manquer des semaines complètes.

Environ les deux tiers du temps – 63 pour cent, pour être précis – Trudeau avait une bonne raison de manquer ce rendez-vous quotidien à la Chambre des communes. Il était à New York pour prononcer un discours à l’Assemblée générale des Nations unies, par exemple, ou en route vers Cuba pour une visite bilatérale, ou à Montréal avec le premier ministre chinois Li Keqiang pour rencontrer des représentants des Canadiens de Montréal.

Mais 36 pour cent du temps, Trudeau a décidé de manquer la période de question à 14h15 pour des raisons moins évidentes.

Lundi, par exemple, Trudeau était à Ottawa, mais pas à la période de questions. Son bureau a décidé de planifier un événement, un atelier de codage avec des étudiants de l’école secondaire, à 14h15 à Shopify, une marche d’environ neuf minutes du Parlement.

La leader parlementaire de l’opposition conservatrice, Candice Bergen, a offert de déplacer la période de questions à 16h15 pour accommoder l’horaire du premier ministre, mais les députés libéraux aux Communes ont refusé d’adopter la motion à l’unanimité.

« Nous avons remarqué que le premier ministre a une rencontre aujourd’hui prévue à 14h15. L’événement est, je crois, l’une des seules rencontres qu’il a aujourd’hui, et nous savons qu’elle a lieu ici à Ottawa, a-t-elle dit. Nous voulons aider le premier ministre à concilier sa promesse d’avoir un gouvernement ouvert et transparent. »

Bergen a dit que « le message que [le PM] a donné à ses ministres… [est] qu’il croit qu’il est important [pour eux] d’être au Parlement, de répondre avec honnêteté et exactitude. Alors, pour aider le premier ministre à faire cela, je demanderais l’unanimité de la Chambre pour déplacer la période de questions aujourd’hui. »

Le document Pour un gouvernement ouvert et transparent de Trudeau explique que la confiance des Canadiens repose sur l’obligation du gouvernement de rendre des comptes.

Dans notre système, la forme la plus importante de responsabilisation démocratique est le forum qu’offre le Parlement, a-t-il écrit à ses ministres en novembre 2015. Vous devez rendre compte au Parlement quant à l’exercice des attributions qui vous ont été confiées. Vous devez donc être présent au Parlement pour répondre avec honnêteté et exactitude aux questions concernant vos secteurs de responsabilité. »

« Cela signifie que les ministres doivent être prêts à expliquer et à défendre les politiques et les mesures du gouvernement devant le Parlement, et ce, en tout temps », a ajouté le premier ministre.

Le leader parlementaire du NPD, Murray Rankin, a dit au HuffPost que les Canadiens étaient habitués à ce que Harper rate la période de questions et pense qu’il est « inquiétant que cette tendance se continue sous M. Trudeau ».

« Si le premier ministre est en ville et prévoit un événement à l’heure précise de la période de questions, c’est un signal assez clair qu’il ne veut pas y être », a-t-il dit.

Le bureau du premier ministre n’a pas précisé pourquoi les députés libéraux ont refusé de déplacer la période de questions à 16h15 lundi. Les conservateurs avaient averti les libéraux qu’ils tenteraient de la déplacer, comme cela avait été fait dans le passé pour accommoder les horaires de vol des députés.

Cameron Ahmad, l’attaché de presse de Trudeau, a défendu le bilan des présences du premier ministre, disant que le PM a « toujours pris son travail au Parlement, incluant la période de questions, très au sérieux, et travaille dur pour améliorer concrètement l’ouverture et la transparence du gouvernement ».

« Le premier ministre a pris un engagement clair que ses responsabilités ne seraient pas limitées à la période de questions, et qu’il continuerait d’engager le dialogue avec eux à travers le pays, dans leurs communautés, leurs maisons et leurs lieux de travail, autant que possible », a ajouté Ahmad.

Lundi, Trudeau faisait « exactement cela » en « discutant de l’importance de l’éducation, de la technologie et de l’innovation avec de jeunes étudiants brillants à travers la capitale nationale », a précisé Ahmad en parlant de l’événement Shopify.

