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La taxe carbone insuffisante pour atteindre les cibles canadiennes, confirme un rapport

Réduction des émissions de gaz à effet de serre: la taxe carbone ne suffira pas

La taxe sur le carbone annoncée le mois dernier par le gouvernement Trudeau ne permettra pas d'atteindre les cibles canadiennes en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). C'est ce que dévoile un rapport produit par un groupe fédéral-provincial dont Radio-Canada a obtenu copie.

Un texte de Raphaël Bouvier-Auclair

En octobre, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé à la Chambre des communes que son gouvernement allait imposer un prix minimum sur le carbone à l’échelle nationale pour s’assurer que toutes les provinces fassent leur part.

De 10 $ la tonne en 2018, ce prix doit augmenter de 10 $ par année pour atteindre 50 $ d’ici 2022.

Or, après la dernière rencontre des premiers ministres sur le climat en mars dernier, le fédéral, les provinces et les territoires ont mis sur pied quatre groupes de travail pour analyser de quelle manière le Canada pourra réduire ses émissions de GES.

Leur analyse, finalisée en septembre, est catégorique : même s'il était élevé, le prix du carbone seul ne permettra pas d’atteindre la cible de réduction des émissions qui avait été désignée par le gouvernement Harper et qu’a conservée le gouvernement Trudeau.

Cible du Canada :

Réduction de 30 % des émissions de GES d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005.

Par ailleurs, Ottawa a récemment annoncé que, d’ici 2050, on souhaitait que cette réduction soit de 80 %.

Trois scénarios suggérés

L’un de ces groupes s’est penché sur la tarification du carbone. Trois scénarios ont été élaborés.

Le premier prévoit un prix à 15 $ la tonne en 2018, qui augmenterait pour atteindre 30 $ en 2030.

Dans le deuxième cas, le prix passerait de 30 $ à 40 $ entre 2018 et 2030.

Le troisième scénario fixe le prix à 30 $ en 2018. En 2030, il atteindrait 90 $ la tonne de Co2.

Pressions sur le gouvernement

Les auteurs du rapport, préparé par le Groupe de travail, estiment que la tarification du carbone demeure « l’un des outils les plus efficaces » auquel les gouvernements ont accès.

N’empêche, les scénarios élaborés sont un rappel que le fédéral et les provinces devront faire beaucoup plus pour respecter les engagements internationaux du Canada.

Selon Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace, ce constat accentue la pression sur le fédéral qui devra approuver ou non des projets d’oléoducs au cours des prochaines semaines.

«Il faut utiliser l’ensemble de la boîte à outils pour réduire les émissions dans tous les secteurs et il faut aussi de la cohérence de la part du gouvernement […] et éviter d’ajouter des infrastructures qui pourraient augmenter les émissions, par exemple des projets de pipeline.» ― Patrick Bonin, Greenpeace

Les prévisions avancées ne tiennent toutefois pas compte de certaines mesures annoncées récemment, notamment la fermeture des centrales d'électricité au charbon d'ici 2030.

Impacts sur l’économie

Le groupe de travail reconnaît que prédire les impacts économiques de l’application d’une taxe sur le carbone est difficile. Mais selon les trois scénarios élaborés, la croissance économique serait toujours au rendez-vous, malgré un léger ralentissement.

Entre 2018 et 2030, cette perte de vitesse serait de 0,02 % 0,03 % ou 0,08 % selon les scénarios.

Par ailleurs, les auteurs du rapport soulignent que si des mesures additionnelles ne sont pas prises la tarification du carbone pourrait avoir un « impact disproportionné » pour le nord du Canada et les 284 communautés éloignées du pays.

Sans mesures d’appui, le prix du carbone pourrait par exemple avoir un impact sur les coûts de transport et de chauffage.

Le rapport souligne par ailleurs qu’il est important de tenir compte des bénéfices associés à la réduction des émissions. Le Canada pourrait ainsi éviter certaines dépenses liées au changement climatique et l’économie pourrait profiter à long terme de la transition vers une économie plus propre.

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