Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Un programme de musique classique à la maternelle voit le jour à Montréal

La musique dès 4 ans pour mieux apprendre

Les tout-petits de la prématernelle et de la maternelle de l'école primaire St-Rémi, dans l'arrondissement de Montréal-Nord, s'adonneront à la musique cinq jours par semaine.

L'initiative, unique au pays, est le fruit d'un partenariat entre le chef Kent Nagano et l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM), l'Université de Montréal, des donateurs privés et le monde scolaire. En tout, 161 élèves de 4 et 5 ans de l'école St-Rémi recevront une formation musicale quotidienne.

De ce nombre, un premier groupe de 16 élèves s'adonnera quotidiennement à près de trois heures de cours de piano, de violon, de rythmique et de chant choral. Un second groupe recevra une heure et quart de cours de musique. L'ensemble des élèves de la prématernelle et de la maternelle participeront également à des activités culturelles pour découvrir la musique et être en contact avec le travail des musiciens de l'OSM.

Les élèves pourront compter sur un groupe de six éducateurs et apprendre grâce aux 35 violons et 9 pianos mis à leur disposition.

Le programme a pour objectif de démontrer qu'il est possible de favoriser le développement global d'un enfant par l'apprentissage de la musique en bas âge.

Pour la directrice de l'école St-Rémi, ce programme est une chance unique pour les plus jeunes élèves de son école.

«Pour ces enfants-là, tout n'est pas accessible comme pour [un enfant] dont le parent est plus favorisé, et qui va l'inscrire, par exemple, à un projet musical ou payer pour des cours privés de piano avec un prof. Ici, on leur donne cette chance, sans leur demander de ne débourser rien.»

- Karina Mongrain, directrice de l'école St-Rémi

L'arrondissement de Montréal-Nord figure au nombre des quartiers de Montréal les plus défavorisés. Le revenu moyen par habitant y était en 2011 inférieur de 35 % à celui des résidents du reste de la métropole.

«On travaille sur la persévérance scolaire, pour que ces enfants aient le goût de réussir. Et on veut leur donner le goût de la musique en général. On ne veut pas en faire des virtuoses, mais plutôt qu'ils développent une passion musicale.»

- Karina Mongrain, directrice de l'école St-Rémi

Des chercheurs de l'Université de Montréal suivront et mesureront également le déroulement du programme.

« Grâce à l'expertise combinée de nos chercheurs de la Faculté de musique, de la Faculté des sciences de l'éducation et de l'École d'ergothérapie [...], nous avons la chance de partager ce bonheur de la découverte musicale avec des dizaines d'enfants et leurs familles, et de partager les connaissances scientifiques qui appuieront la multiplication de projets semblables », explique pour sa part le recteur Guy Breton.

La musique classique évacuée des écoles

C'est maestro Nagano lui-même qui a imaginé le programme, convaincu que la musique classique en bas âge pouvait ouvrir des portes. Il estime également que l'éducation musicale à ce chapitre a été négligée depuis 50 ans, ici comme ailleurs, une erreur selon lui.

« Si je pense aux jeunes adultes dans la vingtaine ou aux enfants de trois ou quatre ans aujourd'hui, la réalité est que la musique classique n'a pour eux et elles aucune signification, rien, zéro, soutient-il. Ils ne savent même pas s'ils aiment ou non, puisqu'ils n'ont jamais eu la chance d'y être exposés. C'est la conséquence d'un changement de philosophie dans le dernier siècle. » Kent Nagano donne l'exemple des États-Unis, qui ont largement réduit les budgets en enseignement de la musique.

La musique classique est-elle toujours « pertinente » à notre époque? C'est la question que le chef de l'OSM s'est posée. La réponse n'a pas tardé.

«Oui. Mais je n'ai pas seulement voulu répondre avec émotion ou instinct, j'ai voulu lancer une étude, suivie par nos partenaires de l'Université de Montréal pour enregistrer tout le progrès fait par cette école. Et dans trois ans, on veut prouver que ça permet aux élèves de développer une plus grande capacité de concentration, de focus et de résolution de problèmes.»

- Kent Nagano

Et, du même coup, faire la preuve aux gouvernements qu'il vaut la peine d'investir davantage dans la musique et les arts dès le plus jeune âge.

VOIR AUSSI:

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.