« Rendez-vous privés » au lieu de la période de questions

Le chef libéral est souvent absent aux périodes de questions du lundi et du vendredi, invoquant des « rendez-vous privés ».

Parfois, il manque les sessions du jeudi aussi. Le 3 novembre, la veille du premier anniversaire de son gouvernement, Trudeau a tenu une rencontre à Ottawa avec des étudiants du secondaire, dans un édifice de l’autre côté de la rue du Parlement. Il a pris les questions des médias autour de 12h15, mais a choisi de ne pas venir à la période de questions deux heures plus tard.

Jeudi dernier, Trudeau a laissé sa ministre des Institutions démocratiques Maryam Monsef seule pour expliquer la réponse du gouvernement au rapport tant attendu du comité sur la réforme électorale. Le comité, formé à majorité des groupes de l’opposition, demandaient un nouveau système de vote proportionnel et disait qu’il fallait tenir un référendum pour changer le mode de scrutin.

Le gouvernement libéral ne veut pas d’un référendum ni d’une représentation proportionnelle. La ministre Monsef a laissé entendre que le comité n’avait pas travaillé assez fort – des commentaires qualifiés « d’emportement » par le premier ministre. Monsef s’est par la suite excusée pour ses commentaires.

Ce jeudi-là, le premier ministre était présent à une cérémonie pour la Journée internationale du SIDA sur la colline du Parlement. Le soir, à 18h, il était au Centre Eaton de Toronto pour une entrevue en direct à la télévision locale pour une campagne de Toy Mountain, qui donne des cadeaux aux enfants pauvres.

Toronto est à moins d’une heure de vol d’Ottawa.

La chef par intérim du Parti conservateur, Rona Ambrose, a dit aux journalistes que même s’il avait exigé un rapport du comité et qu’il avait qualifié le système électoral actuel de « brisé », le PM avait décidé de prendre la journée de congé.

« Pourquoi n’était-il pas présent aujourd’hui pour répondre aux questions sur la réforme électorale? » a-t-elle demandé.

La faible assiduité de Trudeau est une source de blagues pour les chefs de l’opposition. Ambrose a accueilli Trudeau en septembre lors de sa première période de questions, trois jours après le retour au travail, en disant : « J’aimerais accueillir le premier ministre dans cet endroit appelé Parlement… Pendant qu’il était parti, notre économie a complètement stagné, le chômage a augmenté et 110 000 travailleurs du secteur de l’énergie ont perdu leurs emplois. »

Alors qu'il était chef du deuxième parti de l’opposition, Trudeau a passé beaucoup de temps sur la route. Selon une analyse du Ottawa Citizen, en 2014, Trudeau était présent à 39 pour cent du temps aux périodes de questions, alors que le chef du NPD Thomas Mulcair affichait le meilleur bilan à 59 pour cent, et Harper avait le pire bilan, avec 37 pour cent.

Un an plus tard, le quotidien rapportait que la présence de Harper avait chuté à 35 pour cent des périodes de questions, son pire bilan depuis 2006.

La période de questions du premier ministre

Pendant la campagne électorale, les libéraux ont promis de « réformer la période de questions » afin que tous les députés, incluant le PM, soient « véritablement tenus de répondre de leurs actions ». « En sa qualité de chef du gouvernement, le premier ministre représente l’ensemble de la population et doit, par conséquent, leur rendre directement des comptes », peut-on lire dans la plateforme.

Des critiques s’inquiétant qu’une période de questions du premier ministre donnerait à Trudeau l’opportunité de manquer toutes les autres sessions pendant la semaine. Le chef libéral a dit que rien ne l’empêcherait de répondre aux questions les autres jours, mais il a aussi dit dans une entrevue au HuffPost qu’il avait l’intention de passer beaucoup de temps sur la route pour rester connecté avec les citoyens.

Après l’élection, de retour aux travaux de la Chambre des communes, Mulcair a rappelé que Harper n’était présent qu’au tiers des périodes de questions.

« La meilleure façon de montrer son respect pour cette institution est de se présenter au Parlement régulièrement et de rendre des comptes aux Canadiens », a-t-il dit à Trudeau.

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