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Un jeune Russe risque la prison pour avoir joué à Pokémon Go dans une église

Un jeune risque la prison pour avoir joué à Pokémon Go dans une église
RC

En Russie, un jeune homme qui a chassé des Pokémons dans une église et qui a diffusé son expérience sur Internet risque de passer plusieurs années en prison.

Rouslan Sokolovski, un jeune athée qui se moque régulièrement de l'Église orthodoxe, du pays et de ses croyances, a reçu de nombreux appuis et refuse de s'excuser pour ses gestes.

Il y a plusieurs églises dans la ville d'Ekaterinbourg, qu'on appelle la métropole de l'Oural.

La plus connue a été inaugurée en 2003, sur les lieux de l'assassinat de la famille du dernier tsar de Russie : l'église de Tous les Saints sur le Sang versé.

L'été dernier, plusieurs personnalités de l'église orthodoxe se sont indignées de l'arrivée du jeu Pokémon Go, craignant que les lieux de culte soient envahis par des chasseurs de petites bestioles virtuelles.

Le gouvernement russe a lancé un avertissement clair : quiconque irait chasser ainsi dans des églises encourrait des amendes de plus de 10 000 $ et une peine de trois ans de prison.

Non seulement jouer, mais filmer

À Ekaterinbourg, Rouslan Sokolovski a décidé de défier cette interdiction, poussant l'audace jusqu'à filmer son aventure.

Dans la vidéo en question, on le voit capturer deux Pokémons dans l'église de Tous les Saints sur le Sang versé, sans qu'on vienne le déranger.

À la sortie, il se dit déçu de ne pas avoir attrapé le Pokémon le plus rare de tous, Jésus.

La vidéo est vite devenue virale; plus d'un million de visionnements en deux semaines.

Une autre loi invoquée

Le problème, pour M. Sokolovski, c'est qu'en février 2012, un groupe, Pussy Riot, avait chanté un « Te Deum » punk dans une église de Moscou.

L'État russe a réagi en adoptant une loi qui interdit l'offense au sentiment religieux, assortie d'amendes et de peines de prison.

C'est en vertu de cette loi que des gens ont porté plainte contre M. Sokolovski. Il a été arrêté et incarcéré début septembre.

Rouslan Sokolovski est déjà suivi par près de 400 000 personnes sur les réseaux sociaux. Ses démêlés avec la justice l'ont fait connaître encore plus. Tout cela pourrait finir par lui nuire si les autorités décident de frapper fort et d'en faire un cas exemplaire.

Après tout, la religion est un des piliers de la Russie de Vladimir Poutine.

Tout le monde a son opinion sur cette affaire.

Tatiana Merzlyakova est commissaire des droits de l'homme dans la région. « Bien sûr que ce jeune ne devrait pas être en prison pour ce qu'il a fait, dit-elle, c'est pour ça qu'on lutte pour que la justice le libère. »

Amnistie internationale a eu des termes plus crus, jugeant dans un communiqué que les accusations contre M. Sokolovski étaient « grotesques ».

Rouslan Sokolovski a reçu l'aide de très nombreux internautes, et de l'argent aussi.

Un passé scruté à la loupe

Les enquêteurs de la police ont scruté des dizaines de vidéos et de textes de M. Sokolovski, dans lesquels il parle beaucoup d'athéisme, et ont porté deux autres accusations contre lui pour incitation à la haine religieuse.

Il serait aussi passible de cinq ans de prison.

Alexandre Abramov, l'un des trois avocats qui le défendent, veut qu'il admette ses torts pour éventuellement s'en tirer avec une simple amende. « On ne peut pas nier la réalité, les faits, dit-il. On ne vit pas dans le monde imaginaire de Rouslan, on essaie de lui expliquer la réalité pour le tirer de là. »

Le frère Eugène, évêque orthodoxe de la région, espère aussi que M. Sokolovski présentera ses excuses à l'Église. « S'il admet son erreur, dit-il, ça lui donnera une nouvelle vie, une vie normale, sinon... Vous savez que bien des gens sont contents d'avoir fait de la prison; ça les a remis sur le droit chemin. »

Rouslan Sokolovski soutient qu'il n'a commis aucun crime. Des dizaines de milliers de gens l'appuient.

Les tribunaux vont décider de son sort au cours des prochaines semaines.

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